Dans le Manifeste de l’UNESCO sur la bibliothèque publique de 1994, abortion il est énoncé « que la bibliothèque publique est un instrument essentiel de l’éducation permanente ». Quant au bibliothécaire il est affirmé dans un rôle de médiateur : « le bibliothécaire est un intermédiaire actif entre les utilisateurs et les ressources ».
Se repérer dans le foisonnement des collections
Les bibliothèques constituent des offres documentaires. Il en découle un accroissement naturel des collections auquel l’usager doit faire face. L’aménagement du lieu est loin d’être neutre et les classifications choisies, web parfois obscures, sick contribuent à la hiérarchisation des documents et des supports. Comment se repérer dans cette offre vaste qui, si elle parle au bibliothécaire qui l’a constituée, risque de décourager l’usager ayant face à lui des milliers d’emprunts possibles ?
Offre « art et essai » vs mainstream
La frontière est mouvante entre le fait d’acquérir des documents mainstream et d’autres plus difficiles d’accès, moins grand public. L’éternel débat, en somme, d’un hit du top 50 et d’un titre plus exigeant, dont l’écoute immédiate ne sera pas « captivante ». L’essentiel n’est-il pas que l’usager lambda trouve et le dernier Beyoncé et le dernier Aphex Twin, artiste des marges électroniques ? Surtout dans un contexte sociétal où les individus aspirent au choix et à l’autonomie.
Un rôle de médiation affirmé
Le recours à la médiation est possible sans être obligatoire. On peut venir à la médiathèque avec une idée en tête d’emprunt mais aussi se laisser aller à un « emprunt vagabond ». Mais force est de constater que le public a besoin, à l’heure d’une offre numérique surabondante, d’être accompagné dans ses (re)quêtes.
Plus que jamais, il faut que le professionnel musical exerce son rôle de guide-prescripteur. C’est là que la notion de recommandation entre en jeu, induisant la question de la personnalisation. La relation entre le bibliothécaire et le public est capitale. Ce qu’Internet ne produira jamais, en relation interpersonnelle, devient un axe prioritaire pour le bibliothécaire : être à l’écoute de l’usager et même solliciter ce dernier.
De nouveaux services : l’usager au cœur de la médiation musicale
Depuis longtemps déjà, les médiathèques organisent des moments de rencontres et d’échange avec le public. Il devient primordial pour nos institutions culturelles de (mieux) communiquer autour de ces initiatives (club de lecteurs, clubs d’écoutes musicales etc) qui introduisent de plus en plus la dimension participative. Comment impliquer le public dans nos actions de médiation ? Cette question trouve d’autant plus sa légitimité à l’heure où la culture du web social nous rend tous potentiellement acteur (rédacteur d’un blog/passeur d’informations sur nos réseaux sociaux…) de nos pratiques culturelles. Il s’agit bien de mettre en place des moments de partage des expertises de part et d’autre. Celle du professionnel de la musique et celle du mélomane par exemple. Ne plus laisser le public seulement passif – simple consommateur d’un concert– mais bien acteur potentiel de la médiation culturelle.
P’tit Déj musical dans les BMM
Depuis octobre 2011, les BMM ont mis en place un dispositif participatif mobilisant des connaissances musicales autour d’une thématique. Avec une régularité mensuelle et un souci de l’accueil (viennoiseries et café sont servis), le public est convié à apporter un morceau de musique en résonance avec le thème annoncé. Les perles de votre discothèque (chansons rares pour Nuit blanche), un artiste francophone (Semaine de la francophonie), une reprise décalée (l’art de la reprise), un artiste/groupe allemand (festival à l’Arsenal) etc. La logistique permet de présenter sa musique sous diverses formes : CD, MP3, Vinyl. Une connexion Internet présente l’avantage de présenter des suggestions inopinées du public (vidéo Youtube, etc.). Au fil des rendez-vous, nous avons fidélisé un noyau dur d’une dizaine de personnes pour lesquelles « être ensemble », la personnalisation et la relation individualisée comptent, parfois plus que le thème annoncé ! D’autres curieux tentent l’expérience du P’tit déj musical par intermittence. L’interaction de la formule implique le public, libre de participer activement ou de simplement faire des découvertes.
A l’heure où l’Internet déstabilise la mission de prescripteur des bibliothécaires, il devient urgent de réinterroger notre métier. Les pratiques actuelles au sein de notre société, induites par le numérique, peuvent être inspirantes. L’économie « collaborative » comme les échanges de services entre particuliers, ainsi que les politiques publiques avec la mise en œuvre de la démocratie participative montrent la voie !
Véronique Doussot
Bibliothèques-Médiathèques de Metz
Bravo et merci !
excellente Véronique, qui donne la pêche et des envies de sortir de sa médiathèque
et comme la nôtre est fermée depuis des mois, on devrait en prendre de la graine !
Corinne