Musique 2.0 : quelques points de repères et réflexions sur la musique numérique

  • Par administrateur
  • 2 novembre 2006
  • 0
  • 480 Vues

article à paraître dans le bulletin 2006 de l’ACIM

Introduction

Les loisirs numériques, du téléphone mobile à l’ordinateur en passant par les assistants électroniques (ou PDA, de Personal Digital Assistant) et les baladeurs numériques, ont pris une place importante dans notre quotidien. La musique sous forme numérique y est prépondérante : personnalisation de la sonnerie de son téléphone mobile à partir d’une chanson, recherche, écoute et téléchargement de musique sur son ordinateur puis transfert sur un appareil mobile afin de l’écouter n’importe où, concert suivi sur son téléphone mobile, achat d’un album sous forme de clé USB (Universal Serial Bus)… Ces pratiques ont dépassé les technophiles ou les jeunes et se sont répandues dans les différentes couches de la population. La baisse des prix et le nombre croissant de produits mobiles qui permettent de lire des fichiers musicaux contribuent à cet essor de même que l’offre légale de téléchargement a probablement permis de banaliser ce type de consommation de la musique. La musique vient certainement en second dans les usages d’internet. En France, un million de personnes sont connectées en même temps pour des activités liées à la musique (téléchargement, écoute…), soit 50 % de l’activité du réseau internet ; 31 % des internautes, sur un mois, disent avoir téléchargé de la musique. Selon l’Observatoire de la musique, l’utilisation des outils de P2P (peer-to-peer) amènent les internautes à devenir des amateurs passionnés de musique et, dans l’optique de l’échange et découverte, des prescripteurs.

Le concept de Web 2.0 inaugure une nouvelle phase dans l’utilisation de la toile. Il repose sur quelques grands principes :

premièrement, le web comme plate-forme hébergeant les applications et les données, c’est à dire qu’il n’est plus utile d’avoir des logiciels sur son ordinateur ou d’y stocker ses fichiers. Tout devient accessible via un logiciel de navigation et depuis n’importe quelle machine (en note : Writely ou Ajaxwrite sont des traitements de texte en ligne. Allmydata ou Foreversafe permettent de stocker gratuitement des fichiers sur un serveur) ;

deuxièmement, la création ou la facile maîtrise des contenus par les internautes grâce aux blogs et aux tags (mots-clés choisis par l’usager). Ainsi les internautes mettent à disposition du contenu grâce à la simplicité et à la souplesse d’utilisation des blogs ou autres plates-formes d’hébergement social type Skyblog, MySpace ou Podemus. Une fois ces contenus (texte, image ou son) sur la toile, ils peuvent être organisés et recherchés grâce aux tags ou mots-clés. Nous pouvons parler de socialisation de l’indexation (en note : Folksonomie en anglais. A lire à ce sujet l’article d’Olivier Le Deuff dans le BBF 2006 n°4 p. 66 – 70) où ce sont les internautes qui indexent leurs documents. Dès lors, il se met en place de nouvelles possibilités pour rechercher, découvrir et s’approprier la musique sur internet.

Les voies diverses de la musique numérique aujourd’hui

Comme il est impossible d’être exhaustif tant les services et les expérimentations sont multiples en matière de diffusion ou d’expérience musicale sur support numérique, je proposerais ici quelques grandes tendances accompagnées de quelques exemples.

Nous commencerons par faire le point sur les offres légales de téléchargement. Le système le plus répandu en Europe est pour l’instant l’achat de titres à l’unité, dont le prix semble actuellement stabilisé autour de 99 centimes d’euro. Comme pour tous les autres produits, il existe des systèmes de réductions qui augmentent en fonction du nombre de titres prépayés. Nous trouvons plus rarement la vente des morceaux au kilo-octets qui reviendrait moins cher selon l’analyse du site Techcrunch. Par ailleurs, toutes les grandes plates-formes américaines proposent la location autorisant soit l’écoute uniquement sur son ordinateur soit la possibilité de le transférer ensuite sur un baladeur numérique. Avec cette formule, l’internaute n’est pas propriétaire de sa musique et tous les morceaux deviennent illisibles quand il arrête de payer son abonnement. Voici quelques-unes des plates-formes : iTunes, Allofmp3, Virgin, AOL Music et Napster. Selon une étude du Cabinet Screen Digest, la vente de musique numérique en Europe a doublé en un an pour atteindre en 2006 la somme de 280 millions d’euros. Elle pourrait s’élever à 1,1 milliard en 2010, compensant en partie la chute des ventes de CD. De 29 millions aujourd’hui, le nombre de baladeurs numériques atteindra pour sa part 80 millions à cette date.

Au grand dam des grandes compagnies de disques, l’essor et la fiabilité des offres légales ainsi que des législations de plus en plus dissuasives ne semblent pas arrêter les échanges entre particuliers (P2P) même s’ils tendent à diminuer selon les chiffres de l’IFPI (Fédération Internationale de l’Industrie Phonographique), passant de 1,1 milliard de fichiers en 2003 à 885 millions en 2005. D’ailleurs, certains analystes, y compris dans les bibliothèques comme Yves Alix, pensent que la loi dite DADVSI sera difficilement applicable. Les technologies de P2P deviennent plus sophistiquées à la fois pour échapper à la répression et pour accélérer la vitesse de transfert des fichiers, comme la BitTorrent . Le P2P se simplifie grâce à des logiciels libres plus conviviaux pour l’utilisateur novice. Il y a d’autres solutions que le P2P comme l’échange de disques entre particuliers mis en place par le site lala.com : les internautes sont censés échanger des disques originaux et les effacer de leur disque dur après envoi (sic !), le site fournissant une enveloppe prépayée et facturant 1$ par envoi (dont 20 centimes revient aux artistes), et il est possible d’écouter le disque avant de le demander.

C’est pourquoi les débats se focalisent sur la question de la rémunération des artistes face à la complexité du contrôle. Si les maisons de disques continuent de croire en l’économie de la rareté, en revanche les tenants de solutions alternatives défendent l’idée d’un forfait musical inclus dans l’abonnement internet ou celle d’une économie de l’abondance entraînant la réduction drastique des prix. Ne vaut-il pas mieux vendre 200 000 titres à 2 centimes que 10 000 fois à 9 centimes ? Il y a aussi un vrai risque de devoir un jour payer pour chaque usage comme cela existe déjà pour la consultation d’articles de périodiques en ligne. Chez les artistes, même si de grands noms ont défendu la DADVSI au côté des labels, nous assistons malgré tout à une prise de conscience croissante des aberrations liées au tout marchand, avec de plus en plus d’artistes offrant des fichiers libres d’usage selon différentes modalités dont la plus connue est la licence Creative Commons. Nous y trouvons la notion de création comme bien commun. Cependant les maisons de disques ne sont pas prêtes à baisser les bras car l’enjeu financier est probablement très important à leurs yeux, eu égard à la multiplication des appareils mobiles susceptibles de lire la musique. Elles pensent que cette omniprésence de la musique dans notre quotidien devrait leur assurer un pactole.

L’offre sonore numérique ne se limite pas à la musique. Les webradios sont apparues assez vite. Nous nous trouvons devant une incroyable diversité pouvant aller jusqu’à la personnalisation complète de sa radio. Il y a bien sûr les audiolivres en version payante ou libre. Nous trouvons désormais de plus en plus de conférences, de colloques ou de documentaires disponibles le plus souvent en téléchargement gratuit. Mais le grand boom de ces derniers mois provient de la vulgarisation du podcasting ou baladodiffusion. Il s’agit d’une évolution importante dans la diffusion des contenus sonores numériques. En effet, le podcasting permet de recevoir de manière automatique, à l’aide d’un logiciel spécifique, le fichier son proposé par un site. Ce fichier est ensuite transféré sur son baladeur numérique pour être écouté n’importe où. La propagation de cette technologie est concomitante à celle des blogs car certains d’entre eux souhaitaient partager leurs goûts musicaux ou leurs propres musiques. Là aussi, il s’est développé rapidement des logiciels ou des sites permettant de créer et diffuser facilement son podcast. L’imagination faisant le reste, nous avons maintenant une multiplicité de podcasts : du journal intime sonore aux créations musicales en passant par les chroniques de disques ou des contes érotiques. Les stations de radio traditionnelles se sont aussi emparées de ce nouveau moyen de diffusion différé de leurs émissions. Le nombre d’émissions est pour l’instant limité, mais il est probable qu’elles seront toutes disponibles en podcast dans les prochains mois.

En remplaçant les sites personnels, les blogs, incluant parfois des fichiers sons, représentent un nouveau moyen de faire connaître sa musique, celle que l’on aime ou celle que l’on fait. Faire fonctionner un blog n’est pas plus compliqué que d’utiliser un logiciel de messagerie ou d’écrire sur un forum. Selon une étude récente d’Ipsos, 18 % des Français auraient créé un blog au cours du premier semestre 2OO6. Les blogs sont devenus la rampe de lancement pour des artistes inconnus qui peuvent faire écouter puis vendre à moindres frais leur production. Il n’est pas rare de voir des graffitis renvoyant au Skyblog d’un petit groupe de quartier. Les blogs assurent via les commentaires une interactivité plus étroite entre les fans et les musiciens, notamment autour des concerts. Les grandes maisons de disques se sont vite mises au diapason en l’utilisant pour leurs propres artistes et pour dénicher à moindre frais de nouveaux talents. Créer un blog ne suffit pas à le faire connaître mais il faut attirer les amateurs et bénéficier de la rumeur de la blogosphère. C’est toute l’alchimie qui se met en place à travers les nouveaux réseaux sociaux sur internet : communauté de blogs type Skyblog ou socialisation de l’écoute comme Last.fm.

En septembre 2006, deux annonces ont montré que le marché de la musique commençait peut-être une mutation numérique profonde à travers des expérimentations :

la plate-forme de blogs MySpace US va vendre la musique de 3000 groupes indépendants ;

Universal va mettre à disposition gratuitement une partie de son catalogue via un réseau de P2P. Les fichiers seront vérouillés et le service devrait être financé par de la publicité.

Socialisation virtuelle : découvrir, s’approprier et pratiquer la musique dans un monde numérique

Face aux stratégies de vente du type « les autres achats de ceux qui ont acheté ce produit… », il s’est mis en place d’autres systèmes de recommandation. Nous pouvons distinguer deux tendances : d’une part un réseau social virtuel comme Last.fm où l’internaute est un peu plus actif, d’autre part une approche plus automatisée comme Pandora, basée sur des algorythmes et la sérendipité (de l’anglais serendipity : découvrir par hasard quelque chose lors d’une recherche). Ces réseaux sociaux s’inscrivent d’ailleurs dans la continuité des réseaux de P2P où existaient déjà des systèmes de recommandation entre internautes. Mystrands s’inscrit dans la première catégorie : vous téléchargez un programme qui vous sert à écouter la musique et fait des suggestions en fonction de vos écoutes – Les suggestions viennent-elles déjà de la comparaison avec d’autres membres du site ? – et vous vous créez un profil sur le site internet qui vous permet d’avoir aussi des suggestions selon vos goûts et de voir les morceaux écoutés par des membres ayant des intérêts musicaux similaires. Vous pouvez ensuite échanger avec les autres membres du site et leur faire des recommandations. Vous pouvez aussi partager les playlists de votre lecteur iTunes ou Windows Media Player et bien sûr, fonction quasi-obligatoire du Web 2.0, vous pouvez indexer ou chercher la musique avec des mots-clés libres. Dans la même veine, Last.fm offre aussi la possibilité de créer des groupes autour d’un artiste, d’un genre musical ou de centres d’intérêt farfelus comme les buveurs de thé… pourquoi pas comme le suggère Nicolas Bravais de la BM d’Oullins autour des auditeurs d’une bibliothèque. Last.fm donne aussi des informations sur les différents albums d’un artiste avec un renvoi vers un site de vente, la biographie de celui-ci qui peut être modifiée par les internautes à la manière de Wikipédia, ainsi que la possibilité pour ses membres d’avoir un blog. Se trouve donc réuni un ensemble de conditions pour vivre et partager virtuellement ses passions musicales. Il manque pour l’instant une étude sociologique sur ce type de réseaux sociaux comme celle qui a été faite pour le site de partage de photos Flickr. Dans Inside Flickr publié sur Internet Actu, Hubert Guillaud montrait une vraie dynamique autour des photos mises en ligne : les commentaires, la pédagogie et l’émulation autour d’une technique photographique ou d’un thème ou le fonctionnement des groupes. Il est à parier qu’il se passe des choses similaires autour des réseaux musicaux virtuels.

Les moteurs de recherche principaux comme Yahoo ! ou AltaVista s’adaptent à la demande des amateurs de musique en proposant des portails de recherche spécifiques pour Yahoo ! ou un onglet MP3/Audio pour AltaVista. Les moteurs de recherche de blogs quant à eux proposent de naviguer ou de suivre via des flux RSS des mots-clés (tags) comme music ou mp3… Nous trouvons aussi The Hype Machine qui est un agrégateur de blogs audio, un portail qui rassemble tous les fichiers sons postés dans une sélection de blogs musicaux . Il se développe par ailleurs des moteurs de recherche spécifiques et plus sophistiqués. Si beaucoup d’entre nous connaissent et utilisent Allmusic, il existe des alternatives ou compléments comme par exemple Mercora Music Search qui permet de chercher par artiste et genre musicaux ainsi que d’obtenir la biographie, la photo ou un podcast. Avec Windows, vous pouvez écouter les morceaux. Ghanni Music quant à lui propose de rechercher par titre de chanson ou par artiste et fait des suggestions à partir d’une analyse automatisée de la musique (rythme, timbre, instruments, paroles…). Plus original est le concept de Liveplasma qui propose uniquement une recherche par artiste ou groupe mais délivre le résultat sous forme de carte où sont affichés les artistes proches. Un brève discographie est présente sur un bandeau latéral. La même interrogation peut être effectuée avec un film, un réalisateur ou un acteur. Quelques tests réalisés montrent que les résultats sont plutôt concluants. Avec la floraison des podcasts, nous trouvons maintenant une multiplicité de sites pour s’y retrouver : des portails type Podemus au moteur de recherche comme Casteropod en passant par des annuaires tel que Podcast.

Les ordinateurs et Internet jouent en outre un rôle dans l’évolution des pratiques musicales. D’après les différentes études du Ministère de la Culture, ces dernières sont parmi les premières activités culturelles des Français, représentant 5 millions de Français de 15 ans et plus. Dans ce contexte, la musique assistée par ordinateur s’est développée en partie grâce à l’offre de matériels et de logiciels qui s’est démocratisée. Il y a des sites qui proposent des sessions payantes pour apprendre un instrument de musique. Cependant des logiciels libres se développent pour faire de la musique ou du mixage ainsi que de l’entraide à travers des forums. Internet vient parachever ces pratiques amateurs en leur offrant une tribune à moindre coût. D’ailleurs beaucoup d’artistes reconnus se passent de studios d’enregistrement et produisent leurs albums chez eux. Comme il devient plus facile de produire et de diffuser sa musique via Internet et les sites de réseaux sociaux virtuels, de plus en plus d’amateurs ou de professionnels non signés par un label se font connaître ainsi, tel que Lusta. Internet permet aussi de composer, de jouer ou de mixer à distance via des logiciels ou des plates-formes adaptés comme par exemple eJamming.

Selon Sylvie Krstulovic et Alban Martin dans un article publié sur Internet Actu, ce qui compte, en tout état de cause, c’est l’expérience musicale : « Plus qu’un bon morceau de musique, ce que recherche le public est une bonne expérience musicale : c’est-à-dire une relation à la musique, à son auteur, à son univers sonore à la fois unique et chargée d’émotions. Une musique nous fait vibrer, ou sinon, on ne l’écoute pas. » Cela passe en particulier en réduisant la distance avec les fans. C’est le concert qui offrirait la relation la plus forte dans ce domaine. Il semble d’ailleurs que la fréquentation des concerts ne se soit jamais aussi bien portée. Internet peut aussi être un vecteur de relation privilégiée avec l’artiste et sa musique. S. Krstulovic et A. Martin évoquent ainsi la possibilité de choisir sa version d’un morceau parmi les 5000 proposées par le groupe Prodigy, la production d’un album à l’aide d’une souscription lancée via un site, comme pour Maria Schneider dont la Warner refusait de produire le 4e opus, ou encore les réseaux sociaux faisant la promotion d’un artiste moyennant, pourquoi pas, une petite rétribution. Internet pourrait aussi favoriser la co-création de l’expérience musicale à laquelle les bibliothèques pourraient s’inscrire.

Vers une bibliothèque musicale virtuelle ?

Lors de la journée d’étude Image et son en bibliothèques : à l’heure du virtuel organisée par la COBB (Agence de coopération des bibliothèques et centres de documentation en Bretagne), Dominique Lahary évoquait dans sa synthèse une évolution des bibliothèques vers une segmentation des missions. Cela pourrait entraîner une diversification de l’offre de contenus en fonction des supports et des publics. Les bibliothèques musicales françaises proposent actuellement peu de services en ligne. En dehors de quelques exceptions, nous trouvons dans le meilleur des cas l’accès au catalogue et une liste de sites musicaux. Il y a bien sûr la Médiathèque de la Cité de la musique qui donne accès sur son site internet à des extraits musicaux ou vidéo de son fonds, en particulier les concerts de la Cité de la musique, ou iThèque, le service de téléchargement musical de la Médiathèque de l’agglomération troyenne avec la société canadienne Tonality qui offre les titres d’artistes indépendants. Il y a par ailleurs L’e-music box de la Bibliothèque francophone de Limoges qui permet d’écouter en ligne quelques morceaux d’artistes locaux. Une législation restrictive ainsi que des budgets limités sont les freins principaux en la matière. Plus pragmatiques et peut-être plus riches, nos collègues d’outre-Atlantique disposent déjà d’audiolivres en téléchargement. Cependant le podcast bénéficie actuellement d’un statut juridique flou qui pourrait permettre des expérimentations en la matière à partir de nos animations, pour faire connaître des artistes locaux ou pour proposer des chroniques musicales. En lien avec l’évolution actuelle du web, nous devrions certainement rendre plus interactifs nos sites Internet, y compris nos catalogues comme le font déjà nos collègues américains et ouvrir nos données bibliographiques, tel que le suggère le titre d’une intervention de Frédéric Martin de la BnF pour un colloque à l’université de Paris 8 (signalé par Marlène Delaye sur son blog), pour favoriser leur réutilisation tel que c’est couramment pratiqué dans la logique du Web 2.0 .

Je défends depuis quelque temps l’idée que nous devrions investir la toile de contenus éditoriaux favorisant la découverte musicale. Il ne faudrait certainement pas se contenter de critiques de disques ou de listes des meilleurs albums dans un genre mais plutôt s’appuyer sur nos connaissances pour construire une multiplicité de parcours au sein de la musique. Les bibliothécaires musicaux disposent d’au moins deux atouts majeurs : l’éclectisme de leur oreille musicale permettant une appréhension globale et critique des publications musicales ainsi qu’une compétence pour rechercher et sélectionner des contenus. La création de Points d’actu à la BM de Lyon et le projet à la Médiathèque de l’agglomération troyenne de créer des contenus rédactionnels en complément des morceaux numériques proposés sur iThèque me semblent en ce sens tout à fait pertinents. Un autre exemple est donné avec la BM de Lyon qui devrait mettre en ligne prochainement un portail dédié au public jeune. Les publications que nous pourrions mettre en ligne devraient rester interactives à la manière des blogs et être complètement différentes des offres commerciales ou du joyeux désordre des réseaux sociaux virtuels. A la manière de Zazieweb ou du projet de la BM de Grenoble pour les livres, nous pourrions aussi susciter un réseau social d’auditeurs autour de nos collections musicales. Nous pourrions aussi agir pour promouvoir la production jeunesse de qualité. En tout état de cause, devenons pragmatiques et faisons des expériences. Il ne s’agit pas de se lancer à corps perdu dans n’importe quel projet séduisant. Une réflexion préalable est nécessaire pour définir des objectifs, prendre la mesure du contexte et trouver des financements, mais il me paraît maintenant urgent de s’en préoccuper. Pour éviter de disperser les énergies et les moyens comme avec les multiples services de questions/réponses, de tels projets pourraient être menés de manière coopérative.

Il convient en premier lieu de se familiariser soi-même avec toutes les évolutions d’internet, d’utiliser ou de participer à certains sites pour voir de l’intérieur ce qui s’y passe, de mener un travail de veille -peut-être collectivement- et de prendre un peu de recul. Nous pouvons jouer aussi un rôle de vulgarisation auprès des usagers : combien savent ce que c’est qu’un podcast ? Combien connaissent les musiques libres ? Combien savent utiliser toutes les fonctions de leurs logiciels ou appareils musicaux numériques ? Utilisent-ils autre chose que Google pour rechercher de la musique ?

Il existe en région parisienne deux projets de bibliothèques musicales sans espace physique. Autant c’est le moment de nous pencher sur la diffusion de la musique sous forme numérique, autant cela me paraît encore prématuré de faire disparaître complètement le support. Malgré les tentatives de Louis Burle auprès des plates-formes de téléchargement françaises, il semble pour l’instant difficile d’obtenir des conditions financières acceptables pour acquérir dans l’ensemble des offres de musique numérique légale. L’approche d’un consortium d’achat type Carel (Consortium pour l’Acquisition de Ressources Electronique en Ligne) ou Couperin ne pourra probablement pas améliorer cet état de fait car les maisons de disques préfèreront vendre plus cher à des sociétés comme Yahoo ! qui proposera ensuite ses formules de location. D’autre part, l’offre musicale numérique est loin d’être satisfaisante afin de constituer une collection de bibliothèque. Il n’est pas sûr que celle-ci s’élargisse tant que cela. La musique numérique présente un autre écueil : une qualité sonore moins satisfaisante du fait des techniques de compression .

Face à la multiplication croissante des contenus musicaux disponibles, l’internaute est menacé d’info-obésité ou de noyade dans un flot de musique numérique. C’est peut-être là que nous pouvons reprendre un rôle de passeur par un travail de sélection, de validation et de mise en valeur des ressources musicales numériques. C’est peut-être là que nous pouvons valoriser des collections qui n’existent pas sous forme numérique et, à défaut de pouvoir les numériser, les envoyer, pourquoi pas, à domicile. Pourquoi ne pas proposer des formations ou sessions de découverte d’un artiste, d’une année musicale ou de musique pour se relaxer ? Celles-ci pourraient continuer à vivre sous forme de podcasts sur le site de nos bibliothèques.

Face aux craintes de notre disparition au sein du réseau de lecture publique, l’enjeu actuel est peut-être d’inventer la bibliothèque musicale hybride, un remix des services actuels dont une partie serait accessible à distance et où de nouveaux services sur place ou en ligne seraient créés.

Liste des sites cités :

Allmusic

http://www.allmusic.com/

Allmydata, unlimited free storage

http://www.allmydata.com/index.php

Allomfp3, vente de musique au kilo-octet

http://www.allofmp3.com/

Altavista Recherche audio

http://www.altavista.com/audio/default

Casteropod, moteur de recherche de podcast

http://www.casteropod.com/

Creative Commons France

http://fr.creativecommons.org/

eJamming

http://www.ejamming.com/

Foreversafe, votre coffre-fort multimédia illimité

http://foreversafe.com/

The Hype Machine, audio blog aggregator

http://hype.non-standard.net/

Lala (échange de cd entre particuliers)

http://www.lala.com/

Mercora Music Search

http://search.mercora.com/msearch/index2.jsp

Music-Hardware (page de démarage personnalisable)

http://fr.music-hardware.com/

Podcast.net, annuaire de Podcast

http://www.podcast.net/

Yahoo ! Music France

http://fr.launch.yahoo.com/

Listes sélectives d’articles ou de sites :

Apprivoiser le futur : comptes-rendus des rencontres nationales 2006 des bibliothécaires musicaux (7 avril 2006)

http://www.acim.asso.fr/rubrique.php3 ?id_rubrique=60

Image et son en bibliothèques : à l’heure du virtuel. Compte-rendu de la journée d’étude organisée par la COBB (6 avril 2006)

http://www.acim.asso.fr/rubrique.php3 ?id_rubrique=60

L’avenir du document sonore en bibliothèque. Comptes-rendus de la journée d’étude organisée par les Bibliothèques Musicaux de Midi-Pyrénées (22 juin 2006)

http://www.abiblio.com/bmmp/wakka.php ?wiki=JourneeEtude22juin2006

Musique : le numérique compensera le recul du disque en Europe en 2010

http://www.20minutes.fr/articles/2006/08/24/20060824-high-tech-Musique-le-numerique-compensera-le-recul-du-disque-en-Europe-en-2010.php

L’expérience musicale un levier de dynamisation pour la musique en ligne de Sylvie Krstulovic et Alban Martin

http://www.internetactu.net/ ?p=6041

Inside FlickR de Hubert Guillaud

http://www.internetactu.net/ ?p=6472

Jean-Samuel Beuscart : Généalogies de l’écoute musicale

http://www.internetactu.net/ ?p=5758

L’écosystème de la musique libre

http://www.agoravox.fr/article.php3 ?id_article=8841

Folksonomies : les usagers indexent le web d’Olivier Le Deuff

(BBF 2006, tome 51 n°4 page 66-70, consulté le 1er septembre)

http://bbf.enssib.fr/sdx/BBF/frontoffice/2006/04/document.xsp ?id=bbf-2006-04-0066-002/2006/04/fam-apropos/apropos&statutMaitre=non&statutFils=non

Libérons nos données (Blog de Marlène Delhaye)

http://marlenescorner.blogspirit.com/archive/2006/05/09/liberons-nos-donnees.html

Techcrunch

http://fr.techcrunch.com/

notamment

Achetons de la musique (1ere partie) posté par Michael Arrington et Ouriel Ohayon

http://fr.techcrunch.com/2006/04/09/achetons-de-la-musique-1ere-partie/

et eJamming : pour jammer à distance posté par Michael Arrington et Ouriel Ohayon

http://fr.techcrunch.com/2006/03/17/e-jamming-pour-jammer-a-distance/

Encore une star née de MySpace : Lusta sur le Blog d’Alban Martin

http://cocreation.blogs.com/alban/2006/08/encore_une_star.html