Le retour du vinyle dans les médiathèques : tour d’horizon des pratiques via la liste Discothécaires

  • Par administrateur
  • 10 janvier 2017
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(mise à jour : le 26/07/2017)

Depuis quelques années, la question du retour du vinyle en médiathèque fait très régulièrement l’objet d’échanges sur la liste Discothécaires. Ces messages étant souvent perdus et dispersés dans les profondeurs des archives de la liste, au risque d’une légère redondance, et d’un effet « pêle-mêle », nous avons fait le choix de les rassembler ici dans une démarche d’exhaustivité.

Steve Cadman – (CC BY-SA 2.0)

Le thème du retour du vinyle en médiathèque fera l’objet d’un atelier animé par Stanislas Chapel et Nicolas Clément, lors des prochaines RNBM à Nice, 13-14 mars 2017.

Voici le recueil de ces messages présenté en 6 parties, complété par une bibliographie et une revue de presse.

1. Appel à retour d’expérience «Fonds vinyles»

2. Bibliothèques possédant des vinyles dans leur fonds

3. Constitution d’un fonds de vinyles : les critères, les conditions de la mise en place de l’écoute ou du prêt, la médiation et la valorisation de cette nouvelle offre, l’accueil de ce nouveau service

4. La cote des vinyles

5. Exposer des vinyles

6. Le prêt des vinyles

7. La conservation des vinyles

8. Bibliographie, revue de presse


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1. Appel à retour d’expérience « Fonds vinyles »

Question de René Vander Poorte, Médiathèques intercommunales Luberon Monts de Vaucluse (30/04/2014)

Depuis janvier, nous avons mis en place un fonds de disques vinyles, constitué de 250 disques issus du fond dormant de la BDP de Vaucluse et d’une cinquantaine de nouveautés achetés via un disquaire local spécialisé vinyle. D’autres disques (fonds 80’s et neufs) viendront compléter le fonds durant l’année qui est également consacré à beaucoup d’actions autour du vinyle : expos, prêts de pochettes par les usagers, peintures sur vinyles, concours photos sleeveface, ateliers numérisation…
De même nous prêtons une platine Vestax portable pour les usagers qui n’auraient plus d’appareil de lecture.

Bref retour : 140 prêts en 3 mois, et la platine réservée en continue depuis janvier.

Nous sommes loin d’être les premiers à tenter cette opération, dont les buts sont à la fois de suivre une tendance avec un budget très abordable, de faire participer le public et donc créer du lien, de retrouver goût au vinyle et à l’esthétique des pochettes, de créer du buzz et d’avoir aussi établi un contact fort avec un petit disquaire multifonction (réparation de matériel) et hyper efficace.

Je pensais contacter (en 2013) les collègues qui avaient tenté cette expérience, puis le temps a filé et c’est à l’occasion d’une proposition d’écrire un article pour le nouveau BBF (dont le n°2 « nouvelle formule » sera consacré à la musique, sortie 21 juin ! deadline de mon papier le 15 mai) que je viens ici solliciter ceux qui ont mis en place ce genre de fonds afin d’avoir des retours d’expériences, et de synthétiser cela dans un paragraphe du papier que je rédige actuellement.

Alors : Cholet, Rennes, Lille, Val d’Oise, Roubaix, Villeurbanne, Lorient… et d’autres sans doute, j’attends vos retours si vous le souhaitez (merci)



Jean-Marc Boulange
, Nancy

A Nancy, nous avons mis en place en décembre 2013 un fonds d’environ 300 vinyls, mélange de rééditions et de nouveautés. Nous nous sommes fournis auprès d’un disquaire local (Punk Records) et du GAM. Lors de l’inauguration le dimanche 1er décembre, le DJ Etienne C a proposé une sélection parmi ce fonds, en s’accompagnant à la trompette.
Les vinyls sont présentés dans un bac « fait maison », et d’autres, qui peuvent également s’emprunter, sont exposés le long des murs de l’espace musique sur des présentoirs tout aussi « faits maison ». Deux platines Pro-Ject vert pomme ont été achetées, une pour la sonorisation de l’espace, une autre qui doit être mise à disposition du public pour une écoute au casque après amènagement d’un coin écoute. On tourne à environ 160 prêts par mois pour le début 2014, ce qui n’est évidemment pas énorme, mais fait vraiment des heureux. On va continuer à alimenter ce fonds, et diverses actions de sensibilisation à l’écoute et au son sont également prévues.


Question de Francis André, Responsable de la discothèque, Médiathèque Marguerite Yourcenar, Faches Thumesnil

La médiathèque de Faches Thumesnil envisagerait dans un futur (plus ou moins) proche d’introduire le disque vinyle dans ses collections. Des questions se posent bien sûr : dans quelles proportions constituer le fonds, privilégier les nouveautés ou les enregistrements plus anciens, quel budget, quels styles musicaux… ?
Pour ceux qui ont franchi le pas d’élargir leur offre avec le vinyl, quelles réponses pouvez-vous nous apporter et quels sont vos retours sur ce support dans vos locaux aujourd’hui?


Hervé Longuépée, Responsable des collections musicales, Médiathèque municipale, ROUBAIX

A la médiathèque de Roubaix, nous avons fait le choix de conserver notre collection de vinyles et d’en maintenir le prêt.
Cela restait marginal (moins de 200 prêt / an) jusque ces deux dernières années.: en 2013, nous avons effectué 400 prêt de vinyles, et sur les 6 premiers mois de 2014, nous avons dépassé les 600.
Cela reste peu au regard des prêts de disques compacts mais le public apprécie cette collection qui a 30 ans d’age ! En particulier les collections de jazz, musique du monde, et de variétés françaises…

Notre fonds compte un peu moins de 7 000 vinyles en prêt direct, auquel nous joignons depuis le mois de mai la collection de vinyles de la médiathèque d’Arras, riche d’environ 6 000 pièces. Ce don est en premier lieu trié pour éviter les doublons, puis un choix est effectué. Ceux que nous ne retenons pas sont rendus à Arras pour une vente au public.

Nous avons aussi récupéré nos vinyles de musique classique et contemporaine, prêtés au conservatoire de Roubaix et qui sont désormais disponibles à la médiathèque.
Enfin, nous avons également bénéficié du don des vinyles de la MDP du Nord il y a une dizaine d’années.

En fin d’année, nous allons sans doute acheter quelques nouveautés en vinyles afin de tester la réaction du public envers une offre plus « récente ».

Le problème de présentation de cette collection se pose désormais de manière cruciale car le public étant demandeur, il ne se satisfait plus de nos bacs à vinyles – sur roulettes – (made in Mairie de Roubaix) qu’il faut tirer de sous les bacs à CD pour faire son choix.
Nous n’avons qu’un bac spécial vinyles en hauteur (comme un bac à albums de bandes dessinées), rescapé du catalogue Borgeaud, qui est utilisé pour présenter au public les disques provenant de la collection d’Arras.
Il ne reste plus qu’à espérer qu’avec le regain d’intérêt pour ce format les constructeurs de meubles proposent à nouveau des bacs adaptés.


Hervé Duret, Responsable de la Discothèque, Bibliothèque d’Etude et d’Information, Cergy-Pontoise

Ci-dessous laïus sur notre service de prêt de vinyls :

Budget annuel : 1000€ pour l’acquisition de vinyles. Prix moyen du vinyle = 25€
Nous avons commencé par acquérir exclusivement des 33 tours en musique électronique mais l’engouement du public pour ce « nouveau » support nous a conduits à acquérir des 33 tours en rock (les grands classiques Jimi Hendrix, Depeche Mode… et les nouveautés), musiques de films, jazz, reggae, afrobeat, hip-hop, r’n’b. Pour l’instant, nous avons 2 disques en musique contemporaine et 0 en chanson mais cela évoluera en fonction de l’offre de notre fournisseur.

Valorisation :
acquisition de 20 cadres 33 tours pour exposer ces vinyles souvent de manière thématiques (Printemps sonores ou nouveautés)
acquisition d’une platine encodeur permettant d’encoder ses propres 33 tours au format MP3

Le plus :

Lors de l’achat d’un 33 tours, on constate de plus en plus souvent la présence du CD et du code de téléchargement MP3 de l’oeuvre. Ainsi, l’usager ne possédant pas de platine vinyle peut quand même emprunter le document pour n’utiliser que le CD. Cela permet de faire une certaine économie en n’acquérant qu’un document pour 2 usages.



Stanislas Chapel
, discothécaire à Cherbourg-Octeville

à Cherbourg-Octeville la décision de constituer à nouveau un fonds de vinyles a été prise en constatant que nombre d’artistes locaux, souvent indépendants sur de petits labels ne sortaient plus que des versions vinyle ou vinyle+digital de leurs productions, voire k7. Nous ne pouvions purement et simplement les éclipser de nos collections pour cause de support.

Depuis nous avons constitué un fonds encore modeste (50-60 disques pour l’instant) mais qui sera représentatif d’une certaine création musicale contemporaine locale. Au niveau budget nous restons assez timides: environ 8-10% du budget « musiques actuelles ».

Le retour du vinyle étant un sujet d’actualité depuis plusieurs années, nous discutons aussi de l’opportunité d’acquérir des disques plus « classiques » et de nouveautés emblématiques de l’époque pour ne pas se couper du grand public (classiques du rock, de la soul, de l’electro…).

Ne pas oublier dans cette démarche de faire « re »vivre le support par le biais d’expositions, de rencontres-discussions et surtout par la présence de platines vinyle en libre service pour l’écoute. Certaine bibliothèques vont jusqu’à prêter des platines portatives (au détriment de la qualité sonore certainement mais pour initier le public au support).


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2. Bibliothèques possédant des vinyles dans leur fonds

Question de Perrine Toussaint (25/04/2016) :
Je suis étudiante en DUT Métiers du livre à l’IUT Nancy-Charlemagne. Je suis actuellement en stage à la Bibliothèque de Thionville et mon mémoire de stage porte sur le retour du vinyle en médiathèque. Afin d’approfondir le sujet, je souhaiterais contacter des bibliothèques qui possèdent des vinyles dans leur fonds. Il existe une liste sur discothecaire.fr mais je n’arrive pas à la trouver bien que je sois inscrite sur le site. Pourriez-vous, s’il vous plaît, m’indiquer le lien où figure la liste ?
Merci d’avance pour votre aide.


Sophie Allain, Responsable du département Musique et cinéma Réseau des médiathèques de Tours

Voici quelques médiathèques possédant des vinyles dans leur fonds :

  • Bibliothèque de Nancy
  • Médiathèque St Cyprien à Toulouse
  • Médiathèque François-Mitterrand à Clamart
  • Médiathèque Elie Chamard à Cholet
  • Médiathèque de Cavaillon (réseau intercommunal du Luberon/Monts de Vaucluse

Vous trouverez aussi un article intéressant de René Vander Poorte « Quand le (disque) vinyle fait son come-back dans les médiathèques » dans le BBF (Bulletin des bibliothèques de France), juin 2014.


Julie Wibal, Apprentie bibliothécaire musicale, Médiathèque Musicale Mahler

La Médiathèque Musicale Mahler à Paris possède près de 20 000 vinyles. Le fonds est constitué depuis longtemps et il est toujours consulté par les lecteurs. Ce fonds est spécialisé dans la musique classique.


Emmanuelle Bonnec, Bibliothèque Triangle, Rennes

Dans une des bibliothèques de la ville de Rennes, celle du Triangle, nous proposons quelques vinyles aux lecteurs. Il s’agit d’un fonds restreint concernant exclusivement la scène locale. L’objectif n’était pas tant de réintroduire ce support que de représenter le plus largement possible les productions de nos groupes locaux. En effet, certains groupe font le choix de ne sortir leur album que sous cette forme.


Geneviève Carentz, Responsable acquisitions ressources musicales, Médiathèque du Sablon, Bibliothèques-Médiathèques de Metz

Les Bibliothèques Médiathèques de Metz possèdent quelques 9500 33T, une centaine de 45T dans tous les genres.


Hervé Duret, Coordinateur Musique et éducation artistique, Bibliothèque d’Etude et d’Information, bibliothèques de l’agglomération de Cergy Pontoise

La Bibliothèque d’étude et d’information de Cergy-Pontoise acquiert des vinyles depuis 2012.


Agnès Rouveyrol, Discothécaire, Bibliothèque Départementale de Prêt du Vaucluse

La Bibliothèque Départementale de Prêt de Vaucluse possède environ 4500 vinyles. Elle en prête effectivement à la Médiathèque de Cavaillon mais également une partie de son fonds à une association de Jazz.


Didier Norgeot, Médiathèque de Châtenay-Malabry

Nous avons aussi réintroduit le vinyle l’année passée dans nos collections. Peu de prêts mais beaucoup d’intérêt de la part des usagers.


Mikael Prignot, médiathèque Françoise Sagan, Paris

La médiathèque Françoise Sagan à Paris 10eme possède également un fonds de vinyles. 200 références exclusivement en musique électronique.


Iris Mattrat, Responsable adjointe Service Audiovisuel – Multimédia / Responsable discothèque
Bibliothèque de Caen – Centre-ville

La Bibliothèque de Caen possède un fonds de conservation d’environ 7000 vinyles. De plus, nous faisons, depuis peu, des acquisitions vinyles pour le libre-accès (principalement scène locale).


Stanislas Chapel, discothécaire Cherbourg-en-Cotentin

A Cherbourg, après avoir hélas supprimé le fonds vinyle, il y a pas mal d’années, nous avons entrepris de reconstituer un fonds, au départ orienté sur les productions « locales » qui sont souvent uniquement sur ce support, ensuite sur des productions « vinyl only », et depuis peu, nous l’enrichissons par une offre plus diversifiée et généraliste pour représenter au mieux le retour de ce support.


Bruno Neveux, Médiathèque de Guebwiller

Ici à la médiathèque de Guebwiller, nous avons ouvert en 1997, sans vinyles. Depuis un mois, nous avons décidé d’en acquérir. Il s’agira d’un petit fonds, pour le moment entièrement dédié aux artistes venus d’Alsace. L’offre n’est pas foisonnante, mais il y a tout de même de quoi faire, avec un label situé à Mulhouse, et la plateforme musiques actuelles.net, qui suit de très près l’actualité musicale du Grand Est, et propose sur son site une boutique, où figurent des vinyles. Nous pourrons éventuellement élargir un peu la palette à l’avenir, mais je préfère, au niveau de la cohérence, et étant donné la présence d’un disquaire à Guebwiller, garder une orientation fonds « local ». Cela implique également la mise en place d’un lecteur vinyle dans l’espace public, pour proposer, en plus du prêt, une écoute sur place.

Médiathèque de Guebwiller – photo Bruno Neveux

Anne Urbay-Perroy, responsable Musique / Informatique SIGB, Pôle Lecture Publique, Médiathèque, Bayonne

La médiathèque de Bayonne possède un fonds de vinyles (5500 en réserve dans nos magasins). Ils peuvent toutefois être empruntés. Nous comptons en mettre quelques-uns en accès direct, à l’espace musique (projet année 2016).


Lilian Bourgeois, Discothèque Toussaint, Angers

Voici quelques chiffres concernant le fonds vinyles à la BM d’Angers :
Statistiques 2015 :
-nombre de vinyles au total : 8183 / nombre de vinyles en salle : 251
-nombre de prêts au total (salle + magasin) : 1116
-nombre de prêts en salle : 884; taux de rotation : 3,5.
-demande de vinyles en magasin avec les bulletins en 2015 : 117 (* 91 en 2014)


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3. Constitution d’un fonds de vinyles : les critères, les conditions de la mise en place de l’écoute ou du prêt, la médiation et la valorisation de cette nouvelle offre, l’accueil de ce nouveau service

Question de Françoise Rouge-Gaillard, Médiathèque La Turbine, Annecy (02/02/2017) :

Nous allons proposer, pour nos usagers, des vinyles à la médiathèque La Turbine et j’aurais aimé avoir vos retours d’expérience (pour ceux qui l’ont tenté!). Sur quels critères, avez-vous constitué votre fonds : complémentarité avec les CD ou pas, genres privilégiés, nombre de documents pour démarrer… Les avez-vous mis en prêt ou en écoute sur place ? Quelles sont les contraintes du prêt ? Avez-vous acheté une platine ? Comment gérez-vous l’écoute sur place ? Quelles sont les types d’animation que vous avez expérimentées et ont-elles fonctionnées ? Ce support a t-il trouvé son public et quel public ? Tous vos éléments m’aideront à démarrer ce nouveau fonds.


Claude-Marin Herbert, Service Musique, Bibliothèque Publique d’Information, Paris

En quelques mots, à la Bpi :

– Sur quels critères, avez-vous constitué votre fonds : complémentarité avec les CD ou pas, genres privilégiés, nombre de documents pour démarrer…,

Depuis 2014, des nouveautés « bankables » (daft punk, stromae, arcade fire), et des « classiques » pop rock jazz, un peu de world et de contemporain. Pas de complémentarité pour l’instant, nous doublonnons avec les cds. Une centaine de documents pour démarrer, deux cent aujourd’hui. Jusqu’où ? Cela reste à définir, cela dépend de l’offre, et de sa qualité documentaire ,sur les autres supports, en ligne ou cd.

– Les avez-vous mis en prêt ou en écoute sur place ? Quelles sont les contraintes du prêt ? Avez-vous acheté une platine ? Comment gérez-vous l’écoute sur place ?

Bpi oblige, écoute sur place seulement. Deux platines suffisent amplement pour l’instant.

– Quelles sont les types d’animation que vous avez expérimentées et ont-elles fonctionnées ?

Des rencontres régulières sur un album culte, un mouvement musical. Peu de monde, mais des gens très motivés à chaque fois. Comme toujours, difficile d’échapper au « truc d’initiés ». La musique, les musiques, leurs histoires etc.; une fois que tout le monde a chargé son iPatch, ça ne passionne justement pas tout le monde en fait.
Un changement de formule (vers des formats plus lourds, avec intervenants artistes ou conférencier ; ou plus légers, à définir) est à l’étude.

– Ce support a t-il trouvé son public et quel public ?

Voir réponse précédente : la platine est minoritairement mais régulièrement utilisée.
(Je suis présentement de permanence en service public, et un utilisateur – d’une vingtaine d’années – vient de me rendre l’album – du même âge à peu près – « The Score » des Fugees. Très content, et désireux d’écouter d’autres références pendant qu’il bosse ses cours à la Bpi. Voilà, ce qui est rare est cher, dit-on ; mais ce n’est pas si rare, et ce n’est pas si cher!)

En complément de cette réponse, nous avons essayé de présenter cette offre nouvelle à la Bpi dans l’article ci-joint : http://www.bpi.fr/collections/la-collection-de-vinyles-de-la-bpi


Stanislas Chapel, Discothécaire, BM Jacques Prévert, Cherbourg-en-Cotentin

A la bibliothèque de Cherbourg nous avons relancé un fonds vinyle il y a quelque temps, tout d’abord en suivant l’actualité des artistes et labels locaux qui pour certains ne produisent que des disques vinyles (et de plus en plus rarement des cd’s). Puis il a été décidé vu les demandes répétées du public de proposer une offre plus large. Le fonds actuel de 200 vinyles va être enrichi cette année de quelques 300 titres.

Cela restera une « niche » comparé aux 27000 cd’s, mais c’est un plus pour la médiation autour de la musique que cela soit à travers l’artwork des pochettes ou l’étude du son (différence entre technologie analogique et numérique…). De plus, un public jeune, peu ou pas attaché au cd semble s’intéresser à la musique à travers le support vinyle.

La majeure partie de la collection est dédiées aux musiques rock, electro, urbaines…, mais nous proposons également des musiques de films, de la musique expérimentale et/ou contemporaine (cf: les productions de l’excellent label Souffle Continu), de la chanson et du rock francophone, un peu de blues. Seul le domaine de la musique classique et du jazz est encore peu défriché faute d’offre pour ce qui concerne le classique.

Sur place nous diffusons des vinyles dans l’espace (au même titre que des cd’s), une platine est également en libre service pour le public (écoute au casque). Nous avons privilégié une platine de qualité et robuste pour favoriser une immersion réussie 😉

Voici un lien vers les disques au catalogue:
https://bibliotheque.cherbourg-octeville.fr/cgi-bin/koha/opac-search.pl?&limit=mc-itype%2Cphr%3AMQV&offset=0&sort_by=popularity_dsc


Sophie Cornière, responsable de la Médiathèque Saint-Sever, Rouen nouvelles bibliothèques

Le Pitch :
Il y a 15 ans ce qui était une malchance a fini par devenir aujourd’hui une chance : la bibliothèque Saint-Sever a conservé son fonds vinyles des années 70, celui-ci dormait dans des réserves, jusqu’à la menace d’une expulsion. Cette menace a accéléré un processus de maturation en cours sur le devenir de ce fonds qui avait déjà échappé une première fois à la benne. Sachant aussi que 10 ans après son retrait des fonds disponibles de la bibliothèque, des usagers nous demandaient toujours régulièrement ce que nous en avions fait de nos vinyles.
Nous avons donc retroussé nos manches, rapatrié 4500 vinyles, avec pour projet un inventaire et une évaluation de ce fonds :
– état : par chance nous avons toujours les fiches de prêt et de santé des documents qui sont des aides à l’évaluation (par exemple au-delà de 100 prêts on peut avoir des doutes sur l’état du vinyle).
– Evaluation du document : nous comptons utiliser des sites comme discogs et des ressources locales : nous comptons parmi nos usagers un amateur de Jazz qui s’est déjà proposé pour nous aider à évaluer la partie jazz, nous envisageons aussi des partenariats avec notamment le conservatoire qui a la même problématique que nous.
Parce que bien sur tout cela se fait à effectif constant en plus du travail quotidien inhérent à notre profession.

Sur quels critères, avez-vous constitué votre fonds : complémentarité avec les CD ou pas, genres privilégiés, nombre de documents pour démarrer…
Le projet n’est pas poldocfriendly 😉
– Le fonds ayant été constitué selon les critères d’acquisitions de l’époque (beaucoup, beaucoup de classique).

La complémentarité avec le fonds CD ?
Non, ou alors par hasard, car le fonds vinyle reste anecdotique. Et l’usage, et le public pourraient être différents (tous nos usagers n’ont pas de platine vinyle). Par contre, nous avons recommencé à acheter des vinyles pour compléter et actualiser, mais à la marge, et proportionnelle à la taille de ce fonds. Comme à Cherbourg, ce fonds pour une partie aide à la valorisation de la production locale et régionale.
– Le nombre de documents disponible est établi en fonction… du mobilier, soit : un bac ! Par contre nous avons prévu d’y faire tourner le fonds en sélectionnant régulièrement une centaine de titres ponctionnés sur les 4500 existants.

Les avez-vous mis en prêt ou en écoute sur place ? Quelles sont les contraintes du prêt ? Avez-vous acheté une platine ? Comment gérez-vous l’écoute sur place ?
L’objectif à terme est de remettre les vinyles en prêt, nous ne nous fixons aucune contrainte pour le prêt (nous n’allons pas ressortir le microscope, ni nous remettre au « chiffonnage » 😉

– Dans le cadre du projet BNR (bibliothèque numérique de référence) nous avons acheté une platine vinyle pour écoute sur place, mais aussi éventuellement pour la numérisation. Cette platine sera à disposition dans une salle attenante à l’espace musique. En effet, nous avons aussi un projet de « fablab » qui permettra, entre autres, aux usagers de numériser leurs propres vinyles (même si nous savons qu’il y a un problème avec la législation).

Quelles sont les types d’animations que vous avez expérimentées et ont-elles fonctionnées ?
Nous avons organisé des animations « sleeveface », acheté des cadres spéciaux afin d’exposer ces vinyles, nous les changeons régulièrement sur des thématiques diverses comme : « les acteurs qui chantent », « les chemises à fleurs », … (mes collègues débordent d’imagination sur ces thématiques).

A terme : nous prévoyons des ateliers autour du vinyle : fabrication de vide-poches, de numérisation, peut-être de comité d’écoute en mode « participatif » (géré par les usagers). …
A la suite de l’évaluation de ce fonds nous envisageons une vente spéciale de ce que nous ne garderons pas, en profitant d’une convention annuelle qui se déroule à Rouen en décembre, ou à l’occasion du Disquaire Day ou de la Fête de la Musique, …

Ce support a t-il trouvé son public et quel public ?
Nous ne le savons pas encore 🙂 Mais je pars du principe que le public des bibliothèques ne forme pas un seul et unique public, nos publics sont constitués de niches, niches que les médiathèques agglomèrent. Ce fonds touchera un public de niche de plus. Il ne s’agit pas d’y placer des enjeux essentiels à la survie de la bibliothèque, mais simplement d’avoir une offre supplémentaire qui s’ajoute à une offre déjà conséquente en musique, en imprimés, en ressources numériques, … et de lui laisser le temps (au fonds et au public 😉


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4. La cote des vinyles

Question de Sylvie Prothet-Demoux, Secteur musique, Bibliothèque départementale de Saône-et-Loire (25/08/2013)

Un petit appel estival aux collègues fins connaisseurs et inconditionnels du vinyl pour répondre à une demande d’emprunteur à la recherche d’infos fiables sur la cote des microsillons. Merci par avance aux érudits de la noire galette… (que j’ai consciencieusement vérifiée et « chamoisée » dans un autre temps !)


Alexandre Boissy, MP68

https://www.discogs.com/

Les cotes sont à estimer suivant les différents tarifs/vendeurs du sites, mais super database.


Stanislas Chapel, bm Cherbourg

Pour répondre simplement : à fortiori depuis que la majeure partie des ventes de vinyles se fait en ligne (à partir des années 00’s), la règle qui prime est celle de l’offre et de la demande, « c’est le marché qui fait le prix ». Il y a un an ou deux, des obscurs groupes de synth-wave analogique ont ainsi vu leur cote flamber, des disques couramment vus auparavant entre 10-20 € atteignant des sommes frisant les 200€. Les cotes fluctuent énormément, de plus en plus avec l’internet.

Quelques éléments restent par contre immuables:
1/ la valeur en fonction de l’état esthétique et physique de la galette et de la pochette voir le principe de gradation de Goldmine (qui fait office de référence, celui de Discogs en est une version simplifiée):
http://www.goldminemag.com/collector-resources/record-grading-101
2/ la rareté réelle du disque (pressage limité, mispress, avec inserts, versions dédicacées, pressage alternatif…).

Quelques sources parmi une myriade de sites pour se faire une idée du prix d’un disque et trouver des informations:
la section Discogs Marketplace (avec son option « sales history ») de la discographie participative Discogs: http://www.discogs.com

des sites de fondus de disques qui permettent d’évaluer la rareté de ses disques: http://www.popsike.com/, http://www.vinylrecords.ch/Vinyl/vinyl_prices.html

les sites de vente de disques, collectors…:
GEMM: http://www.gemm.com/
Musicstack: http://www.musicstack.com/
CD and LP: http://www.cdandlp.com/

Les sites de vente sous la forme d’enchères ou d’annonces bien connus sont aussi une ressources mais ils n’apportent pas vraiment d’informations pertinentes sur la valeur d’un disque.

Par le passé des revues (toujours bien vivantes) comme Record Collector, Goldmine Magazine pouvaient suffire à connaître le marché aujourd’hui c’est plus difficile. En France JukeBox Magazine (plus porté sur les productions francophones) peut aussi donner des réponses suivant le répertoire des disques à évaluer.

Dans les années 70, 80 et 90 de véritables « bibles » donnaient une cote aux disques parfois par genres aujourd’hui l’un des derniers survivants est celui-ci: http://www.rarerecordpriceguide.com/buy-the-book

Reste des marchés un peu oubliés ou en marge qui ont aussi leurs amateurs de vinyles que sont le classique, l’enfantina, les disques lus… Chaque genre a ses propres codes et cotes.

Un des domaines les plus difficiles à estimer reste les 78 tours, voici une piste : http://www.78tours.com/vendre_ses_disques_78_tours.htm


Xavier Hache, ex-discothècaire du 92 et du 93 devenu mercenaire du disque chez Crocodisc.

Voilà belle lurette (c’est quoi des lurettes au fait?) que je n’étais point intervenu sur cette liste. Alors, une fois de plus je viens mettre mon grain de sel et/ou de piment pour éventuellement contribuer aux recherches (et puis accessoirement, me faire un peu de pub…. 😉 )

Ainsi donc, pour les cotes des disques vinyles, il existe plusieurs « manuels » de référence mais il faut savoir que de toutes façons, une cote évolue, elle est sujette à l’appréciation de chacun (donc très subjective) et peut faire l’objet de différence notable d’un marché à l’autre (sur internet, des disques peuvent atteindre des sommes phénoménales alors qu’on va trouver le même disque pour un dixième de son prix en boutique… et inversement).

Toujours est-il que le magazine Jukebox édite un recueil de cotes concernant les pressages français de disques 33 et 45 tours, francophones et internationaux. Généralement, ça ne dépasse pas la fin des années 70.
Il existe aussi l’American Record Collector (pour les pressages américains) et le Record Collectables (pour les pressage anglais). Ils sont disponibles en boutiques spécialisées ou vraisemblablement sur le net.

Par ailleurs, mais à manier avec précaution, les sites internet Discogs, Cdandlp ou Popsike permettent de se faire une idée des prix auxquels les disques sont proposés à la vente par correspondance. La plupart de ces prix sont assez fantasques quand il s’agit de pièces rares…

Finalement, je dirais que les cotes, comme pour la plupart des collections, ne concerne que les collectionneurs. En effet, une cote n’est finalement qu’un moyenne des prix que l’on peut observer par expérience, sur la longueur, auprès des différents marchands. Le bon prix d’un disque reste, selon moi, celui que l’on est prêt à mettre pour l’acquérir ou celui auquel on arrive à le vendre ..

Maintenant, si vous désirez plus d’informations sur le marché du disque vinyle, n’hésitez pas à venir me voir en boutique!


Christophe Daniel, Médiathèque départementale de prêt de Haute-Saône

Bonjour Sylvie, je ne suis pas expert en vinyle mais quand je veux connaitre le prix de ce que je chine, je vais sur le site Discogs :
http://www.discogs.com/
C’est une base de donnée assez complète. Le site d’Amazon peut aussi servir de bon indicateur.
On peut aussi utiliser le site cdandlp mais je trouve que les prix sont surévalués : http://www.cdandlp.com


Michaël Avignon, BM de Pierrelaye (95)

Il existe un site web, POPSIKE http://www.popsike.com/ , qui recense un grand nombre de références. Il expose les prix auxquels ces disques se sont vendus et permet d’avoir un ordre d’idée de leur valeur marchande, selon leur état, leur rareté. Fiables ou pas, les tarifs exposés sont ceux auxquels des afficionados les ont payés !


Raphaël Vivet, Responsable du Médiabus, Médiathèque B. Vian, Tremblay-en-France

Ah ces chères galettes… que de temps passé à les chercher, les nettoyer et les écouter! Pour répondre à votre question, les côtes peuvent être assez fluctuantes, mais pour se faire une idée, vous pouvez aller sur des sites marchands comme cdandlp, groovecollector ou discogs, qui est sans doute encore plus exhaustif. Le prix dépend beaucoup de l’état général : si le disque n’est pas audible, il ne vaudra rien même s’il est très rare et très recherché, de même si la pochette est manquante, son prix sera bien moindre.
Sur les sites marchands (comme sur ebay), il pourra trouver un lexique des abréviations utilisées sur le marché, par exemple M pour Mint (qui correspond à un disque en parfait état, quasi neuf), VG+, VG-, G, etc…
Il existe par ailleurs des livres de cotes remis à jour d’années en années, par exemple sur le blues, le rock psyché ou le rock 50’s.
Mais attention, il s’agit d’un marché qui répond à la loi de l’offre et de la demande, donc un disque qui ne valait rien une année peut être d’un coup très demandé l’année suivante et voir ses prix s’envoler.


Alexandre Jury, Bibliothécaire – Patrimoine écrit, Bibliothèque d’Etude et du Patrimoine, Toulouse

Vaste question que la cotation des vinyles en effet ! Comme dans bien des domaines, difficile d’établir une cote fixe et définitive, qui dépend souvent de l’offre et (surtout) de la demande. Et, un peu comme pour le livre ancien, la valeur d’un disque dépend de nombreux paramètres : état du disque, de la pochette, éventuellement des particularités d’exemplaire (dédicaces…), matériels d’accompagnement (je pense notamment aux posters, cartes postales, autocollants, emballages façon « sac poubelle » qui agrémentaient autrefois les albums des Pink Floyd) …

Votre emprunteur trouverait sans doute des informations dans la revue JukeBox Magazine, qui édite depuis près de 25 ans des argus du disque, certes incomplets (de mémoire, les disques post 1970 ne sont pas référencés) mais relativement fiables et considérés comme une bible par les collectionneurs, disquaires et maisons de disques. Daniel Lesueur a également édité des argus thématiques (Johnny Hallyday, Dalida). Par exemple, taper « Daniel Lesueur Hallyday » sur Google…

Sur le net, il y a, entre autres, le site http://www.cdandlp.com . On n’y trouve pas d’argus à proprement parler, mais la quantité de disques en vente fait qu’il est possible de déterminer un prix pour un titre précis en croisant les critères de la rareté, l’état du disque et de la pochette… Evidemment, c’est fastidieux lorsqu’il faut évaluer une collection de plusieurs centaines, voir plusieurs milliers de galettes noires ! Un outil de recherche dans Ebay permet également, pour un titre, d’afficher les ventes terminées (et non les ventes en cours s’affichant par défaut), et connaître ainsi les prix de vente effectifs de certains titres… Cela marche moins bien lorsqu’il s’agit de titres vraiment rares…
Voilà, ce ne sont évidemment que quelques pistes et je ne doute pas que certains collègues compléteront ces modestes suggestions…


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5. Exposer des vinyles

Question d’Adriane Perignat – Médiathèque Départementale de la Loire (02/11/2016)

Nous organisons un trimestre d’action culturelle autour de la musique d’avril à juin 2017.
J’aimerais organiser des actions autour du vinyle et pourquoi pas une exposition sur cette thématique.
Connaissez-vous des structures ou associations qui pourraient être ressource sur ce support, plus particulièrement en région Rhône-Alpes Auvergne ?


Arnaud Osowski, Espace Image et Son, Médiathèque de Viry Chatillon

L’association wake up (dont je fais partie) créée en 96, basée en région parisienne (91) s’est spécialisée dans la culture DJ. Fort de son expérience en tant que collectif de DJ, l’association a mis en place une exposition de 19 panneaux sur la culture DJ. Cette exposition explore les genre musicaux suivant: Le sound system Jamaicain, Le Hip hop et les premiers DJ New-yorkais mais aussi la Disco, la House et la techno.
Cette exposition de 19 panneaux est disponible avec :
Des DJs pour présentation et showcases
Un concours sous forme de questionnaire (les réponses sont dans les panneaux exposés)
Des photos sous cadre et une possibilité d’exposer des pochettes de vinyle singulier et représentatif.
http://wakeupsound.com/roots-culture/article/expo-anim-dj-last-night-a-dj-save


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6. Le prêt de vinyles

Question d’Eva Garcia (26/10/2016)
Nous sommes six bibliothécaires stagiaires à l’ENSSIB, et nous menons un projet pour la Bibliothèque municipale de Lyon : il s’agit d’étudier la pertinence et la faisabilité d’un service de prêt de vinyles. Nous serions très intéressés par vos retours d’expérience, positifs ou négatifs (passés ou actuels), sur ce service.


Bruno Neveux, Médiathèque de Guebwiller

Depuis cette année, nous avons décidé d’acquérir des disques vinyles à la médiathèque de Guebwiller, en Alsace.
L’idée est de refléter le fonds local, en passant :
-par un éditeur mulhousien : Mediapop records
-par une plateforme « grande région », musiques actuelles.net qui recense toutes les sorties d’albums, eps ou vidéos d’artistes de Lorraine – Alsace – Champagne/Ardennes.
Lorsque qu’un groupe de Guebwiller sort un vinyle, bien évidemment, nous l’acquérons.
Le fonds est uniquement basé sur les musiques actuelles : pop, folk, rock, électro…
A ce jour, la collection est embryonnaire : une dizaine de disques pour l’instant.
Nous avons 2-3 fondus qui ont tout emprunté pour le moment, les disques restent en parfait état.
J’ai décidé de ne pas mettre de cote sur les disques, juste deux-trois mots permettant de les identifier (pièce jointe « exemple vinyle »). L’origine géographique est chaque fois précisée également.
Pour le moment, il n’y a pas d’écoute de vinyles sur place. Cela peut être prévu, mais la question des platines vinyles se pose : les bras sont fragiles, je ne parle même pas des diamants…
Pour résumer, les vinyles sont empruntables, et nous réfléchissons à une manière de les mettre en valeur un peu plus.
Ils se trouvent en ce moment à l’entrée de l’espace adultes, donc forcément visibles (pièce jointe « coin des vinyles »)
L’aboutissement de la démarche serait de faire venir un de ces groupes à la médiathèque, mais c’est une autre histoire…
L’idée de DJs venant mixer sur vinyles ou autres n’est également pas bien loin, et plus facilement réalisable.


Antoine Malbrant, Médiathèque Musicale de Paris

Nous avons également créé un petit fonds de vinyles empruntables à la Médiathèque musicale de Paris.
Il compte actuellement 400 références.
L’objectif est de s’intéresser aux labels qui ont fait de choix d’ignorer le support CD pour se tourner vers le vinyle.
Comme cela concerne de petits labels indépendants, plutôt confidentiels, et couvrant souvent des genres assez « pointus », nous avons fait le choix de développer la PCDM4 sur nos cotes, de manière à donner une indication sur le contenu des disques, et susciter la curiosité de nos lecteurs. Le classement se fait donc par genres. Nous avons également affiché les intitulés de la PCDM pour le public.
De fait, les genres les plus couverts sont le rock, les musiques électroniques pour les nouveautés. Les politiques de réédition de nombreux labels qui se consacrent aux musiques de film, aux musiques du monde, ou aux musiques expérimentales nous intéressent aussi, de manière complémentaire aux collections de nos Archives sonores.
Les acquisitions sont faites par l’un de nos fournisseurs qui démarche directement les labels, les références n’apparaissant pas, ou peu, à leurs catalogues. Nous ne recevons pas les notices bibliographiques.


Roseline Drapeau, Centre de Ressources de l’Ircam

A la médiathèque de l’Ircam (ressources.ircam.fr), nous avons ouvert un fonds vinyle, officieusement en juin 2016, officiellement depuis septembre 2016.
Nous n’avons pas fait d’achat : la collection, que nous proposons, provient d’un vieux fonds de musique contemporaine, parfois inventoriés et cotés, mais dont nous n’avons plus souvenir de les avoir proposés un jour en prêt.
Le choix de la collection cataloguée et mise en médiathèque : nous avons privilégié les vinyles qui n’ont pas été réédités en CD. Donc, des enregistrements théoriquement difficiles à trouver.
Les vinyles peuvent être empruntés et/ou écoutés sur place, grâce à une station d’écoute – platine avec un bras automatique et casque.
Pour l’instant, c’est un service qui fonctionne mal, malgré la communication faite autour de celui-ci, et les fans de ce support parmi nos lecteurs.
L’une des raisons de ce lent démarrage est sans doute la place physique de cette collection dans la médiathèque : elle est un peu cachée, en retrait, peu visible. Par exemple, elle n’est pas mise à côté de la collection de CD…
Une autre raison, c’est peut-être la multiplication des supports audios : nous proposons CD, archives sonores numériques et vinyles. Le réflexe des lecteurs qui recherchent un enregistrement, c’est d’abord les CD, puis les archives sonores numériques.
Enfin, comme dernière raison, j’avancerais que c’est une collection qui aurait besoin d’être présentée aux lecteurs. Ils n’ont pas conscience de sa valeur ajoutée. Il y aurait besoin d’accompagner/de faire (re)découvrir cette collection par la mise en place d’une médiation culturelle (écoutes communes, « café d’écoute » ou autre action culturelle…), surtout pour les publics qui n’ont pas connu le vinyle dans leur enfance.
Bien sûr, ce ne sont que des pistes de réflexions, pour une expérience encore toute récente…


Didier Norgeot, Médiathèque de Châtenay-Malabry (92)

A Châtenay, nous avons proposé un fonds de vinyles à la rentrée 2015, accompagné d’une expo de pochettes en fin d’année. Comme ailleurs, peu de succès en terme de nombre de prêts. Par contre, ce nouveau secteur (à proximité du fonds CD) a déclenché de très nombreux commentaires. Nous avons une platine en libre accès (voir photo jointe), marque Ion à moins de
150 euros mais qui propose une prise casque. Elle est utilisée fréquemment, souvent par des pères qui expliquent à leur progéniture qu’on peut écouter de la musique à partir de ces drôles de frisbees.

On vérifie l’état de propreté des galettes au retour, mais on n’a pas repris les vérifications des pointes. J’ai connu cela il fût un temps, avec microscope et eau déminéralisée, et ce fût une vraie libération de passer au CD au moins sur ce point. Notre fonds comprend une centaine de documents, les ¾ en non-classique neufs, le dernier quart (coffrets d’opéras) issu du fonds d’origine.


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7. La conservation des vinyles

Question de Camille Hurtado :
Actuellement stagiaire à la cinémathèque de Grenoble, je suis en train d’inventorier un fonds de vinyle et j’aimerais savoir comment bien les conserver.
De quelle façon protégez vous vos vinyles et comment procédez vous pour leur nettoyage ? Par quelle entreprise passez vous, pour acheter le matériel en lien avec le conditionnement des vinyles (pochettes extérieures, brosse., antivols..) ? Je vous remercie par avance pour vos réponses.


Guióm Virantin, Réseau des Bibliothèques municipales de Tours
Les collections de Grenoble doivent être formidables ; vous vous apprêtez à passer de bons moments avec tous ces supports analogiques (si vous n’êtes pas allergique à la poussière).
Dans l’absolu, comme pour tout support fragile, le vinyle requiert une atmosphère de stockage régulée pour ce qui est de la température et de l’hygrométrie (un vinyle c’est aussi une voire des pochettes). Sans nécessairement aller aussi loin, voici selon moi les indispensables de la conservation du vinyle :
– rangement à la verticale, sans serrage excessif ;
– pochettes en PVC à proscrire absolument ; le top : la pochette en polyéthylène ;
– pochettes intérieures à changer si les documents sont poussiéreux : en effet, ranger un disque nettoyé dans une pochette toujours chargée de poussière ruine votre travail d’entretien. Mes préférées sont celles en papier doublées papier cristal : elles laissent apparaître l’étiquette du disque et l’ouverture dans la pochette papier risque moins d’accrocher le gatefold lors du rangement. Si vous avez des 78 tours, remplacez par un modèle les pochettes d’origine type kraft qui sont abrasives et peuvent à terme abîmer le disque ; vous pouvez compléter par un rangement en boîtes d’archives ;
– entretien : une brosse en fils de soie permet d’ôter le gros des poussières et surtout l’électricité statique : à passer lorsque le disque est en train de tourner sur le phono – pour un nettoyage plus important : de l’eau déminéralisée avec un toooout p’tit peu de liquide vaisselle (quelques gouttes dans une bassine d’eau), à passer avec une de ces éponges très plates et carrées. Rinçage et séchage avec une chamoisine – décrassage fort : avec de la colle à bois d’intérieur (type PVA) allongée d’un peu d’eau puis appliquée sur les sillons pendant rotation du disque et lissée avec une carte type CB. Patienter 24 heures puis retirer cette galette qui aura épousé la forme du sillon et capté les moisissures et poussières. Cette astuce de décrassage est à proscrire sur les 78 tours qui sont en acétate.
– enfin, l’usure d’un disque est avant tout causée par l’écoute répétée avec un saphir usé. Si vous êtes dans une optique de conservation sans prêt, surveillez vos saphirs. Si vous avez comme optique de les prêter, je pense que le temps du microscope étant révolu il faut admettre un risque que le saphir du lecteur peut être usé… et éventuellement mettre à l’abri, inaccessibles au prêt, les documents particulièrement rares.

L’entreprise PG Plastique propose des pochettes de tous types pour la conservation de disques.


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8. Bibliographie, revue de presse

9 commentaire(s) sur “Le retour du vinyle dans les médiathèques : tour d’horizon des pratiques via la liste Discothécaires

  1. Bonjour.
    Amateur et collectionneur (vinyle entre autre) depuis 1983, et bibliothécaire, je suis aussi formateur à l’occasion*. Je viens de réaliser de manière très humble une émission web consacrée aux vinyles, en français, à l’adresse :
    https://www.youtube.com/watch?v=kHCmeag6DT8
    Je la dirige en priorité aux collègues, mais pense que cela peut intéresser bien d’autres publics..
    Je pense, dans ce sens, travailler sur une formation consacrée aux vinyles, qui pourrait me permettre de partager ma passion, et mon expérience, de manière professionnelle.
    Nb : J’ai aussi été éditeur avec une micro structure dans les années 90, et musicien. A suivre donc…mais je suis ravi de voir ce regain d’intérêt sur ce support au sein de la profession.

    Cordialement,

    (*) Sur le thème de la Bande dessinée et des comics, pour le coup, …une autre passion.

    1. Bonjour Franck,

      Moi-même collectionneur de vinyls.Il m’arrive aussi de revendre,pour étoffer ma collection.J’ai subi un cambriolage sur des CD rares années 90.Auriez-vous des échanges à réaliser ?
      Je privilégie Prince,DEAD Can Dance et divers.

      Cordialement

      Olivier