Bilan de l’expérimentation autour de la borne Automazic à Gradignan.

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  • 31 mars 2011
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Bilan de notre expérimentation autour de la borne Automazic à Gradignan et autour du partenariat avec « CD1D » (Fédération de labels indépendants) par Sylvette PEIGNON, Responsable Musique de la Médiathèque de Gradignan

1. La borne Automazic

2. Nos motivations

3. Le partenariat avec CD1D et l’offre de musique sous SACEM

4. Les conditions du marché public

5. Le contrat nous liant avec la SACEM

6. Poursuite de l’expérience

La médiathèque de Gradignan expérimente depuis quelques années différentes actions autour de la musique numérique dans le cadre d’écoute et de téléchargement.

Nos différentes démarches répondent toujours à une volonté clairement affichée à la médiathèque de Gradignan de mener des actions de valorisation et de défense de la diversité musicale et culturelle. Notre slogan répété sur bon nombre de nos supports de communication le proclame d’ailleurs clairement : « Soutenir la création indépendante c’est préserver la diversité culturelle »

1. La borne Automazic :

Depuis notre ouverture en décembre 2006 nous avons beaucoup travaillé autour de la musique libre en menant un partenariat avec l’association « Musique libre/Dogmazic » et « Pragmazic ». La médiathèque de Gradignan a accueilli le premier prototype de la borne « Automazic » en novembre 2007.

(pour plus d’informations : http://automazic.pragmazic.fr/tag/gradignan/)

La borne « Automazic » est une borne interactive permettant d’écouter et de télécharger de la musique libre. Le téléchargement est en effet dans ce cadre précis tout à fait légal car le catalogue musical proposé sur la borne est constitué de titres originaux diffusés sous licences de libre diffusion.

(http://fr.wikipedia.org/wiki/Musique_libre).

Depuis le début de nos expérimentations nous avons volontairement toujours opté pour de l’écoute et du téléchargement. Le téléchargement associé à de l’écoute est à notre sens un médiateur indispensable de découverte. Il représente à nos yeux une plus-value et nous pensons également que le téléchargement est un moyen spécifique de découverte et d’appropriation de la musique. Télécharger n’est pas l’unique moyen et la seule solution de médiation autour de la musique mais c’est en tout cas à Gradignan notre axe de travail. Il est impossible de travailler sur toutes les pistes d’expérimentation en bibliothèques, nous avons choisi cette voie.

2. Nos motivations

Lorsque nous avons acquis la borne « Automazic » nos objectifs initiaux étaient en premier lieu de pouvoir représenter tout un courant musical passé sous silence, quasi-absents des radios, des majors ou des disquaires. Nous souhaitions donc témoigner de l’activité musicale de multiples artistes et rendre visible tout un pan musical présent sur internet et peu présent sur le secteur marchand.

Un de nos objectif était également de pouvoir accompagner l’utilisation de la borne « Automazic » dans nos locaux d’une information sur les droits d’auteur, le téléchargement, les licences de libre diffusion…. Nous avons donc mené différentes démarches en ce sens et nous continuons toujours ce travail de mise en avant de la musique libre et d’explication autour de la légalité. Nous éditons par exemple très régulièrement des playlists thématiques. Ces listes sont présentes sur la borne mais peuvent également être gravées sur un support physique que nous prêtons pour nos usagers attachés à l’objet CD. Depuis 6 mois nous enregistrons également nos sélections sur des lecteurs MP3 que nous prêtons à nos usagers.

En dernier lieu il nous paraissait indispensable, au vu des nouvelles pratiques d’écoute et de consommation de la musique des français, d’expérimenter autour de la musique numérique et de proposer à nos usagers une offre complémentaire à l’offre de disques physiques et d’enrichir ainsi notre catalogue.

Cette expérimentation autour de la musique libre est aujourd’hui un succès pour la médiathèque. La borne « Automazic » est une partie intégrante de nos fonds musicaux et a totalement été adoptée par nos usagers.

Pour conclure on peut dire que l’acquisition de la Borne « Automazic » à Gradignan a été un grand succès et que cette « expérimentation » a permis de faire connaître la musique libre à nos usagers et à nos collègues bibliothécaires musicaux ou non. 33 bornes ont en effet été acquises en France à ce jour et plusieurs collègues mènent également des actions autour de celle-ci aux quatre coins de la France. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Automazic)

3. Le partenariat avec CD1D et l’offre de musique sous SACEM

Depuis deux ans nous proposons à nos usagers via la borne « Automazic » une offre musicale liée à des artistes et labels relevant de la SACEM.

La borne « Automazic » est dédiée à la musique sous licence libre mais en parallèle nous souhaitions proposer en écoute et en téléchargement une offre liée au travail des labels indépendants relavant de la SACEM.

Nous avons donc lancé un marché public pour l’acquisition de fichiers numériques musicaux

En 2008. CD1D (http://cd1d.com/) a répondu à ce marché public et nous avons donc monté un partenariat entre Pragmazic, CD1D et la médiathèque de Gradignan.

CD1D est une fédération qui mené un travail de défense et de mise en avant des labels indépendants tout à fait remarquable. Leur objectif est de valoriser la diversité musicale et les labels indépendants afin de contribuer à faire exister un marché musical indépendant pour ne pas laisser le marché du disque aux seuls mains des majors. La démarche de CD1D rejoignait entièrement la nôtre (soutien à la création indépendante et défense de la diversité musicale) et rencontrait également un fort écho chez nos partenaires de Pragmazic très attachée à mêmes valeurs. (Il faut noter par ailleurs que quelques labels de musique sous licence libre sont présents sur la plateforme de CD1D)

Ce projet a été conçu comme une expérimentation limitée à la médiathèque de Gradignan. C’était pour la médiathèque et ses partenaires un test pour pouvoir faire réagir et faire avancer les réflexions autour de la présence du numérique en médiathèque.

Nos souhaits allaient donc dans deux directions :

la mise en avant de la production des labels indépendants

la réflexion autour des offres de musiques numériques, l’évolution de la législation et surtout la mise en œuvre de discussions concrétés avec la SACEM autour de nos projets.

Notre partenariat nous amenait également à réfléchir ensemble sur les offres commerciales à proposer aux médiathèques, sur les tarifs liés à un fichier numérique et acceptables par tous les protagonistes, sur les marchés publics à mettre en place….

Notre volonté était donc de travailler ensemble dans une même démarche de défense de la diversité musicale. Ce « partenariat » a suscité de nombreux débats parfois virulent auprès de certains artistes et labels sous licence libre mais a également suscité un débat sur l’opportunité de se lancer dans le numérique avec certains artistes et labels indépendants sous SACEM. Nous avons donc du expliquer à maintes reprises nos choix professionnels. Deux points particuliers soulevaient des « récriminations » :

la présence sur une borne destinée au départ exclusivement à la musique libre de musique sous SACEM (il ne nous était pas possible d’acquérir 2 bornes)

l’achat de fichiers numériques téléchargeables suscitant la crainte que les bibliothèques contribuent encore plus à détruire la filière du disque physique.

Les membres de Pragmazic porteurs de ce projet ont du affronter moultes débats et contradicteurs au sein même de leur équipe et au sein de leur communauté. Ils ont du se battre au quotidien pour mener à bien cette expérimentation. Au final moins d’une dizaine d’artistes a refusé sa présence sur une borne commune CD1D/Musique libre.

Au départ 9 labels présents sur la plateforme de Cd1D ont accepté de mener l’expérience. Les responsables de Cd1D ont du également expliqué à maintes reprises le rôle de la médiathèque de Gradignan en tant que lieu de diffusion et de médiation culturelle. De nombreux artistes et labels méconnaissent en effet souvent le travail mené par les discothécaires et ne nous perçoivent pas encore assez comme des partenaires éventuels. Au terme de deux années d’expérience il semblerait que la grande majorité des labels liés à CD1D souhaitent tenter l’expérience. Cet élargissement de l’offre des labels répond totalement au souhait de la médiathèque de Gradignan. Nous souhaitions en effet que la médiathèque s’inscrive dans son territoire et mettre en avant les labels aquitains indépendants afin d’élargir leur diffusion dans leur région. Cet élargissement de l’offre nous permettrait également d’acquérir un plus large panel de genres musicaux et de documents.

4. Les conditions du marché public

Afin d’enrichir l’offre sur la borne « Automazic » le service musique a donc acquis et sélectionné différentes œuvres sous SACEM que nous proposons sans DRM, en écoute et en téléchargement légal. Chaque fichier est taggé c’est-à-dire accompagné d’informations liés à l’artiste, à son style musical et à l’option choisie par l’artiste pour protéger ses droits d’auteurs.

Les artistes dont nous souhaitons faire découvrir l’univers sont téléchargeables ou écoutables via la borne mais leurs CD physiques sont également présents dans les bacs. L’achat de fichiers numériques est lié avec un support physique dans le cadre de notre partenariat avec CD1D.,

La médiathèque a conclu un marché public avec des conditions d’acquisition propre à sa structure. Les contraintes de ce marché public de trois années ont été définies en accord avec l’ensemble des partenaires sans qu’elles aient valeur d’exemple pour l’ensemble des bibliothèques françaises. Nous avions d’ailleurs dès le début de notre « expérimentation » convenu que nos conditions d’acquisition pourraient être être maintenues ou modifiées en fonction du bilan de l’expérience.

Chaque label travaillant avec nous a ajouté un avenant au contrat les liant à ses artistes pour entériner l’accord de ceux-ci et leur adhésion à leur présence sur la borne « Automazic »,

Nous achetons des fichiers selon deux propositions :

Nous achetons 50 euros la totalité d’un album sous forme numérique. Ces fichiers numériques étant accompagné d’un CD, support physique présent dans nos bacs

Nous achetons le CD physique au prix de 20 euros + 2 titres de l’album sous forme numérique à 5 euros le titre. (le fournisseur dans le cadre du marché nous faisant une réduction de 10 % sur l’achat de titres)

pas d’achat avant un délai de 3 mois après la sortie physique du CD

5. Le contrat nous liant avec la SACEM

Nous avons donc pris contact avec la SACEM pour contractualiser l’utilisation de la borne « Automazic » à la médiathèque de Gradignan.

Nous tenons à être dans le respect de la loi et nous sommes tout à fait convaincus que les artistes, les labels doivent être rémunérés. La création musicale doit être soutenue. Afin que la SACEM reverse des droits aux ayants-droits nous allons faire une déclaration titre par titre téléchargé à la SACEM. (Cette possibilité nous est offerte par l’administration de la borne Automazic)

A ce jour nous avons conclu un accord avec la SACEM concernant notre expérimentation mais notre contrat précise explicitement que les conditions qui nous sont offertes sont propres à Gradignan et non applicables automatiquement à d’autres établissements culturels.

Nous payons donc 0,07 centimes d’euros par téléchargement et rien au titre de l’écoute sur la borne.(nous payons déjà par ailleurs un forfait annuel pour l’ensemble de la structure)

En revanche, dans l’optique de faire avancer la prise en compte par la SACEM de ce nouveau type d’usage en médiathèque (et donc d’une modification des tarifs) nous souhaitons poursuivre nos discussions avec la SACEM. Nous allons mener des actions en ce sens afin de poursuivre les démarches que nous avions déjà entrepris avec Pragmazic et CD1D afin de pouvoir bénéficier d’une alternative spécifique aux lieux de diffusion non-commerciaux comme peut l’être une médiathèque.

6. Poursuite de l’expérience

Au bout de deux ans d’expérience nous avons réussi à convaincre certains labels et des acteurs de la musique libre du bien-fondé de notre expérience.

Nous sommes ravis de pouvoir travailler avec un nombre croissant de labels dont certains labels indépendants aquitains ce qui nous permet de promouvoir la filière musicale de notre territoire.

Nous avons en outre réussi à conclure un accord avec la SACEM.

Notre contrat nous liant avec CD1D et Pragmazic dans le cadre d’un marché public nous permet de poursuivre l’expérience dans le cadre de Gradignan. Au terme de ce contrat nous en ferons le bilan pour réfléchir à d’autres pistes de travail ou continuer celle-ci.

De notre expérience gradignanaise nous pourrons je l’espère tirer des enseignements pour d’autres collègues qui voudraient à leur tour essayer de se lancer dans le même type de projet.

Malheureusement des désaccords professionnels entre nos partenaires ne permettront pas que notre expérience soit en l’état proposée à d’autres établissements. Cela sera certainement possible sur d’autres contenus mais pas dans le même cadre que l’expérience gradignanaise.