2 – La musique francaise à l’époque de la Renaissance (XVIe), au Grand Siècle (XVIIe) et au siècle des Lumières (XVIIIe)

  • Par administrateur
  • 12 avril 2002
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La musique et son contexte en France : 2ème partie

La Renaissance

Où est née la Renaissance ?

En Italie : à Florence, click Rome, tadalafil Venise, Milan. On peut la faire débuter vers 1350 avec 2 grands auteurs : Pétrarque et Boccace. Mais le véritable age d’or de la Renaissance italienne se situe entre 1450 et 1500 (soit moins d’un demi-siècle).

Pour Jean Delumeau, la Renaissance est « l’époque où la civilisation de l’Europe a de façon décisive distancée les civilisations parallèles. »

La Renaissance commence d’abord avec une autre façon de concevoir l’histoire :

Les historiens de la Renaissance rejètent la division médiévale chrétienne de l’histoire, à savoir :

- la Création,
- la venue de Jésus-Christ
- le Jugement dernier.

A la Renaissance, la vision de l’histoire comporte également trois parties :

- elle débute par l’Antiquité,
- suivie par le Moyen Âge (l’âge du milieu),
- et enfin l’âge d’or de la Renaissance qui vient de commencer.

Le terme de « Moyen Âge » » semble avoir été utilisé pour la première fois par Flavio Biondo de Forlí, secrétaire apostolique à Rome, dans Historiarum ab inclinatione Romanorum imperii decades (« Décades historiques depuis le déclin de l’Empire romain »), écrites dans les années 1450 et publiées en 1483. Pour cet historien humaniste, le terme évoque l’idée d’une mise entre parenthèses du temps, d’une interruption du progrès ; cette période de stagnation culturelle se situe entre la gloire de l’Antiquité classique et la renaissance de cette gloire, au début du monde moderne. C’est seulement au XVIIe siècle que l’emploi du terme se généralise.

Alors que les savants médiévaux condamnent le monde païen grec et romain, peuplé selon eux d’ignorants et de barbares. Dès le XIVe siècle, les savants, philosophes et historiens italiens admirent les oeuvres des Anciens et s’en inspirent. Relativisons toutefois cette conception un peu simpliste d’une culture médiévale rejettant la pensée antique.

Ils proclament leur propre époque comme celle de « la renaissance » des classiques grecs et Romains. C’est ce courant de pensée que l’on a appelé Humanisme.

Quand commence la Renaissance en France ?

- en 1450 avec l’imprimerie ?
- en 1491 avec la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb ?
- réellement plus tardivement en 1515 avec le début du règne de François 1er,(1494-1547), et la victoire de Marignan. François 1er s’empare du Milanais et rapporte dans ses bagages la culture italienne.

La Renaissance française va s’étendre sur le XVIe siècle du règne de François Ier à celui d’Henri IV.

C’est une période d’intense de création littéraire et artistique : citons quelques écrivains et poètes : Pierre de Ronsard, Joachim Du Bellay, Jean Antoine de Baïf, François Rabelais, Michel Eyquem de Montaigne, et Clément Marot

Y-a-t-il une musique de la Renaissance ?

Musicalement la Renaissance n’introduit aucune réelle rupture stylistique.

Comme on l’a vu, la Renaissance musicale reste l’œuvre de l’école franco-flamande et non d’une école italienne.

En musique, la référence à l’Antiquité demeure une impasse ; la raison en est simple : aucun exemple de musique grecque ou romaine n’a survécu : l’imitation des anciens s’avère donc ici impossible (à l’inverse de l’architecture et de la sculpture comme le fit l’architecte Leon Battista Alberti (1404-1472) en commentant Vitruve « De architectura »).

Les musiciens de la Renaissance connaissent le pouvoir fabuleux accordé à la musique dans la mythologie : Orphée devient à cette époque une figure emblématique.

J’ouvre une petite parenthèse sur

la valeur symbolique accordée à la musique dans le monde antique

Le terme même de mousikê est grec et désigne l’art des Muses par excellence, la part de l’éducation qui, pour Platon, prépare l’âme de l’Homme au Bien par le Beau.

Les Muses, dans la mythologie grecque, sont neuf déesses, filles du dieu Zeus et de Mnémosyné, déesse de la Mémoire. Les Muses président aux arts et aux sciences ; elles inspirent les artistes, principalement les poètes, les philosophes et les musiciens :

- Calliope est la muse de la Poésie épique,
- Clio celle de l’Histoire,
- Euterpe celle de la Poésie lyrique,
- Melpomène celle de la Tragédie,
- Terpsichore du Chant choral et de la Danse,
- Érato de la Poésie amoureuse,
- Polymnie de la Poésie sacrée,
- Uranie de l’Astronomie
- et Thalie de la Comédie.

Quelques épisodes où la musique intervient dans l’histoire ou la mythologie grecque :

- La musique est associée au Dieu Apollon, dieu solaire bienveillant mais aussi sanguinaire. Il écorche vif un des ses concurrents après un concours de musique. Son instrument de prédilection : la lyre, constituée d’une carapace de tortue, d’une peau de vache et de boyaux de mouton. Un instrument un peu macabre…

- Les sirènes et Ulysse. Le chant peut devenir une arme de mort.

- L’arc d’Ulysse, qui tue les prétendants de Pénélope, résonne comme la corde d’une cithare

- Mort de Socrate. « Socrate, la veille de sa mort, est en train d’apprendre un air de flûte. « À quoi cela te servira-t-il ? lui demande-t-on. – À savoir cet air avant de mourir. » »

- Le mythe d’Orphée

Petit rappel : Les tragédies grecques n’étaient pas déclamées mais chantées.

Extrait : Fragment de papyrus (3e ou 2e siècle av JC) conservé à Vienne, trouvé en Egypte à Hermopolis : Fragment d’un chœur de la tragédie « Oreste » de Euripide (480-406 avant J.C.)

Clément Janequin (1485-1558)

Maître de la « chanson parisienne », Janequin passe les 25 premières années de sa vie dans le Bordelais. En 1549, il s’installe à Paris et devient chantre ordinaire du roi. A l’âge de soixante-dix ans, il décide de devenir étudiant et entre à l’Université de Paris. Ses fonctions à la chapelle royale assurent son existence mais ne l’empêcheront pas de mourir dans la pauvreté.

Clément Janequin apparaît comme le maître de la chanson polyphonique du XVIe siècle, surtout dans le domaine de la musique profane. Son nom reste attaché aux Amours de Ronsard, à quelques poèmes de François Ier qu’il illustre musicalement, et à ceux également de Clément Marot.

La partie la plus originale et la plus célèbre de son œuvre est la chanson descriptive. Ce sont de grandes chansons ponctuées d’interjections, de cris, de paroles et d’onomatopées qu’on peut considérer comme les ancêtres de « la musique à programme ». Parmi celles-ci, on peut citer :

- Le Chant des oiseaux ;
- La Guerre (la bataille de Marignan), un texte truffé d’onomatopées qui ressemble à du Henri Michaux
- La Chasse (« Gentils veneurs », retraçant les péripéties d’une chasse de François Ier en forêt de Fontainebleau) ;
- Les Cris de Paris (ceux des marchands ambulants)
- Le Caquet des femmes

Ces oeuvres lui valurent une renommée européenne, alors que la France ne l’avait pas encore reconnu à sa mort. Voici l’hommage du poète Jean Antoine de Baïf à Janequin :

 » … Soit que représenter le vacarme il ose,
Soit qu’il joue en ses chants le caquet féminin,
Soit que des oisillons les voix il représente,
L’excellent Janequin, en tout cela qu’il chante
N’a rien qui soit mortel, mais il est tout divin. « 

- Extrait n° 11 : La guerre

extrait de la bataille de Marignan (auteur et compositeur Clément Janequin)

France courage, courage
Donnez des horions
Chipe, chope, torche, lorgne
Pa ti pa toc tricque, trac zin zin
Tue ! à mort ; serre
Courage prenez frapez, tuez.
Gentilz gallans, soyez vaillans
Frapez dessus, ruez dessus
Fers émoluz, chiques dessus, alarme, alarme !
Courage prenez après suyvez, frapez, ruez
Ils sont confuz, ils sont perduz
Ils monstrent les talons.
Escampe toute frelore la tintelore
Ilz sont deffaictz
Victoire au noble roy Francoys
Escampe toute frelore bigot.

- Extrait n° 12 : Plus ne suys (poème de Clément Marot)

Plus ne suys ce que j’ai estes
Et si ne le puys jamais estre
Mon beau printemps et mon este
Ont faict le saut par la fenestre.
Amour tu as este mon maistre.
Je t’ay servy sur tous les dieux.
O si je pouvoys deux foys naistre
comme je te serviroys mieulx.

- Extrait n° 13 : Frère Thibault, séjourné, gros et gras (poème de Clément Marot)

Frere Thibault, sejourne, gros et gras,
Tiroit de nuyt une garse en chemise
Par le treillis de sa chambre, ou les bras
Elle passa, puis la teste y a mise
Et puis le seing, mais elle fut bien prise,
Car le fessier y passer ne peult onc :
« Par la mort bien, ce dict le moyne a donc,
Il ne m’enchault De bras, tetin ne teste ;
Passez le cul, ou vous retirez donc :
Je ne scauroys sans luy vous faire feste. »

Deux pages très documetnées sur Janequin Une page intéressante sur Janequinhttp://www.musicologie.org/Biographies/janequin.htm

Jean Antoine de Baïf (1532-1589) et l’académie de musique et de poésie.

Jean Antoine de Baïf veut réformé la poésie en l’associant à la musique et en réhabilitant la métrique gréco-romaine (fondée sur les syllabes longues et les syllabes brèves) ainsi va-t-il travaillé avec Claude Lejeune à des chansons en vers mesurés à l’antique.

Claude LeJeune (1528-1600)

Au service du duc d’Anjou, il devient vers 1594, compositeur de la chambre du roi Henri IV. Il compose des messes, motets, psaumes, airs, chansons spirituelles et profanes. Membre de l’Académie de musique et de poésie fondée par A. de Baïf, Le Jeune se consacre à la musique « mesurée », écrite dans un grand respect du texte.

Extrait n° 13 : Perdre le sens devant vous (poème de Jean-Antoine Le Baïf)

La musique au Grand siècle (XVIIe) et au siècle des Lumières (XVIIIe) : une fonction utile à la danse, au texte et au Roi

- En musique, on fait débuter la période baroque en 1600 (naissance de l’Opéra), et on la clôture en 1750, année de la mort de J.S. Bach.

La naissance de la musique baroque coïncide avec la création de l’opéra en Italie, à Florence. Il s’agit d’Euridice de Peri et Caccini.

Le premier chef d’œuvre viendra avec l’« Orfeo : favola in musica » de Claudio Monteverdi à Mantoue en 1607.

Extrait « Orfeo », le prologue

Au début du XVIIe siècle, l’Italie est le centre unanimement reconnu de la musique européenne.

La musique y prend de plus en plus le dessus sur l’expression du texte, au point que le livret n’est plus qu’un « prétexte » à l’expression musicale. Le chant prime sur tout.

Tout pour le beau chant : le « bel canto », quitte même à fabriquer des castrats.

Jean-Baptiste Lully (1633-1687)

Extrait du film Molière de Ariane Mnouchkine

Extrait du film le Roi danse de Gérard Corbiau

Extrait du film : Louis enfant Roi de Roger Planchon

D’origine italienne, Lully a contribué à l’essor de l’opéra en France.

Né à Florence, il arrive en France à l’âge de quatorze ans. Il entre au service de Louis XIV en 1653, comme danseur de ballet, il compose de la musique et occupe une place de violoniste dans un orchestre de la cour. Louis XIV jeune roi, désireux d’acquérir la totale maîtrise politique de son royaume, utilise la musique et la danse (les arts en général) pour accroître le rayonnement de son règne solaire. Lully sera l’un des principaux instruments de sa domination.

Lully, un ambitieux

Lully modifie l’écriture de son nom, reniant l’orthographe italienne Lulli, afin de pouvoir passer, auprès du roi, pour le représentant de la musique française. Collaborant avec Molière, il écrit la partie musicale et chorégraphique de plusieurs comédies-ballets, notamment le Bourgeois gentilhomme (1670).

Courtisan subtil, il sut conserver la faveur du souverain toute sa vie, n’hésitant pas à faire écarter sans scrupules, ses rivaux potentiels, dont Marc-Antoine Charpentier. Exerçant un véritable monopole sur la vie musicale en France, il sut exalter les fastes et la pompe plus que théâtrale de la cour de Louis XIV. La société du spectacle n’est pas née hier !

En 1672, ses intrigues lui permettent d’obtenir la direction – et l’exploitation exclusive – de l’Académie royale de musique.

Lully, inventeur de l’opéra français

Prenant pour modèle les tragédies classiques de ses contemporains, Pierre Corneille et Jean Racine, il se lançe dans une série d’opéras, intitulés tragédies en musique ou tragédies lyriques. Une quinzaine environ dont :

- Cadmus et Hermione (1673),
- Alceste (1674),
- Atys (1676),
- Persée (1682),
- Amadis de Gaule (1684),
- Armide (1686)
- et Acis et Galatée (1686).

Ces partitions majestueuses et solennelles visent avant tout à mettre en valeur la prosodie de la langue française ainsi que des ballets très élaborés.

Ces ballets trouvent leur origine dans les danses de cour. (Voir le film « Le roi danse » où Louis XIV se donne lui-même en spectacle à sa Cour).

Les règles de la tragédie lyrique

Lully codifie les règles de l’opéra français, qui vont lui survivre pendant plus d’un siècle (jusqu’en 1760). Lully a écouté les grands acteurs de tragédie, pour étudier le rythme et la mélodie de la langue, et leur élocution est devenue un modèle pour les airs et les récitatifs. La particularité de l’opéra français réside dans le fait d’être une combinaison de chant, de théâtre tragique, de musique instrumentale et de danse. Lully et Quinault, son librettiste fixent la forme générale de la tragédie lyrique :

- L’action est toujours mythologique ou légendaire, le déroulement est conduit par les dieux et les déesses qui interviennent sans cesse pour perturber ou soutenir les aventures des humains.

- Toute tragédie lyrique qui se respecte débute par un prologue qui n’a souvent aucun lien avec la tragédie qui suit. En fait, il est généralement destiné à vanter les mérites du commanditaire de l’œuvre, assez souvent le roi. Exemple de flagornerie éhontée :« Louis est triomphant, tout cède à sa puissance,/ La victoire en tous lieux fait révérer ses lois./ Pour l’avoir avec nous toujours d’intelligence, Rendons-luy des honneurs dignes de sa présence, Rendons-luy des honneurs dignes des grands exploits, Qui consacrent le nom du plus puissant des Roys » (Thomas Corneille, prologue de Médée de Charpentier)

- Chacun des 5 actes est interrompu par un intermède chant ou dansé qui n’a pas non plus de rapport avec l’action.

- On recourt aux machineries de théâtre, et aux machines volantes, aux feux d’artifices, et aux effets sonores (coups de tonnerre).

- La tragédie lyrique reprend les règles de la tragédie classique : respect des 3 règles d’unité : lieu, temps, action (Selon cette règle, l’intrigue devait former un tout (unité d’action), cependant que la scène devait ne représenter qu’un seul lieu (unité de lieu) et l’action de la tragédie ne devait pas dépasser vingt-quatre heures (unité de temps). Petite disgression : les films de Bruce Willis (Piège de cristal, 58 minutes pour vivre) respectent ces 3 règles du théâtre classique.

- La tragédie en musique donne le spectacle des passions dont le déchaînement aboutit à la terreur et à l’accablement (meurtre, suicide, vengeance, trahison, sacrifice)

- Et à l’inverse de la tragédie dramatique, la tragédie en musique représente la violence et fait intervenir le merveilleux : effet de magie, de sorcellerie.

Argument d’Atys : La déesse Cybèle aime Atys mais celui-ci en aime une autre. Après avoir dans un premier temps favorisé la carrière, Cybèle va déchaîner sa vengeance contre l’ingratitude d’Atys en le transformant en cyprès non sans l’avoir castrer préalablement.

Le déroulement de la scène rappelle la mise en scène d’un film sur la mafia comme « le Parrain » de Coppola. D’abord la séduction ou le service rendu, puis un premier avertissement comme un rappel à l’ordre, enfin la menace de mort.

Extrait n° 14 : Atys, la scène du sommeil

Extrait vidéo : Opéra baroque : Charpentier, Lully, Quinault, Rameau / un film de Gérald Caillat ; Claire Alby ; avec la participation de William Christie, Marc Minkowsky, Jean-Claude Malgoire

Jean-Philippe Rameau (1683-1764)

Rameau figure parmi les plus grands musiciens du XVIIIe siècle, c’est également un théoricien majeur de la musique. Il est contemporain de Jean-Sébastien Bach (1685-1750), d’Antonio Vivaldi (1678-1741).

Né à Dijon, où son père était organiste, Rameau voyage en Italie à l’âge de 18 ans puis s’installe à Paris où il compose son Premier Livre de pièces de clavecin (1706). Il est employé comme organiste dans plusieurs villes françaises, notamment à Dijon, et Clermont-Ferrand, où il demeure jusqu’en 1722, et rédige son Traité de l’harmonie réduite à ses principes naturels (1722). En 1723, il revient à Paris, il enseigne le clavecin et la théorie musicale, publiant en 1726 le Nouveau Système de musique théorique.

Interprète, compositeur et théoricien de la musique, il ne vient à l’opéra que tardivement, à 48 ans. Son premier opéra, Samson (1731), sur un livret proposé par Voltaire, est censuré. Rameau se trouve ainsi involontairement mêlé à 2 controverses au long de sa carrière.

- La querelle des lullistes et des ramistes.

Sa musique est d’abord violemment critiquée par les admirateurs de Lully, qui considèrent le modernisme de Rameau comme une trahison. Rameau s’inscrit malgré ses audaces dans la continuité de Lully. C’est la tragédie en musique « Dardanus » qui fait donc éclater en 1739 une polémique évoquant dans sa forme la fameuse querelle des anciens et des modernes qui avait partagée le monde littéraire vers 1670. Diderot donne de cette querelle musicale une description savoureuse dans un de ses meilleurs ouvrages : le Neveu de Rameau.

- La querelle des Bouffons.

Dans les années 1750, Rameau est de nouveau pris à parti lors de la querelle des Bouffons (1752) par Rousseau et d’autres partisans de la musique italienne comme le Comte de Grimm. Cette violente polémique se développe à l’occasion de la présence à Paris d’une troupe d’opéra comique italien venue représenter La Serva padrona (La maitresse servante) de Pergolèse.

« Je crois avoir fait voir qu’il n’y a ni mesure ni mélodie dans la musique française parce que la langue n’en est pas susceptible ; que le chant français n’est qu’un aboiement continuel, insupportable à toute oreille non prévenue ; que l’harmonie en est brute, sans expression, et surtout uniquement en remplissage d’écolier ; que les airs français ne sont point des airs ; que le récitatif français n’est point du récitatif. D’où je conclu que les Français n’ont point de musique et n’en peuvent avoir, ou que, si jamais ils en ont une, ce sera tant pis pour eux. » Jean-Jacques Rousseau (1753)

Les propos de Rousseau sont surtout le signe d’une aigreur, il a composé un opéra « Le devin du village » (on dirait le titre d’un album d’Astérix) qui n’a pas marché. Il règle ses comptes dans ses articles sur la musique qui sont édités dans l’encyclopédie Diderot et d’Alembert, et dans son dictionnaire de la musique. Il écrit beaucoup sur la musique, notamment dans son traité sur l’origine des langues. Pour lire les écrits de J.J. Rousseau :
– Jean-Jacques Rousseau et la musique 
Les écrits de Rousseau en ligne par un chercheur japonais Yoshihiro Naito.

Ces virulentes polémiques n’éclipsent pas le succès de Rameau en tout cas pas dans l’immédiat. Après la Révolution de 1789, cette musique deviendra peu à peu le symbole des valeurs aristocratiques de l’ancien régime qui a été renversé : une musique précieuse, maniérée, désuète. Elle n’a été réhabilitée et n’a retrouvée sa juste place qu’au le début des années 1980, grâce à Philippe Beaussant et William Christie.

Rameau meurt à 81 ans, pendant les répétitions de son dernier opéra, les Boréades (1764). Outre les tragédies lyriques comme Hippolyte et Aricie (1733), Castor et Pollux (1737), Zoroastre (1749), Rameau composa des opéras-ballets, dont les Indes galantes (1735). La musique de Rameau est dédiée à la danse. Outre ses opéras-ballets, il écrit des partitions de ballet pur, et ses quelque trente ouvrages scéniques font une large place à la chorégraphie.

Extrait n° 15 Les Indes galantes (1735) : opéra-ballet 2ème entrée, scène 5 « Le tremblement de terre » (Les effets sonores) 2ème entrée, scène 6 « Les sauvages » (musique de ballet)

Le classicisme en musique : Gluck à la cour de Louis XVI

La Serva Padrona (1733) de Giovanni Battista Pergolesi qui avait provoqué la querelle des Bouffons est le germe de l’opéra de cette période.

- Christoph Willibald von Gluck (1714-1787), musicien allemand itinérant dans différentes villes d’Europe. Il séjourna 4 ans à la cour de Louis XVI sous la protection de Marie-Antoinette de 1774 à 1779 où il présenta des versions françaises de ses opéras dont l’Orphée et Euridice. Il exercera une influence déterminante sur l’œuvre de Mozart puis sur celle de Berlioz.

- Mozart compose en collaboration avec le librettiste Lorenzo da Ponte, les trois plus grands spécimens du genre : Le Nozze di Figaro (1786), Don Giovanni (1787) et Così fan tutte (1790).

Il faut pour cette période citer deux autres compositeurs d’opéra : André Ernest Modeste Grétry (1747-1813) et François-Adrien Boieldieu (1775-1834) qui aura connu l’Ancien Régime, la Révolution Française, l’Empire et la Restauration.

La musique française au XIXe siècle : Romantisme, réalisme et symbolisme

Discographie
Bibliographie
Quelques liens