Jean-Marc Durand et Stéphane Udias présentent le GirondEmusicBox : entretien avec des Hybrides #8

  • Par administrateur
  • 30 janvier 2013
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1) Qu’est-ce que le « GirondEmusicBox » ?

Les Bibliothécaires Musicaux d’Aquitaine (BiMuDaq), membres associés de l’ACIM, ont constitué un groupe pilote de discothécaires afin de travailler en réseau sur un projet de base de données qui permettrait de mettre en avant les artistes locaux et ceux qui font la vie musicale en Gironde.
Un groupe de bibliothécaires musicaux de la région bordelaise a ainsi développé un site en ligne dédié à la promotion des musiciens locaux : le GirondEmusicbox. Les participants au projet ont été assez nombreux, issus des bibliothèques de Bordeaux, Pessac, Gradignan, Mérignac, Cestas, Talence et de la BDP 33. Un groupe de travail plus réduit s’est néanmoins structuré autour des personnes présentes en continue depuis le lancement du projet, avec Sylvette Peignon (Gradignan), Nicolas Clément (Bordeaux), Benoît Roucou (BDP), Jean-Marc Durand et Stéphane Udias (Pessac), Laura Devert (Cestas).

Le GirondEmusicBox est un projet culturel collaboratif, sans aucune forme d’exploitation commerciale qui vise à renforcer la visibilité des artistes locaux et à favoriser la diffusion de leurs productions auprès des bibliothèques, des programmateurs, des institutions liées à la musique, et du public.
L’idée est de constituer un répertoire musical en ligne, le plus étoffé possible, organisé autour d’entrées thématiques (rock, jazz, musiques du monde, chanson…) avec une fiche de présentation pour chaque groupe ou artiste (genre musical, membres, discographie, visuel, renvoi vers MySpace, extraits vidéo…).
Ce répertoire raisonné et actualisé dont la vocation est de promouvoir la création sur notre territoire, se destine aussi bien aux internautes et usagers des bibliothèques et médiathèques qu’aux institutions et acteurs de la vie musicale.

2) Quels étaient vos objectifs en développant ce projet ?

Le déclencheur du projet a été une présentation très convaincante de « l’emusicbox » développé à Limoges (répertoire thématique des groupes du Limousin), à laquelle j’ai pu assister lors d’une formation, cet outil semblait répondre parfaitement à un double objectif relevé initialement à Pessac. En premier lieu, nous souhaitions développer le fonds local proposé à la médiathèque, dans la mesure où un tel fonds bien valorisé, pouvait permettre de mettre à profit une ressource originale et porteuse. D’autre part, ayant fait le choix d’une politique d’animation centrée sur la programmation de concerts réguliers de groupes locaux, il nous fallait nous doter d’un outil de recensement afin d’affiner notre connaissance des groupes de Bordeaux et de sa région.

La réalisation d’un « emusicbox » version bordelaise semblait donc nous offrir l’opportunité de constituer une ressource en ligne venant compléter efficacement notre fonds local physique, fonds qui nous apparaissait de plus en plus lacunaire (un grand nombre de groupes actifs et présents sur internet ne produisant pas ou plus de CD). En outre, ce répertoire en ligne était de nature à faciliter grandement nos recherches de groupes pour l’organisation de concerts, puisqu’ il nous suffirait de le consulter si nous décidions par exemple de programmer un groupe de musique tzigane, de reggae ou de blues, nous épargnant ainsi une recherche chaotique et aléatoire sur Internet ou ailleurs.

Il se trouve que ce projet de développement d’un emusicbox girondin a commencé à germer dans nos têtes peu de temps avant que les discothécaires de la région ne décident de se rencontrer régulièrement puis de se réunir au sein de l’association BIMUDAQ (Bibliothécaires musicaux d’Aquitaine). Ce cadre nous a fourni l’opportunité de constituer pour la première fois un véritable groupe de travail et de faire du GirondEmusicbox un projet collaboratif rassemblant des discothécaires de Bordeaux, Gradignan, Pessac, Cestas, Mérignac…ainsi que de la BDP 33.

3) Quel est l’historique du projet ? Avez-vous bénéficié d’un accompagnement technique de la part des services informatiques (ou d’autres services et partenaires) pour réaliser le site ?

Le projet initial s’est ébauché début 2010, nous envisagions alors de faire une simple adaptation de l’emusicbox développé à Limoges, son concepteur, Niels Hamel nous  ayant généreusement mis à disposition un squelette de site (sous SPIP). Mais finalement nous avons dû renoncer à cette option et faire le choix de développer un site qui nous soit propre, conçu en commun et réalisé par Benoît Roucou (BDP 33), seul membre du groupe à posséder les compétences techniques nécessaires. Cette absence de soutien technique et d’informaticien à nos cotés, mis à part Benoît qui travaillait au projet le plus souvent sur son temps personnel, explique largement la lenteur du processus de développement du site. Finalement il nous aura fallu attendre près de deux ans avant de mettre au jour un site structuré et opérationnel, prêt à être alimenté (printemps 2012) .

4) Quels sont les paramètres techniques, administratifs ou juridiques qui ont joué dans la conception de GirondemusicBox ?

Nous avons dû franchir plusieurs obstacles. Tout d’abord, chacun d’entre nous devait obtenir l’aval de sa hiérarchie et la validation de sa participation, ce qui n’allait pas de soi dans certaines structures. Il fallait aussi tout simplement parvenir à aménager nos emplois du temps respectifs, pour nous réunir, et à trouver les modalités d’un travail en commun à distance.
Il nous a également fallu chercher un appui institutionnel, pour aider à la validation et tenter d’obtenir si possible un renfort technique et opérationnel. Or la tâche s’est avérée complexe, notamment du fait de l’originalité de notre structuration:

  •  Une organisation singulière, avec des membres constitués en association mais oeuvrant dans le cadre d’une activité au sein de différentes collectivités territoriales (communes et département). Alors qu’à Limoges par exemple, le projet était porté par une unique entité municipale.
  •  Le choix d’un périmètre d’action à l’échelle de l’agglomération bordelaise, puis du département (ce qui est déjà énorme compte tenu de la richesse de la scène musicale locale), alors que l’agence culturelle qui était initialement pressentie pour nous appuyer (ECLA) a plutôt vocation à soutenir des projets à l’échelle de la région Aquitaine (sa participation s’est donc limitée à l’apport d’éclairages nécessaires dans le domaine juridique) .

Finalement dès lors que nous avons été en mesure de réaliser le site de manière autonome et que nous avons pris conscience qu’un adossement institutionnel local s’avérait compliqué et peu productif, nous avons simplement sollicité l’ACIM pour un accompagnement et un hébergement du site. Cet hébergement par une association professionnelle reconnue comme l’ACIM nous garantit par ailleurs une reconnaissance vis à vis des opérateurs culturels et des institutions. Cela nous permet d’être « identifiés » comme des professionnels de la musique dans le cadre d’une association nationale et de son sous-groupe BIMUDAQ.

5) Comment organisez-vous l’alimentation du site et la production de contenus ?

Dans un premier temps nous avons fait le choix de nous concentrer sur la constitution du répertoire thématique des groupes, qui est le coeur du site, l’enrichissement en contenus divers (actualité, présentation des lieux musicaux…) venant dans une seconde phase.
Sans être a priori hautement ambitieux, ce travail sur le contenu du site s’est néanmoins avéré relativement délicat à mettre en place, car il fallait d’abord être bien au clair sur le cadre juridique lié aux contenus mis en ligne, puis se doter d’outils communs permettant de contacter les artistes, de rassembler et d’ordonner les données utiles les concernant.
Ensuite chaque participant au groupe de travail s’est vu confier un quota de fiches artistes à préparer, à faire valider et à mettre en ligne. Le seuil à atteindre pour que le site soit représentatif et les recherches pertinentes tournant autour de 120 à 150 groupes ou artistes référencés.
Nous souhaitions au départ que les groupes réalisent eux-mêmes leurs fiches sur le site (se portant ainsi garant des contenus proposés), mais devant leur manque de réactivité et les problèmes d’administration que cela engendrait (droits d’accès très souples, manque d’ homogénéité dans la rédaction…), nous avons dû inverser le processus et prendre en charge la réalisation des fiches. En revanche cela nous impose de bien cadrer le processus de publication et de validation (vu avec un avocat). Chaque fiche est publiée temporairement (5 jours maximum) pour permettre aux artistes d’en prendre connaissance puis de la valider (sur un formulaire que nous archivons).

6) Quels types de contenus audiovisuels proposez-vous en ligne ?

Nous avions initialement prévu des contenus beaucoup plus riches, avec notamment de nombreux extraits pour une découverte directe des productions des artistes sur notre site. Mais bien évidemment cela faisait de nous des éditeurs de contenus et imposait des contraintes juridiques et financières (paiement de droits) importantes. Il nous a donc fallu revoir nos ambitions, réduire au maximum les extraits sonores ou vidéos proposés (issus principalement de Soundcloud et Youtube) et privilégier les renvois vers les sites dédiés des groupes ou vers les réseaux sociaux.

7) Le GirondEmusicBox est présent sur les réseaux sociaux (MySpace, Facebook). Comment avez-vous procédé ?

Nous avons très tôt utilisé Myspace pour présenter le projet et encourager les groupes et les partenaires potentiels à nous contacter, mais c’était sans doute un peu prématuré car en définitive nous ne pouvions pas encore leur montrer un site suffisamment abouti pour les motiver fortement, ou simplement intégrer sans délai ceux qui voulaient s’associer au projet.
Le Facebook du Girondemusicbox a quant à lui été lancé courant 2010, prenant très rapidement le pas sur MySpace comme outil de promotion sur les réseaux sociaux …

8) Quels sont les retours de la part des publics touchés et des artistes présentés ?

Le site étant seulement en phase de lancement nous avons encore peu de retours de la part des utilisateurs, du côté des artistes, nous avons des réactions évidemment favorables, mais initialement un niveau de réactivité assez moyen à nos sollicitations. Néanmoins, à mesure que le site gagne en notoriété, les groupes se montrent très intéressés. Constatant que d’autres sont déjà présents et mis en valeur sur le GirondEmusicbox, ils sont beaucoup plus réactifs et impliqués dans le projet.

9) Quels conseils ou recommandations formuleriez-vous à des collègues qui voudraient se lancer dans une aventure similaire ?

Pour se lancer efficacement dans un projet similaire, je crois qu’il est indispensable d’intégrer dès le départ un informaticien ou un webmaster capable de concevoir et d’administrer le site. De même, il faut très tôt se pencher sur les aspects juridiques car ils orientent très fortement la nature du contenu du site et l’organisation du travail. Enfin, si le projet compte un nombre conséquent de participants, il faut absolument constituer un petit groupe de pilotage de trois ou quatre personnes au maximum pour structurer le travail et entretenir la dynamique.
Le regroupement en association permet également d’être identifié comme groupe professionnel et comme médiateur du projet vis à vis des artistes comme de nos tutelles. Cela permet également à certains de nos collègues d’argumenter et de légitimer leur participation à un projet collectif ne relevant pas directement de leur tutelle ou leur service. Nous pouvons en outre par ce biais parler de notre projet lors de journées de formation, colloques… au nom d’un groupe et non pas de façon personnelle ce qui a facilité la cohésion autour du projet.

10) Avez-vous des projets pour développer ou faire évoluer cette action ?

Idéalement l’idée serait de pouvoir essaimer, afin que des musicbox se constituent dans un grand nombre de départements, témoignant ainsi du dynamisme et de la variété des productions musicales locales.
Dans cet esprit, une fois le GirondEmusicBox totalement finalisé, nous tenterons sans doute de mettre à disposition un site et des outils de gestion clé en main pour faciliter la tâche à nos collègues des autres régions qui souhaiteraient se lancer dans l’aventure…

Liens

http://www.girondemusicbox.fr/
http://www.lemusicbox.bm-limoges.fr/
http://www.bimudaq.acim.asso.fr/
http://www.facebook.com/pages/GirondEmusicbox/147240635322205

2 commentaire(s) sur “Jean-Marc Durand et Stéphane Udias présentent le GirondEmusicBox : entretien avec des Hybrides #8

  1. Une excellente initiative qui mériterait d’être reprise dans d’autres régions, mais pas si sûr que tout le monde ait les ressources et le temps pour le mettre en place, bravo en tout cas.

  2. Une idée très séduisante que cet « emusicbox ». Effectivement il serait intéressant de proposer votre système à d’autres régions, qui profiteraient ainsi de votre expérience et de vos développements.