Le développement du partenariat musical en médiathèque

  • Par administrateur
  • 13 octobre 2012
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La coopération entre la médiathèque Jules Verne et l’École municipale de Musique de Vandoeuvre
Mémoire de stage d’année spéciale – Stage réalisé à la médiathèque Jules Verne de Vandoeuvre-lès-Nancy

par Robin GLANTENAY
Promotion 2011/2012
IUT Nancy-Charlemagne – Dépt. Info-Com – Option MLP – Université de Lorraine
2 ter Boulevard Charlemagne – CS 5227 – 54052 NANCY CEDEX

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INTRODUCTION
La musique s’est rapidement imposée au cours des trois dernières décennies comme un secteur phare dans l’offre documentaire des bibliothèques de lecture publique, et a notamment contribué à la requalification de nombre d’entre elles en « médiathèques » publiques. Les bibliothèques multimédia et médiathèques publiques ont ainsi mis en place parallèlement des politiques d’animation en accord avec cette offre documentaire afin de mieux faire découvrir les différentes formes d’expression vivante de la musique auprès de leurs publics. Cette montée en puissance de la musique en bibliothèque s’est toutefois rapidement heurtée à un puis deux phénomènes indépendants, venus pourtant frapper de concert la bonne santé des secteurs audiovisuels des médiathèques. Le premier, l’émergence d’internet, a permis aux auditeurs potentiels de télécharger, légalement ou non, la musique qu’ils achetaient auparavant auprès de leur disquaire ou empruntaient à leur médiathèque. De fait, une partie des usagers gagnés grâce à l’apparition de l’offre de musique a rapidement fait défaut en pratiquant le téléchargement en lieu et place de l’emprunt en bibliothèque. Le deuxième coup porté au bon développement de la musique comme du reste des collections, et plus problématique sur le long terme, l’a été par la crise économique frappant depuis 2007 les états occidentaux. C’est peu à peu l’ensemble des collectivités publiques qui a ainsi été frappé par cette crise, ayant d’abord touché l’Etat, puis les collectivités territoriales dont les budgets font l’objet de resserrements de plus en plus drastiques. Contraintes à des arbitrages budgétaires dont la culture ne sort généralement pas gagnante, les collectivités territoriales éprouvent les plus grandes difficultés à maintenir les budgets de leurs bibliothèques, et les moyens pour ces dernières de développer leurs collections. C’est donc logiquement que les bibliothèques recherchent les moyens de faire face à cette épée de Damoclès pesant sur leurs ressources. La coopération, ou le fait pour les bibliothèques et médiathèques de collaborer avec d’autres structures publiques, associatives, ou même commerciales en vue de proposer des actions mutualisées au public, apparaît ainsi comme l’un des moyens d’atténuer les conséquences de cette double crise. En secteur audiovisuel, cette dernière se traduit principalement par la mise en place d’animations conjointes entre les médiathèques et leurs partenaires, mais pas uniquement. Elle peut en effet donner lieu à d’autres formes d’actions comme la coopération documentaire ou l’offre de formations. Dans tous les cas de figure, la coopération peut se révéler absolument bénéfique moyennant l’acceptation d’une inévitable surcharge de travail pour les agents impliqués.

Issue de la volonté de la ville de Vandœuvre-lès-Nancy de remplacer l’ancienne bibliothèque par un établissement moderne doté de moyens substantiels, la médiathèque Jules Verne a ouvert ses portes en 2000 aux quelques 31 000 vandopériens. Cet imposant bâtiment à l’architecture moderne, d’une surface de2 500 m2, peut en effet évoquer la forme d’un vaisseau spatial. Ses 26 agents proposent une vaste collection de plus de 120 000 documents aux habitants de la commune. Plus 6 000 inscrits fréquentent activement la médiathèque, soit un taux de fréquentation de 18 %. La médiathèque est ouverte 5 jours sur 7 du mardi au samedi, 34 heures par semaine. Elle dispose notamment d’un secteur audiovisuel, apparu à Vandoeuvre avec son ouverture, offrant aux usagers des documents relatifs à la musique, au cinéma, et à la danse. Il n’y avait dans l’ancienne bibliothèque que quelques livres et K7 en secteur jeunesse. La nouvelle médiathèque Jules Verne a été dotée d’un important budget pour la musique et le cinéma avec pour ambition de disposer le plus rapidement d’un véritable fonds de base. Les prêts en secteur audiovisuel représentent aujourd’hui environ 25 % des emprunts à la médiathèque. Ce secteur a connu un large succès à ses débuts malgré une baisse de la fréquentation nationale déjà amorcée il y a 12 ans.

Animée de l’intention de développer les partenariats culturels, notamment entre la médiathèque Jules Verne et d’autres structures de la commune, la ville de Vandoeuvre a ainsi pris à son tour le parti de la mutualisation en vue de l’offre de services culturels aux vandopériens. En matière musicale, la médiathèque Jules Verne peut d’ores-et-déjà se prévaloir d’une coopération active avec l’Ecole municipale de Musique de Vandoeuvre (EmMV). Créée en 1984, cette dernière propose à environ 500 élèves des enseignements assurés par 33 professeurs de musique. Sous la tutelle dela Mairiede Vandoeuvre, à l’instar de la médiathèque Jules Verne, elle est l’une des structures majeures de ce type au niveau départemental. Depuis 2005, de nombreuses manifestations ont ainsi été proposées aux usagers de la médiathèque en coopération avec l’EmMV. Si ce partenariat s’avère relativement avancé, il reste toutefois perfectible tant sur sa forme que dans son contenu. C’est dans ce contexte que m’a été assignée la mission, dans le cadre de mon stage à la médiathèque Jules Verne, d’établir le bilan des actions déjà menées et de réfléchir à de nouvelles orientations susceptibles de développer les liens entre les deux structures. De façon générale, l’efficacité du partenariat en secteur musical implique de maîtriser les enjeux du travail de coopération, d’en connaître les potentialités ainsi que la méthodologie. Afin de répondre à cette exigence, nous nous attacherons à démontrer dans un premier temps que mutualisation et complémentarité entre acteurs de la vie musicale fondent nécessairement la base de toute coopération. Nous étudierons en second lieu dans quelle mesure les actions qui en sont issues peuvent servir les missions de la médiathèque. Puis nous aborderons enfin les conditions de l’efficacité de cette coopération, en nous appuyant sur l’exemple de la médiathèque Jules Verne et de l’EmMV.

CONCLUSION
La collaboration entre les médiathèques et les acteurs du monde de la musique, comme dans d’autres domaines de la culture, répond avant tout à la nécessité de satisfaire la demande du public. Elle implique pour les agents de la médiathèque un important travail de réflexion et de concertation, dont la collectivité peut toutefois tirer le plus grand bénéfice.

Elle constitue en effet, particulièrement en ces temps de crise, une opportunité pour les médiathèques et structures du monde culturel en général, et musical en particulier, de s’appuyer sur leur complémentarité pour mutualiser leurs ressources au service des usagers.

Les fruits de cette coopération sont ainsi susceptibles de renforcer l’action de la médiathèque dans l’accomplissement de ses missions de service public, particulièrement dans le cadre de la diffusion et de la valorisation du patrimoine culturel et de sa diversité, mais également et surtout dans celui de l’accès aux spectacles vivants. Toutefois un partenariat, s’il veut rester efficace, devra nécessairement donner lieu à la tenue de bilans quantitatifs et qualitatifs des liens de coopération entre les structures. Ces derniers dicteront les conditions de la consolidation du partenariat, dont dépendra son futur enrichissement en vue de répondre aux attentes des publics potentiels.

La coopération est probablement le symptôme d’un changement d’ère pour le service public, dans le domaine culturel comme ailleurs. Le poids de la dette publique apporte régulièrement son lot de nouvelles contraintes, pour l’Etat comme pour les collectivités territoriales, en vue d’un retour à l’équilibre budgétaire. Dans ce contexte, le travail en partenariat permet aux médiathèques de proposer une plus grande diversité d’animation à une population plus variée également. Cette coopération peut cependant constituer la première étape d’un processus global de fusion des services publics dont la culture sera la première victime. Si les établissements culturels des collectivités territoriales sont ainsi voués à se rapprocher de plus en plus les uns des autres, l’ampleur de ce rapprochement dépend de la volonté des élus qui assurent leur tutelle. Les médiathèques constituent une « vitrine » de leur action, et les partenariats qu’elles nouent contribuent à la valorisation socioculturelle de leur territoire. Cette coopération a donc vocation à se développer avec des partenaires de plus en plus hétérogènes, comme l’illustrent les exemples étrangers, allemands et anglais notamment, où les entreprises privées prennent une place de plus en plus importante dans les partenariats des bibliothèques.