Si il y a bien un domaine dans lequel les médiathèques peuvent mettre en avant leur atout géographique, c’est évidemment dans la valorisation de leurs productions locales. Et nos structures ont un rôle majeur dans la promotion et la médiation de ces contenus et de ces actualités. Dans cet esprit, l’atelier qui s’est déroulé le 17 mars 2014 à Rennes dans le cadre des Rencontres Nationales des Bibliothécaires Musicaux donnait la parole à 4 structures : 2 initiatives de médiathèques (Nîmes et Strasbourg) et 2 initiatives associatives (Sonothèque HN et Disque Over) qui contribuent chacune à la découverte des richesses et actualités musicales de leur territoire, contribuant au maillage culturel indispensable et replaçant nos structures au centre des problématiques partenariales et de promotion de la musique.
Mireille Vincent (Bibliothèque du Carré d’Art – Nîmes) : Les sons d’Ici
Lien : http://animesmuzik.blogspot.fr/search/label/Les%20Sons%20d%27ici
Il existait déjà à Nîmes un fonds de CD de groupes locaux qui était inexploité et non-valorisé. Après un travail de près de 6 ans, un budget d’acquisition propre à l’achat du fonds local musique a été alloué avec un marché spécifique chez un disquaire indépendant local.
La Médiathèque achète ainsi 2 exemplaires de chaque album : l’un destiné à la conservation et l’autre au prêt. Il n’y a pas de critère de qualité ni de genre (excepté la qualité d’enregistrement). Par contre, l’acquisition d’un disque se fait à partir d’un critère géographique : si l’un des musiciens, le label ou le studio d’enregistrement est de Nîmes ou dans le Gard. Il faut néanmoins qu’il s’agisse d’une œuvre de création (et non pas simplement un musicien tournant dans plusieurs autres formations). La question des supports vinyles et cassettes a été soulevée. Pour certaines grosses structures qui utilisent le biais de la conservation du Patrimoine, il est plus facile de les acheter pour les autres, la démarche est limitée ou quasiment impossible. Pour l’instant, les disques sont intégrés au fonds mais un bac spécifique identifié sera bientôt mis en place.
Les genres représentés sont plutôt Rock, Flamenco, Jazz (peu de classique).
En 2012-2013, le fonds devient « Les Sons d’Ici » et se voit doter d’un logo (représentant le Gard). Il s’agit cependant d’un travail long et « personnel » car il faut courir après les musiciens pour se faire connaître et par la même occasion parler de sa structure à un public qui ne vient pas.
Un autre aspect important à Nîmes concernant la scène locale : la présence de la SMAC La Paloma qui est très active avec ses concerts, festivals et son dispositif d’accompagnement des artistes. Même au niveau du réseau régional, les SMAC travaillent ensemble avec comme exemple une soirée gratuite appelée « Local Heroes ».Il y a actuellement de moins en moins de showcases en bibliothèque pour des raisons de contraintes administratives et de budget.
Tout ceci s’organise avec l’achat des disques en amont et un blog (billets sur l’actualité ou des chroniques). Ce blog reste cependant petit et confidentiel.
Le travail avec la scène locale reste souvent une démarche personnelle qui demande beaucoup d’implication. Cependant, il reste la possibilité de le faire inscrire dans sa fiche de poste ou d’obtenir une ligne (hors marché ou marché) afin d’obtenir une identification du travail.
Marina Parks : Sonothèque Haut-Normandie
Lien : http://sonotheque-hn.com/
La Sonothèque HN est un site gratuit créé par l’association Asso6sons (comprenant 3 personnes) avec pour but de numériser le fonds local d’hier et d’aujourd’hui sur le territoire de la Haute-Normandie. Ce projet est parti d’un problème de stockage : plusieurs bibliothèques jetaient leur fonds local …
Le projet a bénéficié du financement du Ministère à l’Appel à la Numérisation (pas de financement de la DRAC). Un contrat a été passé avec la SACEM. Pour les artistes qui ne sont pas à la SACEM, un contrat spécifique est créé.
Actuellement, la base comporte 1 300 albums et 12 000 titres. Une veille est constante sur les sorties en plus de la mission d’archivage.
Une application mobile pour tablettes et téléphones a été développée ainsi qu’une borne d’écoute (avec un iPad) fabriquée à la demande pour la Sonothèque. Ces tablettes sont valorisées via le réseau des BDP de l’Eure.
Un nouveau site a été créé avec une actualité sur les artistes de la région (la mise à jour se fait une fois par semaine, avec à chaque fois une interview, une présentation d’album et un clip) ainsi que la découverte ou redécouverte d’un artiste ou d’un groupe. La sonothèque essaye de plus d’avoir une présence importante sur les réseaux sociaux.
Mais quid de la pérennité d’un modèle associatif, pilote de l’expérience, dans l’hypothèse où les financements (actuellement, subventions du Ministère, du département et de la Région) n’étaient pas reconduits ?
Fabien Daneshvar & Williams Lehurt : Disque Over
Lien : http://www.disqueover.com/
D’abord implanté à Lorient puis à Rennes, l’association Disque Over a cherché à développer un concept concernant la scène locale sans recopier ou empiéter sur ce qui existait déjà sur Rennes. Le postulat de départ était : Comment retrouver la scène locale sur internet ? L’idée est venue de réaliser une plateforme qui donnerait une véritable visibilité à cette scène.
Chaque année, Disque Over travaille avec 20 groupes afin de pouvoir garder un rapport humain et réaliser un vrai travail de fond.
Il était également nécessaire de trouver un axe de médiation qui ne se cantonne pas aux lieux culturels (bibliothèques) afin de toucher un public plus large (voire rural) par l’installation de bornes numériques avec un travail de valorisation ludique : les lieux évoqués vont du centre commercial aux campings.
L’angle d’attaque de l’association sur ce projet, ouvrez les guillemets : “Etre grand public sans prendre les gens pour des abrutis”.
L’association est encore très récente mais obtient déjà de bons retours des groupes valorisés.
Priscilla Winling : Strasbourg
Lien : https://www.facebook.com/scenelocale.alsace
La Médiathèque André Malraux de Strasbourg a été créée en 2008 et l’idée de valoriser la scène locale était déjà présente en amont de l’ouverture.
Au début, 5 dates de concerts puis rapidement 12 dates de concerts ont été programmées sur tout le réseau des médiathèques ainsi que le bibliobus (La jauge s’étendant de 19 à 200 personnes selon le lieu). Au niveau des entrées, la fréquentation, à titre indicatif, était de 600 entrées en 2013.
Les concerts sont gratuits et les artistes rémunérés (selon convention) et la programmation est volontairement éclectique avec une thématique instrumentale. Comme il s’agit d’une structure conséquente, les conditions techniques sont optimales (professionnels du son) ; couplées à une réputation de “bon payeur”, cela permet au réseau de bibliothèques d’être pris au sérieux et d’être identifié comme un lieu de diffusion intéressant.
Il est quasi-impossible d’envisager une programmation un an à l’avance et il est donc important de pouvoir se caler sur un rythme de programmation plus proche des salles de concert (programmation trimestrielle).
Une collaboration a été mise en place avec Hiéro Strasbourg (regroupement d’associations) pour l’achat des CD. Les prix sont fixés d’avance pour les groupes : 8 € l’album tandis que l’EP est gratuit. Cela permet une rapidité et une pertinence sur les acquisitions et donc une augmentation des statistiques de prêt.
La Médiathèque organise aussi des résidences d’artistes au sein des bibliothèques du réseau (travail avec les classes puis concert).
Le 4 avril 2014, nouvelle étape pour cette initiative, avec la diffusion du premier entretien-concert, le Webcast Larsen Local, avec en premier invité Petseleh :
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