Se pencher sur la diffusion de la chanson enfantine, c’est prendre l’exact contre-pied de la formule d’Elvis Presley « One for the business, two for the show » (D’abord les affaires, ensuite le spectacle).
L’édition est en effet très largement en deçà de la masse critique : 1,7% de la production en 1983 – tous genres confondus – ; 1 % des ventes en 2000.
Mais si ces chiffres sont très loin des seuils de rentabilité qui régissent l’édition phonographique, il n’en reste pas moins que les divers acteurs de ce domaine musical largement méconnu font assaut d’inventivité, de créativité, d’originalité pour accéder à leur public.
Un paysage changeant…
Depuis la fin des années 1990, le paysage éditorial s’est considérablement modifié.
A cette époque, aucune major company ne disposait plus de secteur « enfants », quelques éditeurs spécialisés (Studio SM, Auvidis, Musidisc…) occupaient cette modeste niche, aux côtés de sociétés consacrées à un seul auteur (FIM : Imbert et Moreau ; Mary-Josée : Henri Dès ; Maïon : Pierre Chêne ; PLBF : Pierre Lozère…), d’éditeurs à vocation pédagogique (CNDP ; Deva ; Fuzeau…), de quelques éditeurs (Gallimard, Didier) ou associations (Gens de Lorraine, Enfance et musique…)
Changement de décor ces dernières années avec l’apparition d’Universal Jeunesse (onglet « Enfants ») qui se taille la part du lion du catalogue disponible
L’édition spécialisée se volatilise alors (Musidisc chez Universal jeunesse ; Naïve reprenant Auvidis alors que Studio SM disparaît) ; le reste du catalogue se trouvant éparpillé entre l’auto production / diffusion (J. Poustis, P. Roussel…) ; la micro production (BMG, Autre distribution, Comme ci comme-ça, Socadisc…) et les éditeurs jeunesse (Gallimard, Le sablier, Mango…).
L’association « Enfance et musique » continue quant à elle un parcours exemplaire, même si « l’arrivée d’un trust international dans le domaine du livre pour enfants, propriétaire en moins de deux ans de 90 % des catalogues français, avec des capacités de promotion et de publicité sans limite… a déjà posé [à Enfance et musique] de sérieux problèmes d’équilibre en 2001.
Il sera extrêmement difficile, à très court terme, de préserver une offre large en terme culturel dans un marché de plus en plus concentré et guidé par la loi du marketing »
(Lettre de B. Caillard aux établissements du réseau du CNDP. 14/02/2002).
On ne saurait mieux dire…
L’époque se caractérise également par la quasi disparition des dinosaures (C. Goya, Dorothée), de leurs clones (Anne, Douchka…) et autres produits marketing (Jordy, 1 million 600 000 albums « Dur dur d’être un bébé », premier exportateur français en 1992)
Un point complet sur cette période contrastée est disponible sur le site de la revue Chorus : article de D. Pantchenko dans le N° 40
La – quasi – disparition des outils de la critique
Dans un tel paysage, des outils critiques performants seraient les bienvenus.
Ils n’ont jamais été nombreux, ils sont maintenant bien rares.
Après la disparition du « Guide Marabout » – qui comportait une section enfants – , il a fallu se résigner à la fin des activités dans ce domaine des Ateliers Chanson de Villeurbanne (« Si ça vous chante : sélection critique de chanson jeune public ») ; du CFMI Rhône-Alpes (« Discographie pour enfants »), puis de la Bibliothèque discothèque de Bonneuil sur Marne (CD enfants : discographie critique).
Ne subsistent plus que les critiques des revues spécialisées : Ecouter voir
et Chorus (mais la rubrique « Chanson z’enfants » a disparu depuis le N° 40).
La veille documentaire repose donc maintenant essentiellement sur les Meilleurs disques et cassettes pour enfants analysés chaque année par la Bibliothèque de l’Heure joyeuse (heure joyeuse) (au sujet cependant plus large puisque le répertoire englobe chansons, textes et éveil sonore et musical).
La revue Farandole : en passant par la musique de l’association Arpèges analyse régulièrement les nouveautés du disque jeune public.
Un milieu foisonnant
Si le poids économique de la chanson enfantine peut sans crainte être qualifié de marginal, il n’en est pas de même de l’énergie, de l’imagination déployées par auteurs, éditeurs, associations pour sortir des sentiers battus et faire connaître leurs productions.
La diversification s’est appliquée à tous les domaines : spectacles (concert, bal…) ; supports (CD, cédérom, vidéocassette, exposition…) ; lieux (il y a belle lurette qu’on est sorti de l’école…)
Mais c’est sur Internet que le phénomène est le plus marquant, et on peut dire que la chanson enfantine a largement investi le web : les sites d’interprètes se sont multipliés, alors que ceux de radios dédiées aux juniors ou les sites généralistes semblent marquer le pas, pour ne pas parler des sites d’éditeurs.
Pour permettre de s’orienter dans ce dédale, le CDDP de l’Ardèche propose un site portail Ardecol (rubriques Ecole – Arts et Culture – Chanson enfantine) avec des onglets « Sites généralistes », « Revues et critiques pédagogiques », « Editeurs », « Interprètes », « Radios » et « Annuaire »
La constitution des fonds
Dans un tel contexte, la constitution et la mise à jour des fonds relèvent souvent de l’exploit. Le CDDP de l’Ardèche développe depuis 1992 un centre de ressources intitulé La chanson et l’enfant.
Son catalogue papier (Ed. 2002) est par mail cddp 07ou consultable en ligne sur Ardecol
A la même adresse, le Top 50 des titres les plus empruntés par divers prescripteurs : enseignants, intervenants musicaux, conseillers pédagogiques spécialisés… fournit une base au succès assuré pour une création de fonds pour les BM, les BCD…
Questions diverses
1) « Les thèmes récurrents », il s’agirait ici de créer des « choix de titres » autour de thèmes (les métiers, les fruits et légumes, les saison, les animaux) qui constituent les questions régulières des instituteurs fréquentants nos services. (Paul Heems)
Il existe sans doute peu de discographies thématiques, à l’exemple de 500 chansons parlent du corps publié en 93 par les Ateliers Chanson de Villeurbanne et édité par la BM de la Part-Dieu. (en 6 chapitres : la vie, le corps, sommeil-réveil, maladies, toilette vêtements, alimentation).
Pour tenter de répondre efficacement à ces questions, la catalogue collectif du réseau du CRDP de l’académie de Grenoble propose dans l’écran de recherche (cocher « collection » en sélectionnant « chanson enfantine »)ainsi qu’une recherche – dans le champ « Titre » – portant sur plus de 300 albums ET leurs titres de dépouillement.
A titre d’exemple, les thèmes de Paul Heems donnent les résultats suivants :
Métier ! : 9 ( mais pas de réponse pour bibliothéc@, documentaliste ! ou discothec@ 🙁 alors que pompier ! : 8 et docteur ! : 9
Fruit ! : 12 ; légume ! : 6 ;
Saison ! 32 (En affinant un peu :automne ! : 28 ; hiver ! : 34 ; printemps : 44 ; été ! : 29)
Anima !! : 73 (mais Lion ! donne 27 réponses, lapin ! 72 et même le Kangourou fournit 15 références)
Faute de discographies sélectives, et faute aussi d’indexation matière pour chaque chanson dans nos notices ;-( notre site peut éventuellement vous aider dans vos recherches thématiques, mais seulement pour les références en chanson enfantine.