Cet article n’a pas d’autre ambition que d’offrir un premier aperçu schématique de la structure d’une convention de catalogage qui se révèle indispensable pour mener correctement une recherche bibliographique. Pour cette même raison, le catalogage des titres uniformes au format UNIMARC ne sera abordé que succinctement.
Pour de plus amples détails, on se reportera soit directement à la norme AFNOR Z 44-079, soit au manuel de catalogage édité sous la dir. de Marie-Renée Cazabon [1], soit aussi ressources proposées sur le site de la BNF et détaillées ci-dessous.
Pour l’identification précise des oeuvres musicales classiques, même si l’existence d’une base de données telle que www.allmusic.com est fort utile, on ne saurait trop recommander d’utiliser en priorité le catalogue classique Diapason édition 2005-2006 [2]
A quoi sert un titre uniforme musical ?
Il est utilisé pour identifier une oeuvre de musique classique publiée, éditée ou enregistrée sous diverses variantes de titre. La construction des titres uniformes est régie par la norme française AFNOR Z 44-079.
Le titre uniforme d’une oeuvre de musique classique, c’est sa description la plus complète sous une forme normalisée.
En effet, une même œuvre peut être connue sous différents titres :
soit quelle possède des variantes ou des surnoms.
soit que ses titres d’usage sont donnés en différentes langues, en fonction de l’origine des éditions ou des enregistrements.
L’accès par le titre propre de la notice de catalogage n’est donc pas toujours suffisant pour retrouver les différentes versions d’une même œuvre au sein du catalogue d’une bibliothèque.
L’éditeur du disque choisit souvent de présenter une œuvre déjà très connue par un titre concis et attractif. Et non par le titre complet qui est moins attrayant.
Pour une seule et même oeuvre, on peut avoir des présentations très hétérogènes :
La 6e de Tchaïkovski
La Symphonie pathétique
Symphonie en si mineur
La plus complète : 6e symphonie, op. 74, en si mineur, « Pathétique ».
Titres en plusieurs langues
L’édition musicale et phonographique est internationale et il est très fréquent de voir sur un disque de musique classique figurer les titres des oeuvres en allemand, en italien, en anglais et en français.
Le problème des graphies multiples se pose pour un titre significatif :
L’oiseau de feu de Igor Stravinski
Der Feuervogel (allemand)
The firebird (anglais)
L’ucello di fuoco (italien)
El pajaro de fuego (espagnol)
Et Stravinsky est d’origine russe, ce qui donne alors « Zar’-ptica » !!!(Mais le Ballet ayant été créé à Paris en 1910, on retient ici la forme française.)
autre exemple :
La Passion selon St Matthieu
Passio music according to St. Matthews (anglais)
Mattäus-Passion (allemand)
La Passione Secondo Matteo (italien)
Le problème se pose aussi pour un titre non significatif :
Concerto pour piano et orchestre en si bémol majeur
Konzert für Klavier und Orchester Nr. 27 B-dur KV 595
Concerto for piano and orchestra in B flat major
Concerto per pianoforte e orchestra in si bemolle maggiore
Pour ces raisons, les titres des oeuvres musicales classiques sont souvent assez complexes à identifier (variante + langue). Il faut donc savoir les lire et les comprendre avant de les décomposer pour constituer le titre uniforme.
Forme et structure d’un titre uniforme musical
Le titre uniforme est écrit entre crochets
Il est toujours associé au nom du compositeur de l’œuvre.
exemple :
Compositeur. – [Titre uniforme]
autre présentation
Compositeur
[Titre uniforme]
Choisir l’orthographe du nom du compositeur
On peut choisir soit la graphie du nom dans la langue de naissance du compositeur soit la graphie du nom francisé.Johann Sebastian Bach ou Jean-Sébastien Bach.
L’une ou l’autre solution paraît acceptable mais il faut se tenir ensuite à son choix de départ ! Pour éviter les cas de conscience, on consultera utilement un dictionnaire biographique des compositeurs. En la matière, la solution idéale est de se référer aux pratiques de la BNF, en consultant l’index des autorités auteurs sur le catalogue BN-Opale Plus.
Il ne faut pas oublier non plus de faire un renvoi sur la notice autorité du compositeur entre les formes rejetées et la forme retenue.
A défaut d’une telle méthode, la recherche par catalogue peut s’en ressentir et ne pas être exhaustive
Pire pour certains compositeurs cela peut influer sur le rangement.
Exemple : Chostakovitch, Dimitri ou Sostakovic, Dmitrij Dmitrievic.
Certains disques pouvant se retrouver rangés à CHO d’autres à SOS.
Il faut donc veuiller à la cohérence du catalogue et des collections.
Quelques noms dont les variantes sont « problématiques » :
Georg Friedrich Haendel | George Frideric Händel |
Modeste Moussorgski | Modest Mussorgsky |
Jean-Baptiste Pergolèse | Giovanni Battista Pergolesi |
Arnold Schoenberg | Arnold Schönberg |
Alexandre Scriabine | Alexander Scriabin |
Igor Stravinski | Igor Stravinsky |
Piotr Ilyitch Tchaïkovski | Pjotr Iljitsch Tschaikowsky |
Constituer un titre uniforme lorsque le titre de l’oeuvre est significatif
Scientifiquement le titre doit être donné dans la langue originale du compositeur ou du lieu où elle a été créée.
La Flûte enchantée de Mozart >>
Mozart, Wolfgang Amadeus. – [Die Zauberflöte]
Les Maîtres chanteurs de Nuremberg de Wagner >>
Wagner, Richard. – [Die Meistersinger von Nürnberg]
Le Trouvère de Verdi
Verdi, Giuseppe. [Il Trovatore]
Contre-exemple : « Le sacre du printemps » de Stravinski a été créé à Paris en 1913, ici également on choisit c’est donc le titre français que l’on choisit pour le TUM, et non le titre russe « Vesna svâsennaâ ». Ce qui en soit n’est pas un mal !
Constituer un titre uniforme lorsque le titre de l’œuvre n’est pas significatif
Un titre uniforme peut être constitué de 5 mentions distinctes :
1. La forme musicale
2. La distribution
3. La numérotation
4. La tonalité
5. Le surnom
Important : chaque partie du titre uniforme est séparée de la suivante par un point.
1. La forme musicale
On mentione d’abord le genre, ou la forme de la composition musicale, en français et au pluriel
Exemples :
Mozart, Wolfgang Amadeus. – [Concertos.
Beethoven, Ludwig von. – [Sonates.
Schumann, Robert Alexander. – [Lieder…
Remarque : Les certains genres ou formes d’œuvres vocales sont les premiers mots du texte mis en musique : Requiem, Te Deum, Ave Maria, Stabat Mater, Salve Regina, …
On les fait donc figurer au singulier.
Exemples :
Mozart, Wolfgang Amadeus. -[Requiem. KV 626. Ré mineur]
2. La distribution vocale ou instrumentale
C’est la répartition des instruments ou des voix pour l‘interprétation d’une œuvre.
Bach, Jean-Sébastien. – [Sonates. Violoncelle…
Beethoven, Ludwig van. – [Quatuors. Cordes…
Pour renseigner correctement cette mention, il est nécessaire de connaître les familles d’instrument et les tessitures vocales. La tessiture : c’est le registre moyen d’une voix de l’aigü au grave : soprano, mezzo-soprano, alto, contralto, ténor, baryton, basse.
Lorsqu’il y a plusieurs interprètes, la distribution doit être donnée dans un ordre précis :
d’abord les voix (de l’aigu au grave),
les instruments à clavier,
les instruments à vent (bois puis cuivre),
les instruments à cordes pincées,
les instruments à percussion,
les instruments à cordes frottées (de l’aigu au grave),
la basse continue,
les ensembles vocaux,
les ens. instrumentaux.
Exemples :
[Concertos. Flute, harpe, orchestre…
[Sérénades. Voix, orchestre]
Dès qu’un titre est doté d’un adjectif qualificatif on le considère comme un titre significatif.
Ex. : Petite sonate pour violoncelle et piano sera transcrit telle quelle entre crochets.
On donne la distribution lorsqu’elle n’est pas implicitement induite par la forme :
exemple
Symphonies (on ne précise par orchestre)
Lieder (on ne précise pas voix)
3. La numérotation
II y a 3 procédés de numérotation : N° de l’œuvre, de l’opus, du catalogue
A-Le numéro de l’œuvre dans une série d’œuvres ayant le même titre et la même distribution. Introduit par l’abréviation N°
Exemples :
Beethoven, Ludwig van. – [Symphonies. N° 6
Mozart, Wolfgang Amadeus. – [Symphonies. N° 40
Brahms, Johannes. – [Concertos. Piano, orchestre. N° 2
Tchaikovski, Piotr Illiych. – [Quatuors. Cordes. N° 1
B-Le numéro d’opus (en latin œuvre), abrégé en Op. est le plus souvent un regroupement de plusieurs morceaux de même forme qui forme une unité. Exemples : Chopin, Frédéric. – [Etudes. Piano. N° 19. Op. 25
Kodaly, Zoltan. – [Sonates. Violoncelle. N° 6. Op. 8
Beethoven, Ludwig van. – [Symphonies. N° 6. Op. 68
C-Le n° de catalogue Des musicologues ont réalisé un catalogue exhaustif de l’œuvre d’un compositeur. (Werke-Verzeichnis trad. = Catalogue des oeuvres)
KV (Köchel-Verzeichnis) par Ludwig von Köchel a catalogué les oeuvres de Mozart
K (Ralp Kirkpatrick) pour les œuvres de Scarlatti
BWV (Bach-Werke-Verzeichnis) pour Bach, par Wolfgang Schmieder
D pour Deutsch (Otto Erich Deutsch) pour les oeuvres de Schubert
Wq pour Wotquenne (Alfred Camille Wotquenne-Plattel) pour les oeuvres de Carl Philipp Emanuel Bach
RV pour (Ryom Verzeichnis) Peter Ryom pour Vivaldi
Hob pour Anthony von Hoboken pour les œuvres Joseph Haydn
Voir aussi la liste permettant l’identification des catalogues thématiques d’oeuvres
Exemples :
Mozart, Wolfgang Amadeus. – [Concertos. Violon, orchestre. N° 1. KV 207.]
4. La tonalité
Dans la musique classique occidentale, de Bach (début du XVIIIe) jusqu’à Debussy ou à Schoenberg (fin XIXe) c’est le système tonal majeur-mineur qui prédomine.
La tonalité est constituée de trois éléments : le degré, l’altération, le mode.
Le degré dans la gamme : do, ré, mi, fa, sol, la, si.
En allemand et en anglais A=la, B=si, C=do, D=ré, E=mi, F=fa, G=sol
L’altération : bémol encore noté b, ou dièse encore notée d ou #. La note est alors soit diminuée, soit augmentée d’un demi-ton.
Le mode : majeur ou M ou en all. Dur, mineur ou m ou en all. moll.
Exemples
Mozart, Wolfgang Amadeus. – [Concertos. Violon, orchestre. N° 1. KV 207. Si bémol majeur]
Mahler, Gustav. – [Symphonies. N° 10. Fa dièse mineur]
5. Le surnom
Exemples
Beethoven, Ludwig van. – [Symphonies. N° 6. Op. 68. Pastorale]
Schubert, Franz. – [Symphonies. N° 4. D 589. Do mineur. Tragique]
Vivaldi, Antonio. – [Concertos (12). Violon, orchestre. Op. 4. Stravaganza]
UNIMARC et les titres uniformes
Le champs zone 500 est dédiée à la saisie du titre uniforme musical. Mais « le titre uniforme musical est une autorité Auteur/Titre, ce qui pose le problème de la transcription en format Unimarc/Autorités et du lien indispensable avec l’autorité auteur correspondante » comme le résume Christiane Kriloff [3]
Le champs 500 et quelques sous-champs utilisés :
$a titre uniforme
$q version (date)
$r mode d’interprétation (musique)
$s indication de numéro (musique)
$u clé musicale
$w mention d’arrangement (musique)
Les titres uniformes musicaux dans le catalogue des bibliothèques
Le catalogue BN-Opale Plus de la Bibliothèque Nationale de France
Exemple : Faire la recherche par auteur « Stravinski ». Le catalogue renvoie à « la forme savante à valeur internationale système ISO » :
Stravinskij, Igor Fëdorovič (1882-1971)
Ensuite cliquez sur « Informations sur les oeuvres » pour afficher les autorités titres liées.
Pour consulter le texte d’aide concernant les notices d’autorité des titres uniformes musicaux sur le site de la BNF.
Outils et manuels disponibles en ligne
Lexique des formes musicaleshttp://membres.lycos.fr/magnier/termes/formes.html
Dictionnaire pratique et historique de la musiqueLes 2000 définitions proviennent du dictionnaire pratique et historique de la musique par Marie Bobillier (1926) qui est disponible sur le site Gallica. Certaines définitions ont été modifiées pour rester d’actualité.http://dictionnaire.metronimo.com/list/1/
Le guide des difficultés de rédaction en musique
Marc-André Roberge (Faculté de musique, Université de Laval)
http://www.mus.ulaval.ca/roberge/gdrm/index.htm
http://www.geocities.com/musiclassical/bwv.html
Cette page contient des références quant aux catalogues d’oeuvres de musique classique : identification des catalogues thématiques d’oeuvres, catalogues retrouvés dans ce site, catalogues retrouvés sur d’autres sites. http://infopuq.uquebec.ca/ uss1010/oeuvres.html
Music Uniform Titles
Making the Most of the Music Library : Using Uniform TitlesSur le site de l’école de musique de l’Université de l’Indiana. Pour apprendre à faire des titres uniformes …et en même temps réviser son anglais !
http://library.music.indiana.edu/collections/uniform/uniform.html
Principles of music uniform titlesPour ceux qui préfèrent cataloguer en V.O. !
http://www.music.indiana.edu/tech_s/mla/ut.gui
[1] CAZABON, Marie-Renée, dir., Pierre-Yves Duchemin, Isabelle Dussert-Carbone, Pascale Peuziat… [et al.], collab. – Le catalogage, méthodes et pratiques. Tome 2, Les enregistrements sonores, La musique imprimée, Les ressources électroniques, Les documents cartographiques, Les vidéogrammes. – Cercle de la librairie, 2003. – 707 p. (Les titres uniformes y sont traités pp. 49-58)
[2] Diapason catalogue classique : le magazine de la musique classique et de la Hi-Fi / réd. en chef Jean-Marie Piel – (2005)- . – Paris (43 rue du Colonel Pierre Avia
75015 PARIS / adresse de la commande : BP 53 77932 Perthes cedex), 2005. -1100 p. : 28 cm. (68 €). – 56 000 oeuvres classées par compositeur, récital, interprète, 21 000 CD, DVD, SACD référencés.
[3] Indexation de la musique et fichiers d’autorité / Christiane Kriloff in « BBF 2002 – Paris, t. 47, n°2, p. 90-92 » Disponible en ligne : <http://bbf.enssib.fr/bbf/html/2002_47_2/2002-2-p90-kriloff.xml.asp>
Je suis tombé un peu par hasard sur votre site. Je désire vous présenter mon répertoire de titres de musique classique, dont la troisième édition vient de sortir. Le site Internet ci-dessus vous en dira plus (au besoin, cliquez sur « Français »).
Question subsidiaire (!) : Si ce livre vous semble intéressant, et peut-être utile aux bibliothécaires, musiciens et libraires en France, pouvez-vous me dire comment je pourrais en faire une plus grande publicité en France?
Merci d’avance de votre aide à cet égard. Am(us)icalement vôtre,
François Verschaeve