Compte rendu de la Journée d’étude organisée par le groupe ABF Normandie « Musique en bibliothèque : Webzines, Netlabels et Streaming » Médiathèque André Malraux à Lisieux – vendredi 20 Mai 2011

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  • 1 juillet 2011
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Compte rendu de la Journée d’étude ABF Normandie « Musique en bibliothèque : Webzines, Netlabels et Streaming » avec Benoit Richard et Sébastien Radiguet des webzines et blogs : Benzine, Pop Revue Express, Autres Directions, Onde Fixe, Des Chips et du Rosé, Hop Blog et Netlabel Revue ; Jonathan Garry de la Bibliothèque de Caen et secrétaire de l’ACIM, créateur et animateur du Discolab ; et Bruno Neveux de la Bibliothèque de Guebwiller du réseau des Médiathèques du Haut-Rhin pour le partenariat Music Me et Calice 68.

Table ronde autour des webzines et blog musicaux avec Benoit Richard et Sébastien Radiguet (Autres Directions, Benzine, Hop Blog, Pop Revue Express, Onde Fixe, des Chips et du Rosé)

Les webzines et blogs Benzine, Hop Blog, Autres Directions, Pop revue Express, Des Chips et du Rosé, Onde Fixe en quelques mots…

Benoît Richard a créé Benzine (http://www.benzinemag.net/) en 2001. Ce blog est devenu rapidement un webzine collaboratif, donc collectif. Pour trouver un espace plus personnel, Benoît Richard a créé Hop Blog (http://hop.over-blog.com/) en 2005 (dont la ligne éditoriale est proche de Benzine : disque, cinéma, livres, bande dessinée… le blog recense chaque semaine les sorties CD dans une playlist qui compte 74 abonnés, les critiques sont éditées en fonction des dates de sortie des disques). Puis Pop Revue Express (http://poprevuexpress.blogspot.com/) qui traite uniquement de la musique avec des articles en format court et plus récemment Des Chips et du Rosé (http://chipsetrose.blogspot.com/) axé spécifiquement sur la musique digitale et écoutable en ligne (sur des sites comme Spotify http://www.spotify.com/fr/, Soundcloud http://soundcloud.com/, Deezer http://www.deezer.com/fr/ ou Bandcamp http://bandcamp.com/).

Sébastien Radiguet est collaborateur au webzine Autres Directions (http://www.autresdirections.net/) depuis 2009. Il a créé avec Benoît Richard le blog Onde Fixe (http://ondefixe.over-blog.com/) en 2004 qui était plutôt orienté vers des musiques post rock, electronica, ambient… Le webzine Autres Directions a existé sous forme papier avant de devenir un site en 2001. Le webzine compte 5 personnes en tout, 1 webmaster plus 4 chroniqueurs. Sébastien Radiguet délaisse un peu les chroniques actuellement pour se recentrer sur la création de mix ou podcast écoutables sur le webzine.

Parlons de « l’audimat » des sites…

Autres Directions, Benzine et Hop Blog comptent entre 200 et 600 visiteurs par jour. Google est la principale porte d’entrée pour la plupart des visiteurs. Le bon référencement des sites tient à la mise à jour régulière et à la fréquence importante des nouvelles publications. Il est indispensable de s’inscrire dans la durée. Les sites se sont fait repérés par les maisons de disques qui envoient 10 à 20 nouveautés par mois aux chroniqueurs. Actuellement les sites collaboratifs connaissent un essoufflement (c’est le cas de Benzine) faute de chroniqueurs, ceux ci préférant créer leur propre blog (donc dans une démarche plus personnelle). Il n’y a pas de publicité sur les sites ni de liens vers de gros sites marchands malgré les demandes de Amazon et la Fnac. Au plus le lien vers le site d’un disquaire indépendant, le but n’étant pas de faire de l’argent.

Et des outils numériques pour suivre l’actualité discographique…

Les outils utilisés pour suivre l’actualité discographique et écouter les albums sont Spotify, Soundcloud, Deezer, Bandcamp avec une prédilection pour Spotify et Soundcloud. Les CD promos et les liens vers les serveurs par les éditeurs constituent l’autre source. L’élément essentiel pour tenir ce type de blog ou webzine est le temps disponible parce que cette activité est très chronophage. La ligne éditoriale des sites correspond avant tout aux goûts musicaux personnels et à l’obligation de se centrer sur un style face à la quantité énorme de sorties d’albums. Le travail critique nécessite des chroniques pas seulement positives mais aussi négatives des albums.

Le Top des Blogueurs késako ?

Les réseaux sociaux (facebook, twitter) constituent un outil promotionnel indispensable pour capter l’attention et du public. Le Top des Blogueurs (qui liste un top 20 des albums de l’année : http://www.topdesblogueurs.fr/) s’est constitué dans ce sillage et par le besoin de partager, d’avoir des avis, ainsi que sur l’exemple des tops de fin d’année de la presse musicale. Le Top des Blogueurs s’étoffe d’année en année (20 blogueurs pour la première année, 30 la suivante, 50 pour 2010). Ce top repose sur un fichier excel mis en ligne rentrant les albums écoutés et chroniqués avec une note sur 10. Le top de fin d’année est publié par une agence de promotion (WAA dans laquelle travaille un des blogueur) et l’info est relayée sur les radio Le Mouv et France Info, par webmail ainsi que dans la presse (Inrocks, Magic !).

L’avenir du disque et des médiathèques ?

Face à de nouveaux outils comme Soundcloud, Deezer, Spotify ou Bandcamp (dont le modèle économique n’est pas encore avéré) et la réalité technologique, le support physique paraît condamné à devenir une niche dans l’édition musicale. Cette réalité technologique peut être une chance pour les petits labels qui pourront se passer d’intermédiaires coûteux comme les distributeurs par exemple. Quoi qu’il en soit, les bibliothécaires musicaux resteront des défricheurs et des intermédiaires privilégiés avec les usagers par leurs relations, de plus tout le monde n’a pas fait le pas des outils numériques.

Présentation d’outils autour des webzines et blogs musicaux pour les discothécaires par Jonathan Garry (Bibliothèque de Caen, secrétaire de l’ACIM, membre du groupe ABF Hybrides)

Face au temps que demande la veille documentaire et le suivi de l’actualité discographique, de nombreux outils existent.

Les outils :

Facebook
Twitter
Myspace
Wikipedia
YouTube
Google

Permettent de : récupérer / valoriser / diffuser / partager / commenter

Les pistes :

blogs spécialisés (blogs musicaux comme mowno.com, chroniquemusicale.com…, The Hype Machine, Zeitgeist, blogs professionnels comme Baisse d’un ton, Discobloguons, blogs de médiathèques comme BMOL ou Tuner de Brest…)

signets et favoris (Delicious, Diigo…)

agrégateurs (Netvibes de la BDP de la Manche, de la Médiathèque d’Argentan, de Dole, de Saint Fons, Discolab…)

réseaux sociaux (Myspace, Twitter, Facebook)

bases de données musicales / cartographies interactives synthétiques (moteur de recherche discographique, Allmusic, wikipedia, mapofmetal.com…)

associations professionnelles (ACIM…)

sites ressources : Bibliopedia rubrique Bibliothèques Musicales Hybrides

 

Introduction aux Netlabels par Benoît Richard, créateur du blog Netlabel Revue.

 

Les netlabels…

Un netlabel est un label musical sur internet qui généralement ne distribue que des albums en format numérique. Ces labels proposent donc le téléchargement d’albums en format mp3 ou ogg vorbis et compressés en .zip ou .rar, la plupart du temps gratuitement (avec notamment des licences artistiques libres de type Creative Commons) dans un souci de partage et de respect des droits des musiciens. Les Creative Commons : sont des licences permettant la libre diffusion d’œuvres avec une attribution de paternité et certaines conditions d’utilisation (http://fr.creativecommons.org/).

Historiquement, les netlabels sont apparus en même temps que le haut débit, c’est à dire fin des années 90. Les créateurs en MAO (Musique Assisté par Ordinateur) ont pu grâce au haut-débit diffuser leur musique par internet. Les netlabels, qui sont généralement de petites structures, ont souvent une durée de vie limitée dans le temps, cette activité demandant beaucoup de temps et d’implication personnelle et un gros travail de défrichage. On trouve beaucoup de styles musicaux au sein des netlabels : electro, pop, folk, ambiant, black metal, hip hop, dub… avec une prédilection quand même pour l’ambient, la techno et l’electronica. On retrouve via le site internet en anglais Netlabel.org (http://netlabels.org/) un index des netlabels classés par genre, ce qui peut être une bonne porte d’entrée. On retrouve également la plupart des netlabels sur le site Archive.org (http://www.archive.org/, organisation à but non lucratif consacrée à l’archivage du Web, située à San Francisco, en Californie. Le projet sert aussi de bibliothèque numérique. Cette archive est constituée de copies de pages prises à différents moments d’Internet, de logiciels, de films, de livres et d’enregistrements audio) qui archive tous les contenus internet (rubrique : Netlabels)

En France, l’un des premiers à avoir créé un netlabel est l’artiste La Fresto (http://www.lafresto.com/). Dernière signature du label Lithium avant que celui ci ne disparaisse, La Fresto a créé en 2005 le netlabel Off & Green (http://offandgreen.com/) pour sortir ses propres disques. Benoît Richard y a publié un album sous le nom de Hop Sounds. Son intérêt pour les netlabels date de ce jour là.

On peut se faire une idée de la variété des styles musicaux des netlabels à travers une petite sélection subjective de 10 netlabels :

Error lo fi : netlabel espagnol créé en 2006, 28 réalisation, dominante folk, pop, toy music, univers très coloré. http://error-lofi.com/

Zymogen : netlabel italien basé à Modène, spécialisé dans l’ambient. 24 réalisations pour 5 ans d’existence, pochettes soignées évocatrices de la nature. Style : Ambient, electronica, glitch… http://www.zymogen.net

Ideology : netlabel allemand existe depuis 10 ans à dominante musique électronique déclinée dans divers styles Downbeat Hiphop Lounge Drum’n’bass… Influence Ninja Tune. http://www.ideology.de/

Resting Bell : Netlabel allemand, berlinois. Electro, ambiant, experimental, acoustique…http://www.restingbell.net/

Test Tube : netlabel portugais créé en 2004, grosse activité plus de 200 sorties, dans tous les styles, pochettes superbes, très variées, interface complète, une référence ! http://www.monocromatica.com/netlabel/

Laridae : Netlabel autrichien et allemand né en 2004, avec un peu plus de 50 sorties dans des genres post-rock, ambient et electronica, pop. Belle régularité et derniers albums très bons. http://www.laridae.at/

Aaaahh-records : est un petit netlabel allemand ayant recueilli sur son catalogue les albums notamment de Entertainment for the Braindead (qui étaient parus chez le feu netlabel Aerotone) et les très bons albums indie rock des canadiens de The Wind Whistles ou encore le folk rock de la suédoise Emilie Lund. Des débuts très prometteurs.http://www.aaahh-records.net/

Rack & Ruin Records : est un netlabel hollandais rassemblant un paquet d’albums allant de l’indie pop à électronicienne, l’ambient ou l’expérimental. On retrouve pas mal d’albums pop bricolo lo-fi. http://www.rackandruinrecords.com/

Budabeast : Netlabel hongrois, deux ans d’existence, musique électronique cool, downtempo, easy listening, break beat…. Influence Ninja Tune. Sa dernière sortie, Crookram, est impeccable (jazzy beat, hip hop). http://www.budabeats.com/

8bit People : 8-bit est un style de musique électronique inspiré du son des anciennes consoles de jeu 8 bit. Les musiques 8-bit sont composées de sonorités rappelant une ère technologique pouvant être vue aujourd’hui comme primitive et « dépassée » (sons de Game Boy et consoles Atari). http://www.8bitpeoples.com/

Une petite sélection côté netlabels français :

IOD : sous division du label SEM Sem est un netlabel spécialisé dans l’electro ambient. Magnifique album de remix de Montero + Navarro. http://semlabel.com

Petite & Jolie : était un netlabel français assez récent musique électronique electronica, influence WARP, design kitch. http://www.petitejolie.com/

Freshpoulp : est un netlabel français plutôt orienté vers l’electro dub mais avec aussi beaucoup d’autres choses. http://www.fresh-poulp.net/

Rain Music : était un netlabel orienté musiques lo-fi, acoustiques et intimistes bricolés (dont le musicien GoGooo). http://rainmusic.free.fr/

Les Diks qui sautent / Et mon cul c’est du tofu ? : esprit BD avec le dessinateur David Snug musicien dans Snug trio (humour, dérision, second degré…) http://lesdiksquisautent.free.fr/ http://etmonculcestdutofu.free.fr/

Vaatican Records : était un netlabel dans l’esprit des 2 suscités. http://gestroco.club.free.fr/

Jamendo : Il s’agit pas d’un netlabel mais d’une plateforme de distribution de musique libre grand public avec un grand panel de genre musicaux à son catalogue : pop, folk, country, jazz vocal, punk, électro… Jamendo est un site Web qui propose des albums de musique en téléchargement gratuit. Mais c’est une structure qui génère aussi des bénéfices à travers les dons des internautes ou la vente de licence libres ou de services. http://www.jamendo.com/fr/

Dogmazic : Site créé par l’Association bordelaise Musique Libre ! qui milite sur le web et dans le réel depuis 2004, pour que la musique soit accessible à tous, dans le respect des droits d’auteurs. Elle accueille chaque jour sur son site http://www.dogmazic.net des artistes et labels de tous pays, qui ont choisi d’autoriser le public à télécharger leurs créations grâce à des licences dites ouvertes, comme les Creative Commons ou la licence Art Libre. Outre sa documentation, l’Association Musique Libre ! propose des formations ou des conférences sur les licences ouvertes et leur écosystème culturel.

Le blog Netlabel Revue (http://netlabelsrevue.blogspot.com/) a donc été créé en 2006. On y trouve une chronique par semaine environ avec généralement 2 titres en écoute, des interviews ainsi que des liens. En fin d’année Benoît Richard propose également son top album.

Les Netlabels connaissent un certain essoufflement depuis 2 ans, face à l’apparition de nouveaux outils comme Bandcamp ou Souncloud vers lesquels se tournent plus facilement les musiciens. Là aussi la démarche individuelle prend le dessus face au projet collectif.

 

Compte rendu d’expérience autour de l’offre de streaming de Calice68 & MusicMe par Bruno Neveux (Médiathèque de Guebwiller, réseau de la Médiathèque Départementale du Haut Rhin)

 

Xavier Galaup est à l’initiative de ce partenariat, grâce notamment au catalogue en ligne centralisé des médiathèques du Haut Rhin, sous l’égide du Département du Haut Rhin. Dans un contexte de baisse de prêts depuis quelques années des disques compact et l’ouverture de 5 bibliothèques sans collections de CD, une réflexion s’est ouverte sur la possibilité pour les bibliothèques de proposer une offre de streaming aux usagers. Le choix s’est porté sur MusicMe : par rapport au large panorama de styles musicaux proposés notamment (sur la base d’un comparatif statistique avec d’autres sites de streaming) et au nombre de références en écoute (4 millions de titres). MusicMe a accepté d’offrir un accès au Conseil Général sur son site.

Le site (http://calice68.mt.musicme.com/) propose donc aux abonnés des médiathèques du Haut Rhin, via un compte par leur abonnement une écoute illimitée et une sélection d’écoutes. Cette plateforme connaît un franc succès auprès des usagers et compte 380 abonnés.

Concernant le coût, la licence plus l’hébergement des radios s’élève à 6000 euros. Le Conseil Général a pour le moment pris l’intégralité du coût en charge. L’expérimentation prendra fin en 2011. A partir de 2012 une nouvelle grille tarifaire sera introduite par tranche d’abonnés de 1 à 500.

Pour lancer ce service, il y a eu une communication auprès des usagers, notamment à l’aide de marques pages. La gratuité, l’absence de publicité et la présence de nouveautés ont été avancées pour attirer le public.

Concernant la gestion administrative, chaque bibliothèque a un accès pour inscrire et activer ses adhérents. Cela nécessite une gestion régulière (vérification tous les deux jours environ pour les demandes d’ouverture de compte et pour la mise à jour des inscriptions).

Pour les fonctionnalités, les playlists ne sont pas participatives. Il faudrait envisager un travail en réseau pour des playlists participatives pour les professionnels. Accès par genre musical ou par recommandation (musicmix). Possibilité de créer des radio, c’est à dire une playlist de plus de 20 titres. Le contrôle de l’accueil du site se travaille en réseau.

Les usagers veulent généralement savoir s’il s’agit du fonds CD de la médiathèque numérisé ou non et s’il y a possibilité de télécharger les titres. Les retours sont dans l’ensemble très positifs.

Quelques remarques : les disques en rayons dans les médiathèques ne sont pas signalés sur le site. La richesse du catalogue trouve ses limites dans la recherche de références plus pointues ou plus anciennes. L’évolution prévoit la possibilité de donner accès aux musiciens locaux ceux ci devant envoyer leur disque à MusicMe et remplir une charte les liant au service.