La dématérialisation en questions dans les bibliothèques publiques

  • Par administrateur
  • 22 août 2006
  • 0
  • 535 Vues

Au printemps 2006, j’ai transmis, via la liste « discothecaires_fr », un questionnaire portant sur la dématérialisation de la musique et ses conséquences à terme sur le métier de bibliothécaire musical.

Quel avenir, quelles perspectives pour le métier de bibliothécaire musical, compte tenu du phénomène de la dématérialisation de la musique et de ses conséquences, en particulier sur les habitudes de « consommation » de la musique. Problématique : menace ou chance à saisir ?
bibliothécaire musical : un métier en mutation ?
quelle(s) évolution(s) envisager ?

Pascal Arvin-Bérod (Bibliothèque municipale Thonon-les-Bains)

Je voudrais d’abord remercier la trentaine de collègues abonnés à la liste qui a bien voulu répondre à ces questions. La plupart ont apporté des commentaires instructifs et des réflexions intéressantes quant à leur perception des transformations en cours.

J’ai confronté les réponses et essayé d’en tirer un commentaire synthétique que je vous livre et qui j’espère, se poursuivra par des échanges sur cette liste.

Le texte du questionnaire est consultable en pièce jointe en bas de l’article)

1. La perception du phénomène : Vous avez dit :  » dématérialisation  » ?

L’avenir des bibliothécaires musicaux est donc placé sous le signe de mutations de nature à remettre en question une partie des repères et habitudes de la profession et de ses missions en cours depuis près d’un demi-siècle.
L’une des questions principales, la première qui s’impose lorsqu’on parle  » dématérialisation « , réside dans l’avenir du support, en l’occurrence le cd, dont on annonce ici et là la disparition prochaine.

Une forte majorité (précisément les deux tiers des interrogés) estime que le disque compact a encore de beaux jours devant lui, qu’il pourrait coexister avec la musique dématérialisée. Un tiers pense que le disque compact ne devrait pas disparaître avant cinq à dix ans. Aucun n’entrevoit en tout cas cette disparition dans les cinq années à venir.

Mais revenons-en au terme même de  » dématérialisation « . Chacun s’accorde sur la définition d’une musique qui n’est plus véhiculée sur un support matériel. Qu’ils emploient les termes de  » numérisation « , de  » musique en ligne « , de  » transmission par réseaux informatiques « , de  » nouvelles technologies « ,  » téléchargement « ,  » mp3 « ,  » révolution numérique « ,  » équipements spécifiques de lecture « ,  » passage du contenant au format  » ou même de  » flou, impalpable et non existence « , la cause de tous ces questionnements est clairement entendue, identifiée et décrite.

Toujours sur cette disparition éventuelle – pas pour demain visiblement – du support CD, et dans un cadre global, dépassant le seul contexte bibliothécaire, il est intéressant de s’arrêter sur les commentaires livrés par les uns et les autres.

Beaucoup prennent l’exemple du disque vinyle pour argumenter sur l’idée qu’un support ne disparaît pas du jour au lendemain, simplement chassé par un autre support. Voici quelques uns des commentaires recueillis :
 » on peut envisager que les évolutions logicielles rendent obsolète la galette CD, mais ce n’est pas pour tout de suite « ,
« Toutes les musiques ne se trouvent pas sur le net et il n’est pas dit qu’elles le soient un jour « ,
 » Les infos sur la radio, la télé et Internet n’ont pas supplanté le journal papier, le support enregistré n’a pas supplanté la partition, le support matériel de musique enregistrée se perpétuera, mais le format cd évolue déjà (SACD…). « 

Certains soulignent par ailleurs le côté affectif que présente l’objet CD. Ainsi :
 » Le rapport à l’objet me paraît essentiel pour une partie non négligeable des auditeurs. Le boîtier physique (livret avec textes, images) multiplie les sensations mises en jeu dans la découverte d’une oeuvre. En plus de l’ouïe, la vue et le toucher sont sollicités. « 

Cette opinion est partagée par un certain nombre, même s’il s’en trouve certains pour estimer que  » Le CD, mises à part quelques éditions, reste un objet plutôt laid, sans grand intérêt hormis son contenu. Les gens s’y attachent donc peu. Le CD peut donc disparaître très rapidement, dès que le marché de musique  » dématérialisée  » sera plus fiable qu’il ne l’est aujourd’hui. « 

La plupart des bibliothécaires musicaux ayant répondu au questionnaire imaginent davantage, en l’exprimant ou le sous-entendant, une  » coexistence  » :  » J’imaginerais plutôt la cohabitation d’un support disque de haute qualité destiné aux mélomanes avec celle des formats compressés pour une pratique nomade « , ou encore :  » Il me semble que le support vivra au moins aussi longtemps que la génération qui l’a vu naître et qu’il y aura des personnes qui auront envie de se faire plaisir en s’offrant un disque. « 

Aussi longtemps… que possible, puisque, comme le fait remarquer un bibliothécaire,  » le support CD (ou DVD) est un dérivé du sacro-saint Pétrole et que, par conséquent, avant que la source ne soit complètement épuisée, la raréfaction de cette matière première risque fort d’engendrer une hausse des coûts. A moins de trouver une autre matière pour le support, avec un rapport qualité / prix au moins égal, cela aura forcément une incidence sur notre travail. « 

Moins souvent mise en avant mais pourtant tellement décisive dans l’évolution de la consommation dématérialisée de la musique, demeure la question de l’égalité dans l’accès à la culture et de la musique en particulier :  » La forte augmentation d’Internet, présent dans les foyers, cache tout de même une grande fracture numérique. Par conséquent, les individus n’ayant pas d’accès sur Internet ne pourront participer à ce nouveau mode de consommation musical. « 

2. L’avenir du métier de bibliothécaire musical : Vous avez dit :  » adaptation ! « 

Si l’inconnue de cette fameuse dématérialisation demeure le délai avec lequel elle aura eu raison du support, son caractère inéluctable pousse les bibliothécaires à s’interroger sur les conséquences de ce phénomène sur leur métier.

Tous s’accordent pour dire que cela ne sera pas sans incidences sur la profession, même s’ils sont partagés sur leur ampleur. En effet, une moitié des professionnels interrogés avoue sa relative difficulté à les évaluer. Pour ce qui est de les imaginer concrètement, près de la moitié se les figure avec une relative difficulté également, cette difficulté devenant  » grande  » pour un quart. Pour autant, s’ils sont un tiers à envisager les transformations de leur métier dans une inquiétude relative, ils sont tout autant à se déclarer  » ni inquiet ni confiant « , le dernier tiers confessant même une  » relative confiance. « 

Ici encore, attachons-nous aux commentaires. On relève deux constantes. D’une part, une réelle incertitude quant à cet avenir professionnel :  » Il paraît difficile d’argumenter car la question demeure sans réponse  » ou encore :  » Nous avons conscience de vivre une véritable révolution des modes de consommation de la musique enregistrée mais nous ne savons pas comment nous allons pouvoir intégrer ceux-ci dans nos missions (…) Beaucoup de paramètres sont à prendre en compte, impossibles à mesurer précisément aujourd’hui… « 

D’autre part, beaucoup s’accordent sur une nécessaire adaptation. Voici comment ils l’expriment :  » Ne devrions-nous pas nous recentrer sur notre rôle de découvreur et de diffuseur de talents, d’esthétiques peu connues ou nouvelles ?  » …  » La profession a toujours fait preuve d’une grande capacité d’adaptation  » …  » A la profession de s’adapter  » …  » Ce n’est pas parce que la musique se dématérialise que la profession perd de son sens. Il y aura toujours un travail de médiation à réaliser  » …  » On peut considérer que c’est l’occasion pour les bibliothécaires de se recentrer sur un travail autour des contenus (indexation, recherche d’info… )  » …  » Une grande part de notre métier en lecture publique : faire passer, découvrir, orienter, proposer. Je pense qu’on peut le faire avec n’importe quel média, reste à en trouver les modalités. Je ne crois pas (…) que cette dématérialisation sonnera le glas des discothèques. « 

D’autres envisagent leur propre avenir avec pessimisme, d’autres avec optimisme, c’est selon :  » c’est ma participation aux journées de Nantes (Rencontres nationales des bibliothécaires musicaux organisées par l’Acim en avril 2006, ndr) qui a déclenché ma prise de conscience de la dématérialisation (…) Tout cela paraît très loin de mes préoccupations. Je suis démobilisée. Je ne me vois pas trouver de nouvelles perspectives d’avenir et envisage de me reconvertir. « 
 » J’envisage de me reconvertir « , confie une autre personne, qui a  » l’impression de devenir animatrice, et plus discothécaire « .

D’autres abordent l’avenir plus sereinement :  » Je reste curieux et intéressé quelque soient les perspectives. Heureusement qu’il y a des bouleversements, de la dynamique dans une profession à laquelle je me destine. « 

Nous avions ensuite posé la question de la fréquentation des secteurs musique des bibliothèques publiques. Il s’agissait de savoir quelle courbe suivait celle-ci : ascendante, descendante, stable, et de savoir si cette donnée pouvait, selon les bibliothécaires musicaux, être mises en corrélation avec les pratiques liées à la dématérialisation de la musique.
Nous ne nous étendrons pas sur l’analyse des réponses à cette question. Certains établissements connaissent un net fléchissement quand d’autres affichent une toute aussi nette progression. Les types d’établissement ainsi que les contextes politiques, économiques, sociaux et culturels des régions dans lesquelles ils sont implantés et d’autres paramètres font qu’il serait hasardeux de porter une analyse objective et plus encore d’en tirer des conclusions.
En revanche, on peut noter que le sujet n’est pas souvent abordé par les bibliothécaires musicaux avec le public qu’ils accueillent.

3. L’environnement professionnel : Et autour de vous ?

Se faire une idée du regard posé par des professionnels issus du plus proche environnement des bibliothécaires musicaux nous a paru intéressant.

Si l’on s’en réfère aux réponses recueillies, on constate que les collègues travaillant dans le secteur musique, aux côtés de ceux qui ont répondu, se sentent concernés par ces questions. Concernés mais pas tous au même point. Ceux qui ont renvoyé le questionnaire sont en effet (seulement ?) une moitié à juger leurs collègues  » relativement concernés . » Quant aux autres, ils sont aussi nombreux à juger leurs collègues  » pas du tout concernés  » et  » très concernés « .

Loin de nous l’intention de conférer à ce dépouillement une valeur scientifique ni d’en tirer une conclusion directe sur l’avenir et les mutations qu’il réserve. Mais il semble indiquer tout de même que ces mutations ne sont pas envisagées par tous avec la même approche. On pourrait lire, à travers ces réponses, une certaine prudence, entre perplexité et sérénité.
A plusieurs reprises, les commentaires sur cet intérêt pour la question lorsqu’il est  » relatif  » ou  » inexistant « , insistent sur le fait que ces mutations ne sont pas imminentes. Toutefois, à plusieurs reprises également, il est question, pour ne citer qu’un seul de ces commentaires, de cette  » crainte de rater le coche, de ne pas voir le réseau évoluer assez vite pour répondre à la demande des usagers et paraître ringard en matière d’offre documentaire. Le cadre législatif peut nous contraindre à l’immobilisme.  » Cette dernière phrase fait écho à cet autre commentaire :  » Tout va très vite (…) Dans les collectivités territoriales, les prises de conscience et les décisions sont parfois très longues. « 

Voilà pour ce qui est du ressenti concernant les collègues du même secteur. Cette même question appelle des réponses sensiblement différentes lorsque nous demandons aux bibliothécaires musicaux d’estimer l’intérêt porté cette fois-ci par leurs alter-ego en général : ceux qu’ils croisent ponctuellement lors de rencontres professionnelles ou d’échanges entre bibliothèques, ceux qu’ils lisent sur les listes de discussions ou dans les compte-rendus de journées d’étude sans forcément les côtoyer. Pour près de la moitié des bibliothécaires interrogés, ces collègues leur paraissent  » très intéressés « .

Comme l’ont prouvé les récentes rencontres de l’ACIM à Nantes et pour citer un commentaire,  » chacun a son avis, ses précisions qu’il est intéressant de partager.  » La remarque est loin, cependant, de confiner à l’optimisme béat.  » Trop peu de formations en musique dans les régions, pour rencontrer partenaires et collègues « , peut-on lire par exemple. Un autre estime que  » pour quelques uns qui s’expriment sur le sujet, il y a la grande masse des autres dont on ne sait strictement rien.  » Autre remarque, partagée on l’imagine par quantité de professionnels :  » il est difficile de s’extraire de sa propre situation pour envisager l’évolution du métier. « 

Poursuivons notre enquête sur le proche entourage professionnel des bibliothécaires musicaux, en nous éloignant davantage du coeur de ce cercle. En d’autres termes, quittons les secteurs musique pour aller à la rencontre des collègues des autres secteurs, en l’occurrence les collègues du livre et ceux des secteurs dédiés à la jeunesse.
Là aussi, une réponse recueille, si l’on peut dire, près de la moitié des suffrages, qui est la suivante :  » pas du tout concernés « , l’option  » relativement intéressés  » rassemblant un large quart des réponses. Qu’indiquent les commentaires ? Eh bien, pêle-mêle, que  » les bibliothécaires sont aussi consommateurs de musique « , mais aussi, pour certains, que  » la question paraît bien lointaine « , ou encore que  » cela varie tellement en fonction de la personne.  » Quelques autres commentaires laissent poindre une certaine ironie :  » Déjà, le prêt de CD est difficile à faire passer, alors la dématérialisation… « , mais aussi :  » Je vais être sournois mais pour certains c’est un juste équilibre des choses. Ainsi, le disque compact serait amené à des taux de rotation comparables à ceux des secteurs documentaires ou ceux de la fiction  » avant d’ajouter :  » Plus sérieusement, je pense que l’ensemble des secteurs documentaires se sentent concernés par la dématérialisation à des niveaux et des échanges différents certes, car la musique se prête mieux à ce type d’échange de données. « 

Dirigeons-nous à présent vers la périphérie du cercle professionnel des bibliothécaires musicaux. Quel intérêt semblent porter les responsables d’établissement, les élus, en un mot les décideurs, sur cette dématérialisation et les enjeux qu’elle suppose, sur les conséquences concernant cet outil culturel au service de la population ? Les réponses varient davantage, puisqu’à quelques unités près, les réponses  » pas du tout « ,  » relativement  » et  » très intéressés  » recueillent peu ou prou le même nombre de réponses. Nous pensons toutefois qu’il ne faut pas prendre ce résutat à la lettre, ou bien les nuancer, comme l’indiquent certains commentaires.  » Pas de contact avec les élus  » …  » Ce n’est qu’une impression « , etc…
Cependant, certaines réponses sont affirmées :  » ils sont très en demande d’info et de processus d’anticipation  » …  » Ma Direction a engagé une personne chargée de suivre attentivement l’évolution d’Internet et de faire des propositions pour l’avenir.  » On lit aussi :  » Quand intérêt il y a, ce n’est pas toujours sans arrière-pensée (le virtuel est valorisant, moderne, sexy, plus que la constitution, plus coûteuse et dévoreuse d’espace). Or la question est beaucoup plus complexe, on le sait. « 

4. Les sources d’information : Vive Discothecaires_fr !

Une autre question posée aux bibliothécaires musicaux a consisté à les interroger sur leurs sources d’information. Si les deux tiers se déclarent  » relativement informés « , le dernier tiers  » bien informé « , ils sont également deux tiers à considérer qu’au travers des médias qui rendent compte, depuis plusieurs mois, des débats liés au droit d’auteur, la spécificité du métier de bibliothécaire musical n’est  » jamais abordée « , un tiers estimant qu’elle l’est  » insuffisamment « . Parmi les commentaires sur cette relative impasse (ignorance ?) :  » C’est quoi un bibliothécaire musical ? J’ironise ! « , ou :  » Il a fallu une mobilisation sans précédent des associations professionnelles pour arriver à faire figurer dans le texte de loi française l’idée (l’ébauche ?) d’une exception bibliothèques. C’est tout dire ! Cela vient surtout du fait que le débat a avant tout porté sur les questions privées, du coup on a eu du mal à faire entendre la voix des institutions culturelles qui sont pourtant directement concernées. « 

Il était intéressant de savoir quelles sources d’information avaient la préférence des professionnels de la documentation musicale. S’il fallait dresser un palmarès, la plus haute marche du podium serait occupée (sans besoin de recourir à la photo-finish !) par  » discothecaires_fr « . Les listes de discussion professionnelle sur Internet sont plébiscitées, citées en tant que sources premières d’information sur ces questions (une seule fois au-delà de la troisième place). La liste  » discothecaires_fr  » est d’ailleurs présente dans de nombreux commentaires.  » Surtout discothecaires_fr « , soulignent plusieurs d’entre eux.  » Les listes de discussion professionnelles sont une véritable bouée de sauvetage « , peut-on lire également.

On ne peut s’empêcher en tout cas de constater, amusant paradoxe, que l’outil à l’origine de la dématérialisation est justement la source d’information privilégiée par une profession qui s’interroge sur cette dématérialisation.
Les autres sites Internet et autres listes de discussion non professionnelles arrivent en seconde position de ce classement officieux, mais… ex-aequo avec la presse écrite générale. On trouve ensuite, sur un palier inférieur, la presse spécialisée et les outils de documentation professionnelle. La télévision est bonne dernière (pour presque tout le monde). Quant aux collègues, ils sont dans le milieu du tableau.

5. L’appropriation des techniques numériques : Et vous ?

Une autre question s’imposait. Ceux qui s’apprêtent à vivre cette dématérialisation dans leur métier, au quotidien, se la sont-ils appropriée ? En d’autres termes, les bibliothécaires musicaux téléchargent-ils, s’échangent-ils des fichiers musicaux, surfent-ils sur les sites musicaux ?
Un tiers se dit  » assez familier  » de la musique en ligne, tandis qu’un autre tiers s’avoue  » peu familier « , le dernier tiers se partageant entre  » étrangeté  » et  » assiduité « .

Les bibliothécaires musicaux ne sont pas forcément plus rompus que le public qu’ils accueillent aux nouvelles technologies. Certains disent avoir beaucoup téléchargé ( » dans une période correspondant à mes débuts dans le métier, donc avec un gros appétit « ) quand d’autres ne disposent pas d’accès haut débit. On relève aussi les commentaires suivants :  » J’ai tout sur place, pas besoin de me fatiguer à télécharger je n’ai pas de besoin addictif à la musique  » ou :  » Je reste attaché au support physique. Internet et le P2P m’ont permis de vraies découvertes. « 

Si les bibliothécaires ne sont pas tous, loin s’en faut, férus de P2P et accros au mp3, les mutations que la musique dématérialisée va indéniablement provoquer dans leur univers professionnel les interpellent. A défaut d’un unique scénario qui indiquerait la direction à prendre, à défaut d’une représentation concrète de la bibliothèque musicale de demain, ils maintiennent une veille plutôt active, sachant où aller cueillir l’information, désireux de la partager plus qu’ils ne le font habituellement avec leurs collègues, afin de ne pas manquer le bon wagon. Si la musique dématérialisée en bibliothèque n’est pas imminente, elle est inéluctable. Les professionnels de la documentation musicale le soulignent : plus que d’adaptation, c’est d’anticipation dont il faut faire preuve. Et si les questionnements ont encore le dessus sur les certitudes, certains établissements semblent avoir déjà franchi le pas.