La musique et son contexte en France : 3ème partie : Berlioz, viagra approved Offenbach et Debussy
L’époque romantique : l’exaltation de la révolte
Le Romantisme, remedy un mouvement littéraire
Le Romantisme est d’abord un courant littéraire, viagra approved culturel et artistique européen dont les premières manifestations, en Allemagne et en Angleterre, datent de la fin du XVIIIe siècle. Il se manifeste par la suite en France et en Italie au cours des premières décennies du XIXe siècle.
Il est issu du Sturm und Drang (= Tempête et assaut), un mouvement littéraire allemand (vers 1765-1785) né en réaction à l’importance excessive accordée par les Lumières à l’esprit, à la raison et à l’universalité de la civilisation. Pour retrouver la bonté naturelle de l’être humain, il faut rejeter en bloc les institutions et les traditions, les lois et les prescriptions sociales.
Stimulés aussi par les idées de Jean-Jacques Rousseau « Les Rêveries du promeneur solitaire (1778) », de jeunes écrivains allemands privilégient l’émotion subjective et la spontanéité dans l’acte créatif : Johann Wolfgang von Goethe, et son roman les Souffrances du jeune Werther (1774), ainsi que Friedrich von Schiller, spécialement avec les Brigands(1781).
Les traits généraux du romantisme :
le sentiment de la nature exprimé comme une extase fondée sur la ressemblance entre le paysage intérieur (celui de l’âme) et le paysage extérieur (la forêt profonde, la mer tempétueuse),
la critique du rationalisme,
l’intérêt porté à la période médiévale gothique, et plus généralement aux époques passées. C’est la naissance du roman historique créé par Walter Scott Ivanhoé (1820) qui inspirera aussi les auteurs français : Victor Hugo Notre Dame, Alexandre DumasLes 3 mousquetaires.
le goût pour les paysages d’un Orient poétisé (notamment chez Delacroix, chez Ingres),
l’évocation de la vie intérieure (les sentiments) : la souffrance, l’obsession, la solitude,
le goût pour la liberté, pour l’expérimentation,
l’attirance pour les mystères et les forces obscures et ténébreuses (l’irrationnel, l’occultisme, le fantastique),
la prééminence accordée au rêve et à l’imagination créatrice, à la fiction (le terme « Romantique » désignant à l’origine une situation, une atmosphère romanesque, donc digne de figurer dans un roman, à l’instar de « pittoresque » : digne d’être peint)
et surtout un intérêt accru pour l’individu, opposé comme un héros à la société. « L’artiste maudit, le poète solitaire, le génie isolé »
on aboutit aussi avec le Romantisme à l’émergence des identités nationales en réaction à l’Universalisme. Une même loi pour tous devient : Chacun revendique libremement son identité.
Le mouvement romantique éclate tardivement en France, car ici la littérature est une véritable institution avec ses académies, ses théâtres officiels, ses établissements d’instruction, ses revues.
Les nouveaux venus doivent batailler dur pour conquérir le pouvoir et renverser leurs aînés, bien décidés à ne pas se laisser dépouillés de leur gloire, de leur honneur et de leur privilège.
Il s’agit donc de saper les bases de la légitimité idéologique de la culture classique.
En France, le romantisme aura un manifeste esthétique : la Préface de Cromwell(1827) d’Hugo, cette œuvre est précédée par l’étude de Stendhal, Racine et Shakespeare (1823-1825), qui opposait le « romanticisme » au classicisme pour louer le premier au détriment du second. Pour les jeunes romantiques français (dont Hugo), Shakespeare représentait un théâtre libéré des contraintes de la tragédie classique française.
Le scandale : La génération romantique (Hugo, Musset, Vigny, Gautier, Nerval, Sainte-Beuve) qui formait le Cénacle, participe à un mémorable scandale, survenu lors de la représentation du drame Hernani (1830), de Victor Hugo, et connu sous le nom de « bataille d’Hernani ».
Ce théâtre remet en question de la règle des trois unités. La dramaturgie romantique multiplie les personnages et les lieux, mêle le vers et la prose, le style haut et le style bas, le sublime et le grotesque, le beau et l’horrible.
Le Romantisme en musique
Les trois figures majeures du romantisme sont Beethoven, Berlioz et Wagner : le premier l’ouvre, le deuxième le développe et le troisième le clôt. Il faut bien sûr citer comme autres grandes figures du mouvement : Schubert, Schumann, Chopin et Liszt.
La musique romantique est très marquée par des obsessions littéraires et mythologiques : Prométhée, Dante, Shakespeare et Goethe
Prométhée est un des héros récurrents de la musique romantique.
Un Titan, Prométhée (dont le nom signifie « prévoyant »), pour rendre les humains supérieurs aux animaux, les rend capables de marcher debout. Puis il va dérober aux dieux le feu, caché dans un bâton creux. Pour le punir, Zeus le fait enchaîner au sommet du mont Caucase, où un aigle lui dévore chaque jour le foie, ce dernier repoussant sans cesse. Il est finalement délivré par Héraclès qui tue l’aigle.
La figure de Prométhée pose :
le rapport de la nature régie par Dieu et de la civilisation développée par l’homme,
et le rapport de l’audace et du respect surtout dans le contexte post-révolutionnaire.
Prométhée est l’aventurier créateur d’une humanité nouvelle, celui qui conduit la civilisation. C’est aussi l’insurgé vaincu, torturé par le dieu qui le tient captif, refusant tout remords et toute résignation. C’est celui qui par sa seule connaissance égale la toute-puissance du dieu et arrache aux Dieux (la nature) une liberté nouvelle. Le romantisme identifia notamment Napoléon captif à Sainte-Hélène à Prométhée enchaîné sur le Caucase (ainsi Hugo dans Le Retour de l’Empereur et de nouveau dansL’Expiation ).
Quelques années plus tard, Beethoven compose sa Symphonie héroïque (dont on sait qu’elle se nommait primitivement Symphonie Bonaparte ).
L’œuvre symphonique de Beethoven est traversée par la figure de ce héros.
La Troisième Symphonie (1803), intitulée Sinfonia Eroica (Symphonie héroïque), affirme la force de l’idéal héroïque : la légende de Prométhée qui, défiant les dieux, fait don du feu à l’humanité.
La Cinquième Symphonie de Beethoven (1808) est un acte de défiance de l’homme envers le destin, dont le bref thème d’ouverture dégage une énergie suffisante pour donner vie à toute la symphonie.
Dans la Neuvième Symphonie (1824), la forme symphonique est dépassée quand un chanteur se lève d’entre les musiciens et déclare : « Amis, changez de sons ! », et les invite à chanter avec lui l’Ode à la joie de Schiller. Etrange symphonie qui s’achève avec une chorale.
On peut voir ainsi le Communisme comme un mouvement d’inspiration romantique : « La philosophie fait sienne la profession de foi de Prométhée : En un mot, j’ai de la haine pour tous les dieux ! Et, cette devise, elle l’oppose à tous les dieux du ciel et de la terre, qui ne reconnaissent pas la conscience humaine comme la divinité suprême… Dans le calendrier philosophique, Prométhée occupe le premier rang parmi les saints et les martyrs ». Marx (1841) Démocrite et Epirure
Hector Berlioz (1803-1869), un romantique français
Berlioz est la figure du musicien romantique : profil d’aigle, chevelure abondante et ébouriffée, goût prononcé pour l’alcool et la drogue, amours tourmentés. En musicien anticonformiste, il compose à la guitare et déteste le piano qu’il qualifie de guillotine de la musique.
Berlioz est aussi l’inventeur de la musique à programme : toutes ses ouvres ont une intention illustrative, narrative ou descriptive.
La symphonie fantastique que Berlioz compose en 1830, raconte une histoire assez morbide très largement inspirée des amours orageux de Berlioz avec une actrice anglaise : Harriet Smithson rencontrée en 1827 qui vient à Paris interpréter le rôle d’Ophélie dans la pièce Hamlet de Shakespeare.
Petit résumé : Après avoir consommé des substances illicites : de l’opium, le héros tue sa bien-aimée, l’auteur est conduit à l’échafaud. En enfer il est poursuivit par sa victime transformée en affreuse sorcière. (vengeance personnelle de Berlioz)
L’œuvre, sous-titrée Épisodes de la vie d’un artiste, en rupture avec le schéma traditionnel des symphonies, est structurée comme un drame en cinq mouvements, qui sont intitulés respectivement :
« Rêveries et Passions »,
« Un bal »,
« Scène aux champs »,
« Marche au supplice » et
« Songe d’une nuit de sabbat »,
Chaque mouvement évoque une attitude émotionnelle et représente des variations d’une « idée fixe ».
Extrait n° 16 : La symphonie fantastique.
En 1839, Berlioz obtient le poste de bibliothécaire au conservatoire de Paris (un collège !) , il est nommé chevalier de la Légion d’honneur. Il achève cette même année sa symphonie dramatique « Roméo et Juliette », d’après Shakespeare
En 1845, Berlioz remanie une œuvre de jeunesse, les Huit Scènes de Faust, d’après Goethe, qui devient la Damnation de Faust, « légende dramatique » créée sous sa direction à l’Opéra-Comique, sans grand succès. Faust, figure mythique du savant prêt à pactiser avec le diable et à lui vendre son âme pour accéder à la connaissance. On est très proche de Prométhée.
Berlioz, excellent écrivain laisse également une importante œuvre écrite : il était critique musical et musicologue. Il est notamment l’auteur de : Traité d’instrumentation et de chef d’orchestre (1843) et l’Art du chef d’orchestre (1856).
Plus insolite il a écrit une nouvelle de science-fiction : une cité utopique : Euphonia où les habitant sont tous musiciens. Berlioz est reconnu comme un des écrivains majeurs (notamment pour ses mémoires) du XIXe siècle.
Extrait n° 17 : Le spectre de la rose
Le spectre de la rose fait partie d’un cycle de mélodies nommé Les nuits d’été sur un poème de Théophile Gautier :
Soulève ta paupière close
Qu’effleure un songe virginal ;
Je suis le spectre d’une rose
Que tu portais hier au bal.
Tu me pris encore emperlée
Des pleurs d’argent de l’arrosoir,
Et, parmi la fête étoilée,
Tu me promenas tout le soir.
O toi qui de ma mort fut cause,
Sans que tu puisses le chasser,
Toutes les nuits mon spectre rose
A ton chevet viendra danser.
Mais ne crains rien, je ne réclame
Ni messe ni De Profundis.
Ce léger parfum est mon âme,
Et j’arrive du Paradis.
Mon destin fut digne d’envie,
Et pour avoir un sort si beau
Plus d’un aurait donné sa vie,
Car sur ton sein j’ai mon tombeau,
Et sur l’albâtre où je repose
Un poète avec un baiser écrivit
« Cigît une rose que tous les rois,
vont jalouser. »
Le site Hector Berlioz riche en ressources et documents est vivement recommandé.
Berlioz écrivain
: la correspondance, les mémoires, les livrets, les critiques.
Le réalisme de la société moderne
Balzac (1799-1850) est le peintre de la modernité, Offenbach en montrera la bouffonnerie sociale
« La vie parisienne » (1866) d’Offenbach propose 2 décennies après la Comédie humaine (1841) de Balzac la description du triomphe de la Bourgeoisie (et de ses valeurs).
Le réalisme littéraire naît en France avec les œuvres d’Alfred de Musset et de Balzac et va évoluer vers le Naturalisme avec les romans de Gustave Flaubert, les nouvelles de Guy de Maupassant et les romans sociaux d’Émile Zola.
Balzac ne cesse de montrer le déclin de la noblesse et l’émergence d’une bourgeoisie capitaliste (notamment dans le « Lys dans la vallée »)
On a changé de monde dans la société de la Restauration : l’histoire est en marche comme une locomotive. Elle bouleverse les conditions de vie et les mentalités traditionnelles, les villes se transforment, et la bourgeoisie n’a vraiment plus les mêmes valeurs que la noblesse…
Balzac peint la vie moderne, sa face lumineuse (les fêtes, les succès) et sa face obscure (les faillites, les abandons, les trahisons, la corruption). Il parle beaucoup d’argent, puisque l’argent mène le monde. Sa grand œuvre composée entre 1829 et 1848 : la Comédie Humaine a l’ambition démesurée de recréer le monde de son époque.
Réussir dans le monde moderne, est-ce vraiment autre chose que « faire fortune » ?
Jacques Offenbach (1819-1880)
Né à Cologne, en Allemagne, il arrive à Paris en 1833, où il continu ses études de violoncelle au Conservatoire de Paris (1833-1834) Il devient violoncelliste à l’orchestre de l’Opéra-Comique de Paris avant d’avoir une carrière de soliste de musique de chambre.
Offenbach remporte un succès énorme auprès du public parisien du Second Empire avec :
Orphée aux enfers (1858) (encore Orphée !)
La Belle Hélène (1864). Il collaborait pour l’écriture de ses livrets avec les écrivains français Ludovic Halévy (1834-1908) et Henri Meilhac (1831-1897)
La Vie parisienne (1866)
La défaite de Sedan et la chute du second Empire font perdre à Offenbach un public féru de satire sociale. Il fait une tournée aux États-Unis en 1876.
Offenbach meurt le 5 octobre 1880 avant d’avoir achevé son chef-d’œuvre : les Contes d’Hoffmann. Offenbach avec Hervé (injustement oublié) est l’inventeur génial de l’opérette : une forme lyrique dérivée de l’opéra, courte, gaie et entrecoupée de dialogues.
Ces œuvres dont « La vie parisienne » sont la satire d’une société qui s’amuse, où l’argent mène la valse : nouveaux riches, escrocs, parasites, demi-mondaines (prostituées de luxe). La « jet set » de l’époque très occupée à s’encanailler.
Extrait n° 18 la Vie parisienne (1866) : « Nous sommes employés de la ligne de l’Ouest… » et « Je suis brésilien, j’ai de l’or… »
L’air du brésilien ou les confessions d’un jet-seteur !
Le Brésilien :
Je suis brésilien, j’ ai de l’ or,
et j’ arrive de Rio-Janeire
plus riche aujourd’ hui que naguère,
Paris, je te reviens encor !
Deux fois je suis venu déjà,
j’ avais de l’ or dans ma valise,
des diamants à ma chemise,
combien a duré tout cela ?
Le temps d’ avoir deux cents amis
et d’ aimer quatre ou cinq maîtresses,
six mois de galantes ivresses,
et plus rien ! ô Paris ! Paris !
En six mois tu m’ a tout raflé,
et puis, vers ma jeune Amérique,
tu m’ as, pauvre et mélancolique,
délicatement remballé !
Mais je brûlais de revenir,
et là-bas, sous mon ciel sauvage,
je me répétais avec rage :
une autre fortune ou mourir !
Je ne suis pas mort, j’ ai gagné
tant bien que mal, des sommes folles,
et je viens pour que tu me voles
tout ce que là-bas j’ ai volé !
Pour plus d’informations on peut consulter la fiche sur la Vie parisienne que lui consacre le site de la revue théatre musical Opérette.,
Un site dédié aux oeuvres d’Offenbach agréable et bien construit : Les folies Offenbach
Le symbolisme : dandysme, déprime, détachement et décadence
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles :
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers. Charles Baudelaire « Correspondances »
» Ce qui fut baptisé symbolisme se résume très simplement dans l’intention commune à plusieurs familles de poètes (d’ailleurs ennemies entre elles) de reprendre à la musique leur bien. « Paul Valéry
Le symbolisme est un mouvement de la fin du XIXe (années 80 et 90) qui se définit essentiellement par l’idéalisme d’artistes en réaction contre un monde trop matérialiste, celui issu des mutations de la révolution industrielle, voué au progrès technique, à la recherche du profit, et aux luttes sociales.
Volontiers passéistes, apolitiques, les symbolistes rejettent le positivisme d’Auguste Comte (la science va délivrer l’homme) comme le socialisme et le matérialisme de Karl Marx (la dictature du prolétariat, le paradis communiste).
En art et en littérature, ils s’opposent au naturalisme bourgeois devenu académique et qui privilégie le réalisme social finalement bien-pensant. Dans ses romans, Zola décrie l’itinéraire d’un personnage déviant, broyé par un corps social monstrueux et impitoyable. Chez les symbolistes, le système des valeurs s’inverse, et la marge devient la norme. Le héros symboliste, Des Esseintes –A rebours (1891) de Joris-Karl Huysmans – se construit un univers autiste sur lequel il règne sans partage. (Un peu comme la famille Adams vit harmonieusement dans un château hanté avec ses propres valeurs). Car l’humour noir est l’humour de la décadence et du dandysme.
Les symbolistes dédaignent également l’impressionnisme qui nie le sujet et les allégories.
On peut voir dans le symbolisme, la résurgence du Romantisme, mais d’un Romantisme fatigué, fantomatique, mélancolique.
S’assimilons-pas toutefois, ce courant de pensée « fin de siècle » à une pathologie mortifère et asphixiée. Les intellectuels contemporains de ce mouvement, comme Nietzsche, et Freud analysent des modes de communication au-delà des codes explicites du langage et de la société, des relations cachées, entre les hommes et avec la nature, que l’intelligence a pour fonction de refouler.
Individualistes, souvent angoissés par le destin de l’homme dans un monde qui leur semble abandonné de Dieu, les symbolistes privilégient le subjectif, ils valorisent l’imaginaire, le rêve, les hallucinations. Ils sont attirés par le mystérieux, l’étrange, le fantastique, les zones d’ombre, les correspondances entre le visible et l’invisible ? ; certains se tourneront vers une spiritualité inspirée du renouveau chrétien, d’autres vers l’ésotérisme.
La littérature symboliste : Principaux écrivains
Citons les noms quelques écrivains français : Joris-Karl Huysmans, Paul Verlaine, Villiers de l’Isle-Adam, et Charles Cros (le créateur malheureux du phonographe), André Gide, Paul Valéry et Paul Claudel de l’anglais Oscar Wilde (Le portrait de Dorian Gray) et des belges Verhaeren et Maeterlinck
Dès 1880, les mardis du salon littéraire de Stéphane Mallarmé consacrent ce climat spirituel. Mallarmé s’attachera à définir l’esthétique idéaliste du nouveau courant dans un article (« Divagations », 1897)
« Le monde est fait pour aboutir à un beau livre ». Mallarmé.
Stéphane Mallarmé (1842-1898), poète et écrivain symboliste français laisse une oeuvre difficile, caractérisée par une écriture hermétique et maniériste, constituant une méditation inachevée sur le langage et sur l’art.
Cette œuvre est en effet la première à rompre toute attache avec l’expérience humaine pour devenir expérimentation sur la littérature. Mallarmé souhaite égarer son lecteur par le jeu des coupes, des inversions, des rejets, par la complexité de la construction et la rareté du vocabulaire (utilisé pour son sens étymologique plus que pour son sens actuel)
Mallarmé souhaite faire du vers « un mot total, neuf, étranger à la langue et comme incantatoire » qui « rémunère le défaut de la langue ».
Les symbolistes s’emparèrent progressivement de la scène, avec des pièces de Maurice Maeterlinck (Pelléas et Mélisande, 1892), de Paul Claudel (Tête d’or, 1890)
Principaux peintres : Pierre Puvis de Chavannes et Gustave Moreau
Claude Debussy ou Le symbolisme en musique
Claude Debussy (1862-1918), compositeur français, un des principaux précurseurs de la musique du XXe siècle. Né à Saint-Germain-en-Laye, Debussy voyage très tôt à Florence, Venise, Vienne et Moscou en 1879. Il est employé comme musicien particulier de Nadejda von Meck, protectrice du compositeur russe Piotr Tchaïkovski. Pendant son séjour en Russie, il se familiarisa avec la musique de compositeurs russes comme Tchaïkovski, Aleksandr Borodine, Mili Balakirev et surtout Modest Moussorgski.
Debussy remporte le prestigieux Grand Prix de Rome en 1884. Debussy gagne une certaine notoriété avec le Prélude à l’après-midi d’un faune (1894), une musique de ballet inspirée par un poème de Stéphane Mallarmé, qui fit date.
L’opéra Pelléas et Mélisande, d’après la pièce du même nom de Maurice Maeterlinck, créé en 1902, projeta Debussy dans la gloire. L’œuvre à nouveau fit date, car elle conservait et enrichissait le côté abstrait et quasi onirique de la pièce de Maeterlinck, et aussi par son traitement de la mélodie, reproduction fidèle du rythme de la parole dont elle représente une extension naturelle.
Debussy, le précurseur de la musique moderne
Debussy fraya la voie à une grande partie de la musique moderne. Ses innovations furent d’ordre aussi bien harmonique que syntaxique et sonore. « Vive Rameau ! A bas Gluck ! » Chez lui, les accords affaiblissent la tonalité donnée plutôt qu’ils l’appuient. C’est ce qui donne à sa musique un côté rêveur, qui lui a valu la qualification, fortement réductrice d’ailleurs, d’impressionniste, par analogie avec l’effet pictural obtenu par les peintres de l’école de ce nom.
Pelléas et Mélisande, un opéra psychanalytique ?
Il est légitime de faire partir une histoire de l’opéra moderne de Pelléas et Mélisande , dont la première représentation (1902) coïncide presque exactement avec le début du XXe siècle. Musicalement, Pelléas et Mélisande montre une ambiguïté dans son rapport à Wagner (rejet apparent, mais influence profondément assumée de Tristan et de Parsifal). On y trouve aussi l’influence de l’opéra de Moussorgski : « Boris Godounov » (1874).
Pelléas et Mélisande est demeuré un chef-d’œuvre isolé et inimitable. C’est d’abord un opéra de la jalousie : le personnage de Golaud, ressemble fort à celui d’Othello. Il maltraite Mélisande, et finira par la tuer ainsi que son amant Pélléas.
Mais plus original, c’est un opéra du malaise, de la dépression. Mélisande est une figure névrotique ou hystérique : Mélisande est victime d’un trouble psychologique. « Ne me touchez pas », « Je ne suis pas heureuse ». Cette œuvre est contemporaine de la naissance de la psychanalyse.
Petit résumé :
Golaud est un prince veuf qui vit dans un château sombre et triste où rôdent la maladie et la mort. Son grand-père, le roi Arkel, voudrait lui voir épouser une princesse d’un royaume contre lequel ils sont en guerre.
Lors d’une chasse, il rencontre une jeune fille qui pleure auprès d’un lac. Elle s’appelle Mélisande. Golaud lui propose de venir habiter au château familial et l’épouse. Mais Pelléas, son frère, tombe amoureux de la belle. Golaud, fou de rage en apprenant, de la bouche de son propre fils, que son frère et sa femme se voient en cachette, décide de les tuer. Il les surprend près de la fontaine des aveugles, tue Pelléas et blesse Mélisande. Il la ramène au château mais les portes sont fermées et ils doivent attendre dehors. Ils s’endorment contre la porte. Le portier les découvre enfin et prévient le roi Arkel, le grand-père de Golaud. Avant de mourir, Mélisande met au monde une petite fille.
Extrait n° 19 Pellèas et Mélisande
Acte 1 scène 1 :
GOLAUD
Je ne pourrai plus sortir de cette forêt ! Dieu sait jusqu’où cette bête m’a mené. Je croyais cependant l’avoir blessée à mort ; et voici dans traces de sang. Mais maintenant, je l’ai perdue de vue, je crois que je me suis perdu moi-même, et mes chiens ne me retrouvent plus. Je vais revenir sur mes pas. J’entends pleurer. Oh ! oh ! qu’y a-t-il là au bord de l’eau ? Une petite fille qui pleure au bord de l’eau ?
(Il tousse.)
Elle ne m’entend pas, Je ne vois pas son visage.
(Il s’approche et touche Mélisande à l’aule.)
Pourquoi pleures-tu ?
(Mélisande tressaille, se dresse et veut fuir.)
N’ayez pas peur vous n’avez rien à craindre. Pourquoi pleurez-vous, ici, toute seule ?
MÉLISANDE
Ne me touchez pas ! ne me touchez pas !
Les ouvrages de Freud
On peut situer la naissance de la psychanalyse avec les Études sur l’hystérie (1895). Il élabore sa théorie de la sexualité infantile et découvre en 1897, le complexe d’Œdipe (encore un apport de la mythologie grecque).
Puis vient l’Interprétation des rêves en 1900.
En 1902, Freud est nommé professeur titulaire à l’université de Vienne. Mais le monde médical continue à considérer son œuvre avec hostilité. Ses ouvrages suivants sontPsychopathologie de la vie quotidienne (1904) et Trois Essais sur la théorie de la sexualité (1905)
Transition : 2 bouleversements dans l’histoire de la musique :
L’école de Vienne et le dodécaphonisme entraîneront la ruine de la tonalité : Schoenberg, Berg, Webern : Pierrot lunaire (1912), Wozzeck (1925)
L’utilisation du timbre avec Igor Stravinsky : Le sacre du printemps (1913)