VDL, vingt ans après
C’est à l’initiative de Sylviane Lange et du réseau des discothèques de Grenoble que se sont rencontrés pour la première fois, en octobre 1983, les responsables de collections musicales en Rhône Alpes. Une dizaine d’établissement à l’époque, de un à trois par département, une vingtaine de professionnels dont certains souhaitaient rompre un sentiment d’isolement ou de marginalité, et qui partageaient tous le besoin de rencontre et d’échange autour des questions spécifiques aux documents sonores en bibliothèque.
C’était l’année de commercialisation du disque compact, et les questions étaient nombreuses sur la pérennité de ce nouveau média, et sur la pertinence de le substituer aux microsillons dans nos bacs. Une première journée d’étude à Montreuil au printemps 1984 fut suivie par une journée régionale à Givors en décembre de la même année, sur la thématique « nouveaux supports, nouveaux services ». Les échanges portèrent principalement sur le cd mais également autour de la base Léda de la phonothèque nationale, précurseure de la base Opaline et de la fourniture de notices en lignes. On aborda également la question de la dématérialisation de l’information et de son accès prochain à travers les premiers réseaux câblés.
La centaine de collègues réunis ce jour là, tirèrent deux conclusions des échanges. L’évidence de l’avenir du support optique-numérique et la nécessité de se réunir pour observer l’environnement économique et technique de nos établissements, et réfléchir aux conséquences sur nos métiers. Ce fut le début d’un glissement d’une problématique des supports (le disque) vers une approche des contenus (la musique) et l’amorce des médiathèques musicales concrétisée par la création de la discothèque des Halles (médiathèque musicale de la ville de Paris) deux ans plus tard, et la publication de « la médiathèque musicale publique : évolution d’un concept et perspectives d’avenir » de Dominique Hausfater en 1991 (AIBM).
Cette journée fut, rétrospectivement, l’acte de naissance de « Vidéothécaires, Discothécaires du Lyonnais », bien avant le dépôt des statuts associatifs en préfecture du Rhône. Le mode de fonctionnement, rapidement mis en place, s’appuyait sur quelques principes simples encore en vigueur aujourd’hui.
Une rencontre trimestrielle (3 à 4 selon les années), avec statut d’assemblée générale, garantissant un échange et une « veille » réguliers entre tous les membres du réseau, sans délégation particulière à un conseil d’administration.
Un principe de nomadisme de ces réunions qui a permis au fil des ans de visiter la quasi-totalité des établissements en région possédant des fonds musicaux ou vidéographiques et concourir à une meilleure connaissance mutuelle des membres du réseau.
La mutualisation de certaines ressources, particulièrement dans le domaine de l’animation ou de l’action culturelle. Production d’expositions photos, mise en place d’un fichier ressources (version papier abandonnée depuis au profit de ressources en ligne). Le point fort de ces dernières années est la mise en place de tournées d’artistes, sélection Rhône Alpes du Printemps de Bourges dans un premier temps, puis promotion d’artistes locaux par nos soins (Martine City Queen, la Baronne, Pierre Delorme et Marie Normand, Antonio Placer, les Eux, les Tartignolles, et bien d’autres).
Les débats sur l’organisation et le fonctionnement de nos services. Parmi ceux-ci, les plus récurrents ont porté sur les questions de tarification (volonté de « banaliser » l’accès à tous les médias), de cadres de classement (volonté « d’harmoniser » les différents fonds), politique documentaire (volonté d’expliciter les choix documentaires au regard des missions).
L’organisation de journées d’étude (rythme biennal). Après Givors, elles ont été successivement accueillies par Villeurbanne, Bourg en Bresse, Rive de Gier, Givors, Corbas, Chambéry, Décines, Firminy, Villeurbanne, et Rilleux la Pape pour la dernière édition de 2004, dont la synthèse est présentée ci-après. Ces rencontres, qui rassemblent entre 100 et 120 personnes, associent depuis quinze ans dans une volonté de renforcer l’unité de la profession, les partenaires en région que sont le centre de formation aux métiers du livre Médiat, le groupe régional de l’Abf, le Cnfpt pour faciliter l’accès à tous les agents, et deux sponsors fidèles (Asler et 3M France) pour garantir la gratuité.
La mise en réseau avec les autres acteurs de la documentation musicale. Associée dès 1989 à l’Association de Coopération des professionnels de l’Information Musicale (ACIM) qui édita jusqu’en 2003 la revue Ecouter-Voir, VDL a suscité les premières « Rencontre nationales des bibliothécaires musicaux » en 2001 à Bourges, reprises avec des partenaires en régions les années suivantes (Villeurbanne, Strasbourg, Saint Jean de Védas), en lien avec le congrès de l’Abf à Grenoble en 2005 et prévues en Bretagne en 2006. Notre association qui a, depuis deux ans, sa (modeste) propre liste de discussion (VDLasso@yahoogroupes.fr), est en lien avec la liste nationale (discothecaires.fr), l’AIBM (Association Internationale des Bibliothèques, archives et centres de documentation musicaux), l’AFAS (Association Française des détenteurs d’Archives Sonores), les « discothécaires de l’Est » à l’origine du site « discothecaires.ouvaton.org » et l’association Images en Bibliothèques (I.B.). Elle participe également à un groupe de travail sur le grand Lyon visant à structurer l’accès à la documentation musicale possédée par les BM, le CNR, le CNSM, l’Opéra, certaines ENM, le GRAME, le CEFEDEM, le CFMI, l’université Lyon2, piloté par deux associations régionales (AMDRA et CMTRA). Un travail de longue haleine qui pourrait être modélisé sur d’autres territoires.
Forte aujourd’hui d’une soixantaine d’adhérents individuels et d’une quarantaine de collectivités, notre association ambitionne d’être présente, pendant le congrès de Grenoble et au delà, dans les réflexions sur l’avenir des métiers de la documentation.