Le jazz manouche

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  • 8 janvier 2008
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Médiathèque de Vincennes – Espace Musique décembre 2007

INTRODUCTION

Du jazz manouche, on connaît en général Jean-Baptiste « Django » Reinhardt (1910-1953), quasi-inventeur du style, figure légendaire à laquelle l’histoire a accordé le statut de génie. Certains gardent en mémoire une scène du film Swing, de Tony Gatlif, dans laquelle Tchavolo Schmitt exhibe ses talents de guitariste. D’autres apprécient le rythme manouche des chansons de Sansévérino.

Pourtant, en dépit de ces quelques vitrines, le jazz manouche demeure assez mal connu. On a tôt fait de le ranger négligemment au rayon des musiques de répertoire pour guitaristes virtuoses, une musique pour techniciens qui aurait perdu l’essentiel de son âme à la mort de son créateur.
Il n’y a pas de fumée sans feu et ces reproches ne sont pas tout à fait infondés. Mais l’apparente uniformité du genre cache une scène active riche de différents courants, que nous vous proposons de découvrir dans la troisième partie de ce document.
Pour mieux en apprécier la diversité, il aura auparavant été utile de s’attarder sur la carrière de Django Reinhardt, tant l’influence de celui-ci est grande.

Et comme le jazz manouche n’est pas apparu ex nihilo un beau jour de 1934, nous commencerons par rappeler brièvement les origines du genre et le contexte musical dans lequel il est apparu.

SOMMAIRE

1. DÉFINITION ET ORIGINES

2. PARCOURS DE DJANGO DANS LE JAZZ

3. LES HÉRITIERS DE DJANGO ou LE JAZZ MANOUCHE DES ANNÉES 40 À 2000

DISCOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

FILMOGRAPHIE

SITES INTERNET

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1. DÉFINITION ET ORIGINES

Django le Manouche a rencontré le jazz au début des années 30. De leur union est né un style nouveau, une façon bien particulière d’interpréter le jazz qui a fait école. Quels sont les ingrédients de la recette ? Comment et dans quel environnement cette rencontre s’est-elle déroulée ? C’est ce que nous allons retracer dans cette première partie.

Jazz manouche ou swing gitan ?

Arrêtons-nous quelques instants sur la terminologie employée. L’expression « jazz manouche » semble s’imposer depuis quelques années pour qualifier la musique de Django Reinhardt et de ses suiveurs.
Mais, de « jazz tsigane » à « swing gitan » en passant par « gypsy swing », les ouvrages, articles et rayons des disquaires voient se côtoyer différentes expressions. Toutes désignent plus ou moins la même chose. Un peu d’histoire permet cependant de comprendre d’où viennent ces mots et d’en nuancer la signification.
Aux alentours du Xème siècle, des groupes de nomades ont quitté le nord de l’Inde pour se diriger vers l’ouest. Les raisons et les conditions de cette migration demeurent floues. Toujours est-il qu’au cours des siècles suivants, les descendants de ces tribus (appelés Tsiganes car amalgamés aux Athingani, membres d’une secte d’Asie Mineure) se sont dispersés à travers le Proche-Orient, l’Europe de l’Est puis l’Europe occidentale où leur présence est relatée dès le XVème siècle. Ils étaient appelés Bohémiens, c’est-à-dire « ceux qui arrivent du Royaume de Bohême » (partie occidentale de l’actuelle République Tchèque), ou Egyptiens car on les supposait originaires de Petite Egypte (qui correspond aujourd’hui à l’Epire, région de Grèce proche de la frontière albanaise). « Egyptien » a donné Gypsy en anglais, Gitanos en espagnol, termes utilisés pour désigner les Tsiganes dans leur ensemble. En français, on a donc naturellement tendance à employer « Gitan » comme synonyme de « Tsigane ». Cela peut pourtant prêter à confusion quand on sait que différentes communautés se sont formées au sein du peuple Tsigane : Sinti du Piémont, Gitans d’Espagne et du Sud de la France, Manouches d’Alsace… Pour compliquer un peu plus les choses, notons que des représentants de ces différents groupes, réunis en congrès en 1971, ont choisi « Rom » comme terme générique quand le français l’applique à un groupe bien précis d’Europe centrale…
On voit donc l’ambigüité de l’expression « jazz gitan », l’adjectif pouvant englober l’ensemble des Tsiganes ou désigner une communauté bien précise de cet ensemble. Parler de jazz tsigane semblerait plus adéquat. En 1959, Michel-Claude Jalard publiait ainsi dans les Cahiers du jazz une étude intitulée « Django et l’école tsigane du jazz ». Un rapide parcours des bibliographies établies sur ce thème montre que l’expression a rencontré les faveurs de la critique jusqu’au début des années 90. Par la suite, on l’a dit, le « jazz manouche » a supplanté le « jazz tsigane ». Effet de mode ? Marketing ? Peut-être. Evolution de la valeur des mots aussi, en particulier des connotations péjoratives dont certains d’entre-eux (« manouche », par exemple) ont parfois été chargés.
Si « Jazz manouche » présente également le défaut de faire référence à un groupe, au moins ce groupe est-il celui auquel appartenait Django Reinhardt, ce qui lui confère une certaine légitimité historique. Même si on retrouve des Gitans dans la généalogie de ce style…

Enfin, swing ou jazz ? Le swing est une particularité de la musique plus qu’un style, ou bien évoque le jazz classique des années 30. En employant swing, on peut paraître n’aborder que les musiciens faisant explicitement référence à ces années et laisser de côté l’esprit aventureux du jazz, qui reste pourtant bien présent dans ce style tout au long de son évolution…
Au fil des pages suivantes, nous parlerons donc de jazz manouche. Pour préciser ( ?) la définition que nous en avons faite, ajoutons que les artistes adeptes du genre pourront être Manouches, Tsiganes mais pas Manouches, voire gadjé (c’est-à-dire non-Tsiganes) !

Particularités des musiques tsiganes

La musique des Tsiganes n’a pas attendu de croiser le jazz pour se mêler à d’autres genres. C’est même une de ses caractéristiques principales : sa capacité à intégrer des éléments propres à la culture du pays d’accueil tout en préservant une identité forte. En Andalousie par exemple, ils ont adopté la guitare et la langue espagnole mais, par des effets vocaux particuliers, ont teinté leur flamenco d’une émotion qui distingue le style gitan du style andalou.
En Hongrie, les musiques de danse (czardas) ou de recrutement militaire (verbunkos) ont été à l’origine de la musique dite tzigane. Cette musique de restaurant s’est développée en Europe centrale, puis s’est répandue dans toute l’Europe après l’abolition de l’esclavage des Tsiganes de Roumanie vers 1855, la mode gagnant les cabarets parisiens après la révolution russe de 1917. Au sein d’orchestres comprenant cymbalum et contrebasse, les primas, violonistes le plus souvent, enchantaient les spectateurs par leur virtuosité et leur expressivité. Que la musique soit jouée sans partition et que l’improvisation y tienne une grande place ajoutait au charme et à l’étonnement.

¤ Écoute : Un primas de Szged / Karpati Mihaly Extrait de l’anthologie « Music on the gypsy route, vol. 2 »

Ces traits (virtuosité instrumentale, expressivité affective, improvisation) sont propres à toute la musique tsigane et on en retrouvera également la trace dans le jazz manouche. Particularités d’autant plus facilement entretenues et transmises au sein d’une communauté que celle-ci est bien souvent rejetée par la population autochtone. Le sentiment d’appartenance au groupe s’en trouve accru et la musique acquiert un fort pouvoir identitaire qui contribue a en perpétuer les singularités.
Alain Antonietto, grand spécialiste des musiques tsiganes, souligne que la musique tzigane à la mode dans les années 20 s’est probablement introduite dans les roulottes des nomades par le biais des 78 tours et des phonographes. Il ne faut pas oublier que le genre avait conquis nombre de compositeurs classiques qui en réintroduisaient les échos dans leurs propres œuvres (Maurice Ravel et sa rhapsodie « Tzigane », Pablo de Sarasate…).
De plus, même si Django Reinhardt n’a jamais été un musicien tzigane, d’autres guitaristes qu’il côtoyait dès les années 20 se sont produits avec des orchestres de brasseries. On pense en particulier à Matelo Ferret, qui interprétera par la suite les deux compositions à l’accent véritablement tzigane composées – mais jamais enregistrées – par Django, ainsi que des thèmes traditionnels ou personnels « slavisants ».

¤ Écoute : Tziganskaïa / Matelo Ferret
Extrait du CD « Tzinganskaïa »

De la virtuosité

On veut parfois ne voir en Django qu’un musicien aux dons innés, archétype du Bohémien inculte mais naturellement doué pour son art. Cliché nourri par la méconnaissance et le mépris dont les Tsiganes sont souvent l’objet, ainsi que par la fascination que leur mode de vie génère dans une population depuis longtemps sédentarisée.
Certes, Django Reinhardt fut un musicien précoce : avant l’âge de 6 ans, il jouait du violon dans l’orchestre familial qui parcourait les routes de la Belgique au sud de la France, interprétant sans doute des airs populaires et folkloriques, des valses et des chansons tsiganes. N’oublions pas toutefois que, comme beaucoup de Tsiganes, il a grandi dans la musique, celle-ci accompagnant les noces, baptêmes et autres événements de la communauté. Initiés dès leur plus jeune âge à un instrument, qu’ils pratiquent plusieurs heures par jour, les plus doués atteignent rapidement une technique effectivement impressionnante. L’enseignement étant dispensé essentiellement de façon orale par les membres de la famille, beaucoup (c’était le cas de Django) ne connaissent pas la théorie de la musique, ce qui entretient le mythe des musiciens prodiges. Quand Django réapprend la guitare avec une main blessée, il nous rappelle aussi la part de travail (de souffrance) et de volonté qui entre dans son jeu.

Un terreau fertile : la valse musette

A la fin de la première guerre mondiale, la famille Reinhardt, que le père de Django a quittée un peu plus tôt, installe sa roulotte près de Paris, porte de Choisy, dans ce qu’on appelle alors la Zone. Quartier insalubre, fait de bric et de broc, ou des cabanons branlants jouxtent les nombreuses roulottes des Tsiganes.
Dans la capitale, outre la musique tzigane évoquée plus haut, la vogue est au musette. Si les accordéonistes sont les rois des bals et des guinguettes, ils trouvent des accompagnateurs de talent chez les banjoïstes Gitans. L’intérêt des Tsiganes pour les valses n’est pas nouveau. Les musiciens tziganes les ont inclus en nombre à leur répertoire.
Sans doute familiarisés au style par leurs aînés et par l’intermédiaire du phonographe (le violoniste virtuose Fritz Kreizler, qui composa lui-même des valses, était très apprécié des Tsiganes), les Gitans vont naturellement intégrer les orchestres des accordéonistes musette : Mattéo Garcia est aux côtés d’Emile Vacher ; Gusti Malha, son gendre, créateur de la célèbre « Valse des niglos », lui succèdera avant d’accompagner d’autres stars du piano à bretelles (Louis Péguri, Fredo Gardoni, Albert Carrara…). Citons également les frères Ferret (Jean « Matelo », dont on a déjà parlé, Pierre « Baro » et Etienne « Sarane », dont on reparlera plus loin).
Le jeune Django fait également partie de la bande. Il a appris le banjo et la guitare, perfectionnant sa technique auprès de Poulette Castro, Gitan légendaire, joueur de guitare et de bandura. Sa réputation de prodige du banjo croît dans le milieu du musette. Les accordéonistes Jean Vaissade et Marceau lui permettent d’enregistrer en 1928 ses premiers disques comme accompagnateur.

¤ Écoute : Griserie / Jean Vaissade avec Django
Extrait du CD « Rare Django »

La valse musette va se trouver quelque peu bousculée par l’accompagnement de ces musiciens tsiganes, qui introduisent liberté rythmique et richesse harmonique dans un style plutôt « raide ». Tout le monde cependant n’apprécie pas leur fantaisie. Alain Antonietto rapporte que le directeur artistique de la maison de disques Gramophone avait reproché à Jean Vaissade son banjoïste « trop bruyant » !
Gitans et Manouches vont contribuer à l’éclosion d’un courant plus proche du jazz baptisé swing musette, illustré notamment par Gus Viseur et Tony Murena. Parmi les guitaristes, Baro Ferret s’est distingué dans ce répertoire.

¤ Écoute : Automne / Gus Viseur avec Baro Ferret
Extrait du CD « Compositions 1934 / 1942 »

La rencontre

Toujours en 1928, Django est contacté par Jack Hylton, alors à la tête d’un orchestre anglais de « jazz ». Ce dernier mot entre guillemets car les puristes considèrent alors que sa musique « fade et sautillante » est vulgaire et commerciale. Néanmoins, il semble proposer au Manouche un contrat suffisamment alléchant pour le convaincre de rejoindre sa formation afin d’y tenir à la fois le banjo et la guitare.
Le sort en décide autrement. La nuit même de sa rencontre avec Hylton, la roulotte de Django est détruite dans un incendie. Le musicien est sauvé de justesse, mais il est grièvement brûlé. Il échappe de peu à l’amputation d’une jambe et sa main gauche reste en partie paralysée. La musique semble désormais exclue pour lui…
Pendant son hospitalisation qui durera un an et demi, il va pourtant réapprendre la guitare, élaborant une technique qui lui permet de composer les accords avec les trois doigts valides de sa main gauche (pouce, index, majeur).
Peu après sa sortie, il part pour Toulon retrouver son frère Joseph « Nin-Nin », avec qui il joue dans les rues pour gagner quelques sous. C’est là qu’aura lieu la rencontre déterminante avec la musique syncopée des Afro-américains. Au cours d’un séjour dans la préfecture varoise, le peintre Emile Savitry entend les frères Reinhardt. Il les invite à écouter quelques disques de jazz qu’il possède : Duke Ellington, Louis Armstrong, ainsi que le duo violon-guitare Eddie Lang et Joe Venuti. Pour Django, c’est une révélation.

2. PARCOURS DE DJANGO DANS LE JAZZ

Le jazz dans les années 30

A quoi ressemble le jazz en ce début des années 30 ? « C’est l’exposé d’un thème (blues ou chanson) et une succession de variations improvisées (les chorus) sur les harmonies de ce thème ; le tempo est régulier » (Patrick Williams).
Il est tentant de faire un parallèle entre la musique des Tsiganes et celle des Noirs d’Amérique du Nord. Parallèle historique : déracinement, esclavage, persécution, rejet, nécessité de reconstruire une identité propre à partir d’éléments de la culture ambiante ; parallèle musical avec le rythme régulier très marqué et cette place centrale accordée à l’improvisation. Du reste, des Tsiganes étaient présents en Amérique du Nord au moment de l’éclosion du jazz et il est probable que, parmi les nombreux ingrédients que ce style a fusionné, figurent quelques airs tsiganes… Néanmoins la musique des Tsiganes n’a pas atteint la dimension universelle du jazz, qui nourrit des cultures tout à fait différentes de celle dont il est issu. Elle reste une musique « que pratiquent entre eux les membres d’une communauté et en laquelle ils se reconnaissent » (Patrick Williams, encore).

Né au début du XXème siècle à la Nouvelle-Orléans, le jazz est introduit en France par les soldats américains en 1917, après que les Etats-Unis se soient engagés dans le premier conflit mondial. Certains musiciens des orchestres jazz se produisant pour les troupes américaines sont restés en France après la fin des hostilités et ont contribué à la naissance d’une scène hexagonale.
Dans les années 20, d’autres musiciens arrivent sur le sol français. Les plus connus sont sans doute la chanteuse Joséphine Baker et le clarinettiste Sidney Bechet, venus lors d’une tournée de la Revue nègre, et qui adopteront la France pour quelques années. Outre ces musiciens, le développement de la radio et du disque permettent au public de découvrir également les maîtres américains.

Au cours de la décennie suivante, le music hall et la chanson française vont se jazzifier de plus en plus. Ray Ventura et ses Collégiens élaborent des spectacles où se mêlent jazz, chansons et sketches. Avec l’apparition du micro, un nouveau style de chanson voit le jour. Le chanteur Jean Sablon, qui a séjourné aux USA, développe ainsi un style de crooner, à mille lieues des fortes voix que l’on connaissait alors. Amateur de jazz, il va jouer un rôle important dans l’éclosion de Django Reinhardt. Il impose à ses producteurs la présence du guitariste sur certains de ses enregistrements et insiste pour qu’il puisse prendre quelques chorus. Quitte à se faire parfois « bousculer » comme dans « Cette chanson est pour vous madame » : sur ce thème enregistré en 1935, les musiciens imposent leur rythme dès le début du chorus.

Le Quintette du Hot Club de France

Les musiciens en question sont Django et son frère Joseph à la guitare, Stéphane Grappelli au piano et Louis Vola à la contrebasse, soit les quatre cinquièmes du Quintette du Hot Club de France. Car si on peut régulièrement entendre Django derrière des chanteurs ou chanteuses entre 1931 et 1938 (Germaine Sablon, Jean Tranchant, Charles Trenet, …), il est depuis 1934 l’une des vedettes d’un ensemble de jazz.
Revenons quelques années en arrière. Après sa découverte du jazz, Django est recruté par Louis Vola pour intégrer sa formation. Lors d’un engagement du groupe à L’Hôtel Claridge de Paris, le guitariste a l’occasion d’improviser en coulisse avec le violoniste Stéphane Grappelli. Leur entente immédiate les incite à poursuivre leur collaboration. Justement, Charles Delaunay, qui est à la tête du Hot Club de France, association s’efforçant de promouvoir le jazz, cherche un orchestre. En décembre 1934, il organise la première séance d’enregistrement d’un quintette baptisé « Delaunay’s Jazz », qui devient trois mois plus tard le Quintette du Hot Club de France, souvent abrégé QHCF.

Dès les premières sessions sont posées les bases d’un certain classicisme du jazz manouche. Originalité de la formule : alors que la batterie est l’instrument emblématique du jazz et que les cuivres y sont omniprésents, le quintette ne comprend que des cordes, soit trois guitares, un violon et une contrebasse. La rythmique est assurée par la contrebasse et deux guitares, voire trois lorsque le violon prend un solo. Cette façon de marquer les temps à la guitare, c’est la fameuse « pompe manouche », qui nous fait reconnaître le style dès qu’elle entre en action. Le groupe n’est bien sûr pas le premier à inclure une guitare dans sa rythmique, mais aucun ne l’avait fait de cette façon. Les guitares d’accompagnement et la contrebasse vont constituer le moteur du quintette, alliant fermeté et moelleux, imposant le rythme avec une régularité rigoureuse sur laquelle les solistes vont pouvoir s’appuyer pour improviser.
Stéphane Grappelli, qui pendant un temps anglicisera son nom en l’orthographiant avec un Y, n’est pas un violoniste manouche : nulle trace dans son jeu des effets affectionnés par les Tsiganes. Son style élégant et aérien offre un parfait contrepoint à la guitare de Django. Quant à ce dernier, il donne à son instrument une place qu’il n’avait jusqu’alors jamais occupée.

Django guitariste

Quelques Américains avaient commencé à sortir la guitare de son rôle purement rythmique. Lonnie Johnson, qui a fait carrière dans le blues ; Eddie Lang, dont l’association avec le violoniste Joe Venuti, antérieure à celle de Django Reinhardt et Stéphane Grappelli, invite à la comparaison. Le style du Manouche est pourtant radicalement différent de celui de son confrère d’outre-Atlantique. Certes, Eddie Lang ne se contente pas de plaquer des accords et prend bien quelques chorus en single-notes (notes jouées l’une après l’autre) ; mais son jeu est très régulier, les notes posées sur les temps et jouées d’une façon identique. A l’inverse, Django laisse la régularité à ses accompagnateurs et joue avec le temps, étire certaines phrases avant d’accélérer brusquement, place quelques effets (trilles, vibrato…), colore les notes, leur donne du volume, joue sur les contrastes… Jamais guitare n’a été à pareille fête ! Et quand il rejoint la rythmique pour soutenir un chorus de violon, on l’entend encore qui relance la machine, modulant légèrement le tempo, attisant l’imagination du soliste d’un coup de patte ou d’un contrechant.

¤ Écoute : Dinah / Joe Venuti’s Blue Four
Extrait du CD « 1926 – 1928 »

¤ Écoute : Dinah / Django Reinhardt & Stephane Grappelly
Extrait du CD « Volume 1 : the first QHCF recordings 1934-35

L’écoute du même thème interprété d’abord par Joe Venuti’s Blue Four (avec Eddie Lang) puis par le Quintette du Hot Club de France fait vraiment ressortir l’originalité du style manouche. Au reste, comme nous le rappelle François Billard, il semble que la formation américaine ait peu influencé nos deux héros : « le talent d’improvisateur de Joe Venuti n’impressionna jamais Grappelli qui avait le sentiment d’entendre de la novelty music (musique rythmée à la mode à partir des années 20 et conçue pour la danse) et non du vrai jazz ». Quant à Django, il estimait qu’il n’y avait rien à apprendre d’Eddie Lang…

Attardons-nous un moment sur la technique de Django Reinhardt. On a vu que les circonstances lui avaient imposé de retravailler complètement les positions de la main gauche, celle qui forme les accords en posant ses doigts sur le manche. Mais ce qui caractérise le style manouche, c’est l’attaque de la main droite, celle qui fait sonner les cordes. Au lieu de faire reposer le poignet sur la table d’harmonie, au dessus des cordes, Gitans et Manouches le tiennent à hauteur des cordes. Plus mobile, il frappe les cordes avec plus de force, augmentant la résonnance des notes que la main gauche pourra alors plus facilement travailler. Ce coup de poignet serait un héritage du banjo musette, où il fallait jouer fort pour se faire entendre derrière l’accordéon et parmi le brouhaha des bals. Cependant, tous les guitaristes ayant tâté du banjo n’acquerront pas cette technique, preuve qu’il fallait bien une intention musicale (celle de Django en l’occurrence) pour qu’elle perdure. « On dit style gitan mais c’est style Django » affirme Matelo Ferret dans l’ouvrage déjà cité de Patrick Williams.
Tous les guitaristes du QHCF vont adopter ce style, qu’ils soient manouches, gitans ou gadjé. Malgré les fréquents changements de personnel au sein de la rythmique, l’ensemble aura donc un son homogène jusqu’en 1939.
Homogénéité renforcée par l’utilisation d’un même type de guitare. Dès 1935, Django utilise un modèle à pan coupé de marque Selmer, mis au point par le luthier Mario Maccaferri, et qui possède une qualité de résonance exceptionnelle. L’instrument a été adopté par la plupart des guitaristes manouches, au point d’être devenu emblématique de ce style.

Swing et méditations

Cette période du quintette à cordes reste la référence en matière de jazz manouche. C’est avec cette formation que Django rencontrera le plus de succès auprès du grand public. On a parfois tendance à le limiter à ce que le QHCF a publié pendant ces quatre années, voire au seul versant swing de son répertoire. De là l’idée que le jazz manouche est uniforme et étranger à toute évolution.
Pourtant, déjà au sein de cet âge d’or, une partie de la production du groupe ne peut être rattachée au swing : de nombreux thèmes apportent une ambiance plus intimiste et méditative.
La discographie de Django est également ponctuée d’improvisations solitaires, pièces ne relevant ni du swing ni de la tradition tsigane pendant lesquelles le guitariste semble simplement suivre son imagination.

¤ Écoute : Improvisation n°2 / Django Reinhardt
Extrait du coffret « Rétrospective Django Reinhardt 1934-53 »

Django dans le jazz

Parallèlement à son activité au sein du QHCF, formation offrant l’environnement le plus favorable à l’épanouissement de son art, Django est présent sur la scène française plus strictement jazz. On le retrouve régulièrement aux côtés du trompettiste Philippe Brun, du saxophoniste Alix Combelle ou du violoniste Michel Warlop pour n’en citer que trois.
Sa contribution ne se limite pas au jazz franco-français : certains musiciens américains parmi les meilleurs trouveront en lui un accompagnateur de talent lors de leur passage dans la capitale française. S’il se fait alors plus discret que dans les sessions dont il est la vedette, il apporte néanmoins sa touche aux face gravées avec Coleman Hawkins, Benny Carter, Bill Coleman, Dicky Wells, Larry Adler…
Lorsque Duke Ellington débarque à Paris avec son orchestre en 1939, il va écouter Django au club où celui-ci se produit, le rejoignant même sur scène pour improviser avec lui. Quelques jours plus tard, plusieurs musiciens de l’orchestre – et non des moindres : Barney Bigard, Rex Stewart et Billy Taylor – entrent en studio avec le guitariste pour enregistrer cinq titres.

¤ Écoute : Finesse (Night wind) / Rex Stewart & his Feetwarmers
Extrait du CD « Swing in Paris, 1934-1940 (vol. 4) »

L’écoute de ces faces laisse entendre un dialogue parfaitement équilibré entre quatre jazzmen de haut niveau qui s’estiment. Pas de virtuosité ostentatoire, pas de rivalité. La pompe manouche s’estompe, le jeu de Django se fait sobre : c’est un guitariste de jazz à l’aise dans le meilleur du jazz de son époque. Il conservera tout au long de sa carrière cette capacité à entendre ce qui se joue autour de lui et à s’en inspirer pour faire évoluer son style.

Django compositeur

Pendant les années 40, sans doute en partie influencé par Duke Ellington, le musicien manouche va mettre en avant une autre facette de son talent : celle du compositeur et orchestrateur.
En marge du QHCF, Django enregistre treize titres arrangés et/ou composés par lui avec une grande formation, Django’s Music. Le fait de ne pas connaître le solfège ne l’empêche pas de réaliser ce rêve : il « dicte » une à une à la guitare les parties de chaque instrument à l’un de ses musiciens qui les reporte sur la partition. Le clarinettiste Gérard Lévêque a souvent tenu ce rôle.
Le recrutement des nouveaux éléments du second Quintette du Hot Club de France, formé en 1940, est certainement le fruit de la volonté du compositeur plus que du hasard des rencontres du guitariste. La guerre ayant séparé les membres du premier orchestre, Django ne cherche pas à retrouver un musicien qui le complète aussi bien que le faisait Grappelli. Il s’efforce au contraire de monter un groupe capable de donner à ses compositions la couleur qu’il recherche. Il recrute ainsi Hubert Rostaing, jeune saxophoniste qui se voit sommé d’adopter la clarinette, et Pierre Fouad, un batteur « plus coloriste que rythmicien », tout en conservant la contrebasse et deux guitares, dont la sienne. C’est durant les trois années d’existence de ce second quintette que culmine l’activité compositrice de Django. « Manoir de mes rêves » ou « Nuages », compositions parmi les plus célèbres de toute sa carrière, datent de cette période.

¤ Écoute : Manoir de mes rêves / Django Reinhardt
Extrait du coffret « Rétrospective Django Reinhardt 1934-53 »

Les titres évocateurs annoncent la couleur de la musique. On y retrouve souvent une improvisation de guitare encadrée de motifs de clarinette complètement écrits. L’improvisation est parfois même totalement absente (« Rythme futur »).
Rappelons que Django était un admirateur – entre autres – de Maurice Ravel et Béla Bartok. Si ses propres compositions relèvent pour l’essentiel du domaine de la musique populaire, il a pendant un temps poursuivi des entreprises plus ambitieuses. « Manoir de mes rêves » serait ainsi un extrait d’une symphonie inachevée. Le « Boléro » de Django a été présenté par un orchestre classique au même programme que celui de Ravel. Enfin, il subsiste un fragment de la messe qu’il avait commencé à composer et que l’organiste du Sacré-Cœur jugeait à la fois « respectueuse des règles et de l’harmonisation » et « d’une étonnante originalité ».

Electricité et bebop

A la fin de la guerre, Django reprend avec les jazzmen américains un contact interrompu pendant les cinq années précédentes. Il joue avec des membres de l’orchestre de Glenn Miller puis gagne les Etats-Unis pour une tournée avec Duke Ellington. Son enthousiasme est proportionnel à sa confiance en un succès américain attendu comme une consécration. Il peine pourtant à s’intégrer à l’orchestre et l’expérience ressemble à une rencontre manquée, sinon à un échec.

Revenu à Paris, Django doit aussi s’adapter à l’évolution du jazz. Au début des années 40, à New York, de jeunes musiciens (Charlie Parker et Dizzy Gillespie sont les plus célèbres) ont commencé à en renouveler le langage. Django a eu l’occasion de les entendre par l’intermédiaire du disque et s’est très vite enthousiasmé pour ce style appelé bebop ou bop. La période 1947-1950 sera pour lui celle du doute et de l’expérimentation. Au gré des séances d’enregistrement et des émissions de radio, il alterne guitare acoustique et électrique. Cette dernière, adoptée, dans le sillage de Charlie Christian, par les guitaristes bop, n’est pas une nouveauté pour lui. Son frère Joseph en jouait en 1946, et lui-même avait peu après amplifié sa Selmer au moyen d’un micro placé sous les cordes.
La guitare électrique offre des possibilités inédites que Django incorpore à son jeu : sustain (note prolongée par l’amplification), effets de saturation… Mais l’électrification de l’instrument ne suffit pas à faire un guitariste moderne. Les boppers ont aussi révolutionné la conception de la rythmique, qui a acquis une plus grande autonomie. C’est finalement en s’associant à de jeunes musiciens ayant assimilé le bop qu’il va parvenir à trouver sa voie dans ce style, au grand dam de certains de ses admirateurs.
De 1951 à 1953, on peut l’entendre dans des contextes bop ou cool (version plus calme du bop où les arrangements prennent une place plus grande). Son style, moins franchement manouche, conserve une grande originalité car il n’adopte pas la linéarité de l’école américaine.

¤ Écoute : Deccaphonie / Django Reinhardt
Extrait du CD « Bruxelles 1947 Paris 1951 1952 1953 »

3. LES HÉRITIERS DE DJANGO ou LE JAZZ MANOUCHE DES ANNÉES 40 À 2000

Disparu en 1953, Django Reinhardt reste l’un des jazzmen les plus importants de l’histoire. Le guitariste américain Joe Pass le citait comme l’un des trois guitaristes essentiels du jazz, avec Charlie Christian et Wes Montgomery. Son influence dépasse donc le cadre du jazz manouche et même celui de la guitare. Des années 40 à aujourd’hui, la liste est longue des musiciens lui ayant rendu hommage par un thème (« Django » du pianiste John Lewis), une reprise (« Nuages » par Philip Catherine, Paul Desmond, Oscar Peterson…) ou une phrase au cours d’une interview (John Scofield, Pat Metheny…).
Nous nous contenterons ici d’explorer la multitude de ses « descendants ». Car tous ceux qui ont choisi de s’exprimer dans le jazz manouche ont dû composer avec cette imposante figure tutélaire. Avec une difficulté : Django Reinhardt, on l’a vu, a su évoluer avec le jazz de son temps ; mais une partie de son œuvre est devenue traditionnelle, musique tsigane selon la définition de Patrick Williams donnée plus haut.
Dès lors, comment concilier tradition et modernité, respect du genre et originalité ? Tous n’ont pas suivi la même voie et l’école tsigane du jazz n’est pas un alignement de clones de Django Reinhardt. Nous essaierons de présenter les principales tendances de ce courant ainsi que leurs principaux représentants, en grande majorité guitaristes, évidemment.
Présenter ces musiciens de façon ordonnée et logique n’est pas chose aisée. Michel-Claude Jalard les classait en trois catégories selon qu’ils s’inspirent du Django d’avant-guerre, du second quintette ou du Django bebop. Mais c’était en 1959. Près de 50 ans plus tard, on a vu des guitaristes puiser leur inspiration tour à tour dans les trois périodes et rendre vaine toute tentative de catégorisation stricte.

¤ Écoute : 3 titres de Biréli Lagrène

Swing 1979 Extrait de l’anthologie « Gypsy jazz school »

Invitation Extrait du CD « Heavy’n jazz & Stuttgart aria » / Jaco Pastorius

Mélodie au crépuscule Extrait du CD « Move »

Patrick Williams propose de distinguer les musiciens menant un cheminement personnel de ceux qui revendiquent une appartenance ethnique. Il souligne également l’importance du mode d’acquisition de la culture musicale : par la communauté ou par le disque. Avant de rappeler qu’aucun systématisme ne peut s’appliquer à ce genre musical (ni probablement à aucun autre).

Les contemporains de Django

Commençons par les contemporains du Maître. On l’a dit, le Quintette du Hot Club de France a connu un immense succès et a fait des émules un peu partout dans le monde dès la fin des années 30. Citons Oscar Aleman et son Quintetto de Swing, en Argentine ; le Quintette du Club Rythmique de Belgique, avec Marcel Mortier à la guitare ; en Suède, le Svenska Hotkvintetten et ses deux guitaristes solistes ; le batteur Jerry Thomas et son Swingtette helvète ; ou encore, Reuben Solomon and his Jive Boys, enregistrés à Calcutta !

En France, plusieurs guitaristes ont su affirmer leur personnalité du vivant de Django, au sein de formations souvent similaires au QHCF.
C’est le cas de Joseph Reinhardt. D’abord cantonné au rôle d’accompagnateur de son illustre frère (« vassal effacé » selon Charles Delaunay), il s’émancipe du Quintette dès 1937 pour intégrer d’autres formations avant d’enregistrer quelques disques sous son nom. Son style, moins démonstratif que celui de Django, s’épanouira quand il optera pour la guitare électrique. Son tempérament réservé l’a maintenu éloigné du succès et les producteurs de ses rares disques ne l’ont pas non plus aidé à sortir de l’ombre de son frère si l’on en juge par leurs titres : « Joseph Reinhardt joue Django », « Joseph Reinhardt joue pour Django », « Hommage à Django »…
On a déjà mentionné la présence des Gitans sur la scène parisienne du musette puis du jazz, notamment celle des frères Ferret.
Sarane, l’aîné des trois, a connu quelque succès durant la guerre avec son Swing Quintette de Paris, réplique du premier QHCF. Il fait montre cependant d’un jeu à l’efficacité sobre.
Baro s’est spécialisé dans le répertoire swing-valse, avatar jazz de la valse musette qu’il contribua à faire naître (il est l’auteur de « Swing valse », un tube pour Gus Viseur en 1940). Il a également été leader du Trio Ferret, en compagnie de Matelo et de son cousin René « Challain ».
Matelo, justement, a abordé avec un même bonheur tous les genres liés au jazz gitan : mélodies tsiganes, jazz musette (il accompagne l’accordéoniste Jo Privat sur le fameux disque « Manouche partie » en 1959), jazz manouche façon QHCF, dont il fit partie, chanson avec Edith Piaf ou Mouloudji, bebop… Ses enregistrements, empreints d’un lyrisme parfois violent, méritent d’être redécouverts.
Quittons – temporairement – la famille Ferret pour évoquer d’autres Gitans, moins connus mais tout aussi passionnants, qui ont croisé Django Reinhardt mais n’ont souvent enregistré qu’après sa mort.
Sur la Côte d’Azur, Tchan-Tchou Vidal et Etienne « Patotte » Bousquet ont choisi d’aborder valses swing et airs populaires, dans un style puissant et virtuose. Leur grande technique de la main droite ne les empêche pas de faire preuve d’une grande musicalité.


¤ Écoute : Dolorès / Tchan-Tchou Vidal
Extrait du CD « La Gitane »

Jacques Montagne, parisien solitaire, parfois partenaire de Baro et Matelo Ferret dans un registre swing musette, symbolise la transition entre le style manouche et l’école américaine. Les rares enregistrements sous son nom nous permettent d’apprécier un guitariste au jeu moderne et un peu abrupt.
Toute autre est l’approche d’Henri Crolla. Guitariste sensible, il privilégie la limpidité et la retenue à la débauche d’effets. Sa manière de faire vibrer les notes, d’en prolonger certaines, le rend assez aisément identifiable à l’oreille avertie.

¤ Écoute : Mon homme – C’est mon gigolo / Henri Crolla
Extrait du CD « Begin the beguine »

Ami de Jacques Prévert, compagnon d’Yves Montand, il a gardé un pied dans la chanson populaire même si ses enregistrements avec Martial Solal, Maurice Meunier et Géo Daly présentent un jazzman convaincant inspiré par le Django dernière période.
Electrique également le jeu de René Mailhes qui, dès les années 50, va emprunter le chemin tracé par Django à la fin de sa carrière. Avec Laro Sollero, qui n’a pas enregistré, il représente le courant gitan ouvert aux influences du jazz américain, celle de Jimmy Raney ou Barney Kessel. Son premier disque est paru en… 1995 ! Nouvelle preuve que la carrière artistique est rarement le souci principal des musiciens tsiganes.

Deuxième génération : tradition et modernité

Les années 70-80 sont une période creuse pour le jazz manouche, au moins en terme de visibilité. Les artistes sont peu médiatisés, les albums confidentiels, les concerts limités à quelques lieux connus des initiés.
L’Allemagne fait figure d’exception. À la fin des années 60, Siegfried Maeker, alors étudiant, est séduit par la musique de la communauté Sinti, qu’il a entendue lors d’un pèlerinage. Il organise quelques concerts avec le violoniste Schnuckenack Reinhardt, parent éloigné de Django. Pour des raisons financières, le projet se concentre autour d’un quintette réuni par Schnuckenack. Le groupe enregistre ses premiers disques sous l’étiquette « Musik Deutscher Zigeuner » (musique tsigane allemande). L’objectif de Siegfried Maeker est de « trouver et présenter toute musique proche des familles Sinti d’Allemagne ». Parmi ces musiques, les influences d’Europe de l’Est sont fortes en raison de l’histoire de la communauté. Mais les disques de Django Reinhardt ont circulé et les musiciens révèrent tout particulièrement le premier QHCF, ce qui explique les caractéristiques du swing tsigane allemand : le quintette avec violon y est la formation (souvent familiale) de prédilection ; le répertoire est majoritairement constitué de standards du jazz des années 30 que Django a interprétés ; les guitaristes cultivent le style du célèbre Manouche. Par contre, le jeu volontiers tzigane des violonistes et l’interprétation de chansons en langue manouche sont des éléments propres à ce courant, qui représente la veine la plus traditionaliste de l’école tsigane du jazz.

¤ Écoute : Swingin’ wild / Schnuckenack Reinhardt
Extrait de l’anthologie « Jazz manouche, vol. 2 »

Le succès rapide a permis aux musiciens de bénéficier d’une qualité d’enregistrement et de production alors nouvelle pour ce genre musical. Cela a contribué à faire des disques de la série des documents recherchés par les amateurs. Outre Schnuckenack Reinhardt, « Musik Deutscher Zigeuner » a révélé le guitariste Hans’che Weiss et le violoniste Titi Winterstein.

En France, d’autres musiciens déclinent de façon plus moderne l’héritage de Django. Second fils de ce dernier (son demi-frère, Lousson, enregistra très peu), Babik Reinhardt a su affirmer son originalité malgré les attentes suscitées par sa filiation, qui l’ont un temps détourné de la musique. Motivé par ses collaborations avec Biréli Lagrène et par l’aventure du Trio Gitan en 1986, il a par la suite enregistré plusieurs albums de jazz fusion en phase avec l’époque, démarche qui le rapproche de son père, malgré un son qui doit beaucoup aux guitaristes américains.

¤ Écoute : Canada valse / Babik Reinhardt
Extrait du CD « Baccara : best of »

Ses partenaires du Trio Gitan ont de leur côté fait preuve du même attrait pour la modernité du jazz, tout en conservant une couleur gitane plus ou moins flagrante selon les projets.
Christian Escoudé, neveu de Gusti Malha, s’est fait une place sur la scène jazz internationale avec des collaborations prestigieuses, dont celle avec le pianiste du Modern Jazz Quartet, John Lewis. L’album sur lequel il converse avec la contrebasse de Charlie Haden est un bel exemple d’hommage à Django exempt de toute tentation revivaliste. En puisant à ses origines autant que dans le jazz moderne, il parvient à un équilibre qui s’exprime sur son disque « Holidays » enregistré en 1992 avec Paul Challain Ferret et Frédéric Sylvestre.
La troisième phalange du Trio Gitan fait figure d’exception dans un milieu ou l’oralité a longtemps primé l’apprentissage orthodoxe de la musique. Boulou Ferré a en effet étudié la théorie musicale et a compté parmi les élèves du compositeur Olivier Messiaen. Sa culture et son ouverture d’esprit se reflètent dans son parcours musical, qui l’a amené à interpréter des pièces classiques aussi bien que du rock expérimental, du jazz free ou cool. Son étourdissante vélocité à la guitare peut parfois agacer : beaucoup de notes, des phrases ébouriffantes, des citations musicales à foison… et des moments de grâce qui justifient tous ces excès. Il a trouvé un partenaire idéal en la personne de son jeune frère Elios avec lequel il enregistre depuis 1979.


¤ Écoute : Lover man / Boulou Ferré, NHOP, Elios Ferré
Extrait du CD « Trinity »

Précisons que malgré l’orthographe différente de leur patronyme, ces deux frères sont les fils de Matelo Ferret, dont le nom et le prénom ont il est vrai connu des variantes au cours de sa carrière !

Les artisans du jazz manouche « classique »

Entre ces deux versions de l’héritage djangoïste, l’affirmation d’une identité collective des Sinti allemands et les parcours personnels dans l’actualité du jazz, un certain nombre de musiciens nés dans les années 50 et 60 ont entretenu la flamme d’un jazz manouche « mainstream ». Ils sont en activité dans les années 80 mais c’est à partir de la décennie suivante, avec le regain d’intérêt pour leur style, que leur carrière va décoller.

On a évoqué la filiation de Schnuckenack Reinhardt en Allemagne. Côté français, la communauté manouche d’Alsace cultive l’authenticité. Tchavolo Schmitt en est devenu le représentant le plus célèbre depuis ses participations aux films de Tony Gatlif. Il apparaît dans « Latcho Drom », en 1993. « Swing », sept ans plus tard, le montre quasiment dans son propre rôle. Sa carrière professionnelle, commencée en 1974 avec l’aventure du Hot Club Da Sinti, s’était interrompue après la dissolution du groupe. Le cinéma semble l’avoir remis sur les rails du succès puisque les albums qu’il a publiés depuis « Alors ?… Voilà ! » (2000) ont reçu un excellent accueil. Son style puissant reste fidèle à la tradition (pompe manouche, standards du jazz des années 30…). Ce qui ne l’a pas empêché de composer de nombreux thèmes dont… des valses, domaine dans lequel il excelle.

¤ Écoute : After you’ve gone / Tchavolo Schmitt
Extrait du CD « Miri familia »

Son cousin Dorado Schmitt, a également bénéficié de sa participation à « Latcho drom ». Plus éclectique que Tchavolo, il a composé le thème « Bossa Dorado », grand succès en Allemagne, et a même sorti en 2005 un album où il chante façon crooner.
On a déjà parlé de Biréli Lagrène, l’autre star de la famille alsacienne, nourri lui aussi à des influences variées (Django Reinhardt, Jaco Pastorius, Frank Sinatra).
Moins connu, Marcel Loeffler est l’un des rares jazzmen à s’exprimer à l’accordéon, fait d’autant plus remarquable quand on sait la prédominance des instruments à cordes au sein de sa communauté ! Attentif au travail des pianistes Chick Corea ou Herbie Hancock, son jazz contemporain est parfois mêlé de musiques du monde et de chanson française.
Les racines alsaciennes de Moreno ont été enrichies par ses années d’apprentissages auprès du Toulonais Tchan-Tchou Vidal. Le mélange est forcément détonant ! Sur ses disques les plus récents, on entend parfois son épouse interpréter des chansons tsiganes.

Depuis 1989, Stochelo Rosenberg arpente les scènes des festivals. Il affectionne la formule du trio familial : avec ses cousins Nonnie et Nous’che Rosenberg, il forme le Trio Rosenberg. En 2005, son frère Mozes et un autre cousin, Sani Van Mullen, l’épaulent sur le très réussi « Ready ‘n’ able », album sur lequel les thèmes de Django voisinent avec ceux du jazz sixties ou de la musique soul. Issu de la communauté Sinti de Hollande, il a reçu une éducation musicale « à l’ancienne », ce qui ne l’a pas empêché de publier un ouvrage présentant son style.

On retrouve le même souci pédagogique chez Patrick Leguidcoq, alias Romane, compère de Stochelo sur deux magnifiques albums. Désireux de faire connaître le jazz manouche, il a publié plusieurs méthodes d’apprentissage et organisé des master-classes itinérantes du jazz manouche. Démarche originale dans un milieu où, rappelons-le, la transmission orale a longtemps été la seule école. Romane a aussi contribué à la découverte du violoniste roumain Florin Niculescu et au retour en studio de Tchavolo Schmitt.

¤ Écoute : Dreams / Romane et Stochelo Rosenberg
Extrait du CD « Elégance »

Un peu plus âgé, Patrick Saussois a su illustrer toutes les facettes du jazz manouche. Dans son groupe Alma Sinti, la présence d’un accordéon nous rappelle qu’il en affectionne les côtés les plus populaires (au sens noble du terme), le musette et la chanson. Il a d’ailleurs enregistré un disque avec Jo Privat, l’accordéoniste de « Manouche partie ». On retrouve parfois dans son jeu les notes tenues, suspendues, si particulières à Henri Crolla, une de ses principales influences. Le label Djaz qu’il a fondé en 1989 avec son épouse, accorde une grande place au jazz manouche.

¤ Écoute : Week end à Picpus / Patrick Saussois & Alma Sinti
Extrait du CD : « Nuits de Paris »

Bien qu’il ait débuté avec un répertoire tzigane, c’est également avec un accordéoniste que Angelo Debarre tourne et enregistre depuis quelques temps. Ludovic Beier, son partenaire sur ses récents albums, lorgne toutefois plus vers le jazz que vers le musette. Comme Stochelo Rosenberg, il a bénéficié du soutien du label Hot Club Records. Fondée par Jon Larsen, guitariste du Hot Club de Norvège, cette maison de disques a accompli un remarquable travail d’édition et de réédition d’enregistrements de référence du jazz manouche. On trouve ainsi à son catalogue les rares albums de Joseph Reinhardt, Matelo Ferret ou Baro Ferret.

Après des débuts de jeune prodige du jazz manouche, Raphaël Fays a pris ses distances avec une carrière qui prenait un tournant médiatique et commercial. Il a exploré le flamenco et la musique classique sans toutefois renier ses premières amours : la musique de Django occupe une bonne partie de son disque « Sans domicile fixe », paru en 1995.

¤ Écoute : La dernière heure / Raphaël Fays
Extrait du CD « Sans domicile fixe »

Rodolphe Raffalli est également un musicien aux oreilles ouvertes à d’autres genres que le jazz purement manouche : classique, folklore d’Amérique du Sud… Guitariste subtil, c’est avec des adaptations « à la gitane » de standards de la chanson qu’il s’est fait connaître : deux de ses disques sont consacrés aux compositions de Georges Brassens et des reprises de Serge Gainsbourg, Charles Trenet et Charles Aznavour figurent sur « Gypsy swing guitar ».

¤ Écoute : Je me voyais déjà / Rodolphe Raffalli
Extrait du CD « Gypsy swing guitar »

Comment ne pas terminer ce tour d’horizon, non exhaustif, des principaux artisans du renouveau du jazz manouche, par une escale en banlieue parisienne. À St-Ouen très précisément, où se dresse le petit bar-restaurant la Chope des puces. Tenu par le guitariste Mondine Garcia, puis par son fils Ninine – également guitariste -, ce lieu mythique est depuis plus de 40 ans le rendez-vous hebdomadaire des musiciens et amateurs de jazz manouche.

Années 90 et 2000 : le renouveau

A l’écart des modes, ces musiciens ont entretenu la flamme du jazz manouche à une période où celui-ci était largement ignoré du grand public. Ils auront vu leur patience récompensée avec le retour en grâce de leur style dans les années 90. Grâce toute relative car ils sont loin de monopoliser les ondes des radios généralistes. Le succès est néanmoins remarquable pour une musique instrumentale qui séduit visiblement au-delà du seul public jazz. Douceur des cordes, souci mélodique, rythme entraînant : autant d’ingrédients qui dès les années 30 ont amené de nouveaux auditeurs au jazz. Ils séduisent à nouveau à une époque où l’authenticité est recherchée.
Le cinéma a contribué à ce renouveau. On a dit le succès des films de Tony Gatlif. En 1999, Woody Allen présentait dans « Accords et désaccords » l’histoire d’un guitariste américain fasciné par un certain Manouche de France…
Enfin, la liaison déjà ancienne du jazz manouche avec la chanson s’est poursuivie. Plus encore que le groupe Paris Combo et son guitariste Potzi, Sansévérino a fait de la pompe manouche son fonds de commerce, avec le succès que l’on sait. Thomas Dutronc, accompagnateur discret des plus grands (Romane, Biréli Lagrène, Tchavolo Schmitt…) est passé au rayon plus vendeur de la chanson, en essayant de préserver une couleur manouche. D’autres formations comme Les Doigts de l’Homme alternent instrumentaux et chansons.
Quant au jazz manouche, il semble désormais bien intégré au circuit de l’édition musicale. De nombreux CD et DVD paraissent, les musiciens (au moins les plus connus) sont invités dans les grands festivals (Marciac, Vienne…) et le jazz manouche a même ses festivals. Celui de Samois-sur-Seine, qui existe annuellement depuis 1983, est devenu une manifestation incontournable pour les amoureux du genre.
De nouveaux musiciens émergent. Beaucoup ont suivi le patient apprentissage de la rythmique (Samy Daussat), d’autres ont été lancés tout jeunes par une grande maison de disques (Jimmy Rosenberg, à ajouter à la longue liste des enfants prodiges du jazz tsigane).
Pourtant, malgré les réussites de quelques gadjé et des tentatives pour faciliter l’apprentissage du style, la relève du jazz manouche est en grande partie assurée par la famille. Ces dernières années ont vu apparaître sur disque, en leader ou en sideman, David Reinhardt (fils de Babik), Dino Mehrstein, cousin de Tchavolo Schmitt, Samson Schmitt (fils de Dorado) et Yorgui Loeffler, tous deux associés à Mike Reinhardt au sein du groupe Les Enfants de Django… La dimension ethnique du jazz manouche est loin d’avoir disparu.

¤ Écoute : Casting / David Reinhardt
Extrait de l’anthologie « Jazz manouche, vol. 1 »

Depuis son éclosion au cœur de la scène musette parisienne, le jazz manouche a connu différentes déclinaisons plus ou moins aventureuses, se rapprochant tantôt des racines du musette, tantôt de la liberté du jazz contemporain.
Mais force est de constater que Django Reinhardt reste la référence par rapport à laquelle tous les musiciens se situent. Rien, ou presque, dans le jazz manouche actuel qui n’ait été amorcé ou annoncé par Django. Pas de mélange avec les musiques dites actuelles (électro, rap, reggae…). Le jazz manouche est une musique balisée par des repères bien établis.
Paradoxalement, c’est sans doute ce qui fait sa force. Sa forte valeur identitaire pour la communauté tsigane lui a permis de traverser les époques en conservant son élan initial, sans se déliter dans d’autres musiques. Et sans empêcher quiconque d’en dresser un portrait original et moderne à l’intérieur du cadre prédéfini.

DISCOGRAPHIE

Tous les documents présentés sont disponibles à l’espace musique de la médiathèque.

MUSIQUE DES TSIGANES

L’Epopée tzigane

Avec : Camarón, Goran Bregovic, Ando Drom , Esma Redzepova & Ensemble Theodosievsky, Taraf de Haidouks , Romica Puceanu & Orchestra Florea Cioaca, Mustafa Kandirali, Rromano Dives, Kocani Orkestar, Taraf Mociu, Abdullah & Gholam Sakhi, Bratsch, Angelo Debarre, Serge Camps, Frank Anastasio, Titi Winterstein Quintett, Jelem, Loyko, Yiorgos Mangas, Blekhorkestar Bakija Bakic, Gabi Lunca & Ensemble Ion Onoriu, Kalyi Jag, Valerie Buchacova & Ensemble Horvathovci, Pedro Bacan, Lida Goulesco & Schnuckenack Reinhardt Quintett, Rromano Dives, Vanessa & Sorba with Titi Winterstein Quintett, Matelo Ferret, Istambul Oriental Ensemble, Musicians of the Nile, Suwa devi Kalbelya.

Cote : 003.7 A

Music on the gypsy route, vol. 1 : les nomades, de l’Asie à l’Europe ; Gitans de France et d’Espagne / Deben Bhattacharya, réal.

Enr. 1955-1984

L’aboutissement de 40 ans de recherche de Deben Bhattacharya, sur l’origine des Tziganes et de leur musique venant de : Inde, Chine, Afghanistan, Iran, Syrie, Israel, Mauritanie, Turquie, Macédoine, Espagne, France.

Cote : 003.1 A

Music on the gypsy route, vol. 2 : les Tziganes en Hongrie ; les artistes Tziganes en Roumanie / Deben Bhattacharya, réal.

Enr. 1954-67.

Cote : 003.1 A

Tziganes : Paris, Berlin, Budapest, 1910 – 1935

« Toute la magie musicale des cabarets tziganes de l’entre-deux guerres avec les enregistrements historiques des légendaires virtuoses du genre ».

Cote : 003.1 A

MUSETTE

La Légende du musette 1927-1942 : les grands virtuoses de l’accordéon
Contient des enregistrements de : E. Carrara, A. Deprince, Guerino, Les Frères Peguri, T. Murena, E. Vacher, G. Viseur, …

Cote : 573 A

Les Plus belles valses musette : par leurs plus grands interprètes Paris 1930 – 1943

Avec : Gus Viseur, Les Frères Péguri, Emile Vacher, Emile Prud’homme, Emile Carrara, Guérino, Tony Murena.

Cote : 573 A

Manouche partie / Jo Privat, accordéon

Avec : Jean Tordo, clarinette ; Jacques Montagne & Jo Privat Junior, guitare ; René Dubois, contrebasse ; Baptiste « Mac Kak » Reilhes & René Motta, batterie

Cote : 573 PRI

Créateur du genre musette : javas, polkas, valses 1927-1939 / Emile Vacher, accordéon

Cote : 573 VAC

Compositions 1934 – 1942 / Gus Viseur, accordéon

Avec : Pierre « Baro » Ferret, Jean « Matelo » Ferret, Etienne « Sarane » Ferret, Joseph Reinhardt, Challain Ferret, Philippe Brun, Joseph Solero, …

Cote : 573 VIS

JAZZ MANOUCHE

Anthologies

Gipsy jazz school : Django’s legacy

Compilation ; enr. 1938-2002. Avec : Django Reinhardt, Stéphane Grappelly, Quintette du Hot Club de France, Joseph Reinhardt, Sarane Ferret, Pierre « Baro » Ferret, Jean « Matelot » Ferret, Jacques Montagne, Paul « Tchan-Tchou » Vidal, Bousquet, Eugene Vees, Lousson Reinhardt, Henri Crolla, Leo Chauliac, Babik Reinhardt, Fapy Lafertin, New Quintette du Hot Club de France, René Mailhes, The Rosenberg Trio, Tchavolo Schmitt, Bireli Lagrene, Christian Escoudé, Romane, Patrick Saussois & Alma Sinti, Angelo Debarre, Raphael Fays, Francis Alfred Moerman, Frank Vignola, Moreno.

Cote : 1 A 71

Jazz à la gitane : bands of Gypsies

Compilation ; enregistrements 1937-49. Avec : André Ekyan et Son Orchestre, Quintette du Hot Club de France, Eddie South, Django Reinhardt, Albert Ferreri et le Trio Ferret, Secco’s Gitanos, Gus Viseur’s Music, Freddy Valier’s String Swing, Tony Murena et Son Ensemble Swing, Joseph Reinhardt et Son Ensemble, Jan Mol en Zijn Electro Kwartet, Jean Ferret et Son Sixtette, Sarane Ferret et le Swing Quintette de Paris, Karel Moravec Sextet, Jerry Thomas Swingtette, Quartette de Thomas et Ses Merry Boys, Tabanyl Mihaly es Szolistal.
Cote : 1 A 71

Jazz à la gitane, vol. 2 : gypsy jazz around the world

Compilation ; enregistrements 1937-49. Avec : Svenska Hotkvintetten, Hubert Rostaing et Son Orchestre, Helmut Zacharias und Seine Solisten, Django Reinhardt, Svend Asmussen Trio, String Swing, Gus Viseur & Gus Deloof, Quintette du Club Rythmique de Belgique, Stephane Grappelly with The Hatchett’s Swingtette, Michel Warlop et Son Ensemble, Tre Italiani in America, Solomon and His Jive Boys, Louis Vola, Sarane Ferret et Son Quintette, Oscar Aleman y Su Quinteto de Swing, Jerry Thomas Swingtet, Miller Sextet, Jam-Session n°4, Rytmin Swing-Yhtye, Joht. Toivo Kärki, Vincentino, Quintette du Hot Club de France, Jeanne Manet.
Cote : 1 A 71

Jazz manouche, vol. 1

Compilation. Avec : Opus 4, Django Reinhardt, Didier Lockwood, Bireli Lagrène, Raphaël Fays, Tchavolo Schmitt, Mandino & Sony Reinhardt, Francis Alfred Moerman, Ninine Garcia, Fapy Lafertin, Romane, Moréno et Marina, De Piotto’s, Rodolphe Raffalli, Martin Weiss, Stochelo Rosenberg, Sanseverino, Lollo Meier, Patrick Saussois & Alma Sinti, Paulus Schäfer, David Reinhardt, Am Katenes, Les Doigts de l’Homme, Ritary Ensemble feat. Matcho Winterstein, Titi Demeter, Trio Givone, John Jorgenson, Yorgui Loeffler, Hot Club USA.

Cote : 1 A 71

Jazz manouche, vol. 2

Compilation. Avec : Biréli Lagrène, Schnuckenack Reinhardt, New Quintet du Hot Club de France, Jimmy Rosenberg Trio, Stéphane Grappelli, Note Manouche, Tchan Tchou Vidal, Häns’che Weiss Quintett, Angélo Debarre, Serge Krief, Maurizio Geri Swingtet, Engé, Wawau Adler, Hot Club de Corse, Dino Mehrstein, Steeve Lafont Sré Kidjalès, Titi Winterstein Quintet, Biel Ballester Trio, Latcho Drom, Dorado Schmitt Quintet, Ronan Pinc Quartet, La Belle Equipe, Boulou & Elios Ferré, Martin Abbuehl’s Swing Express, Reiner Voet & Pigalle 44, Samson Schmitt, Frédéric Schlick, Chorda Trio, Tolga Trio, Gustav Lundgren & Anders Larsson, Les Enfants de Django, Jacques Higelin.

Cote : 1 A 71

Django Reinhardt

Bruxelles 1947, Paris 1951 1952 1953 / Django Reinhardt et son quintette du Hot Club de France

Avec : Hubert Rostaing, Eugène Vées, Emmanuel Soudieux, Pierre Fouad, Bernard Hullin, Hubert & Raymond Fol, Pierre Michelot, Pierre Lemarchand, Roger Guérin, Barney Spieler, Maurice Vander, Sadi Lallemand, Martial Solal.

Cote : 1 REI 30

Django Reinhardt / Django Reinhardt, guitare

Enr. 1937 à 1945.

Avec : Quintette du Hot Club de France ; Stéphane Grapelli, p., violon ; His American Swing Band ; …

Cote : 1 REI 30

Old man river ; R 26 ; Swing guitars ; … / Django Reinhardt, guitare ; Stéphane Grappelli, violon

Quintette du Hot Club de France (1947) : avec Joseph Reinhardt & Eugène Vées, guitare ; Fred Ermelin, contrebasse

Quintette de Django Reinhardt (1949) : avec André Ekyan, clarinette, saxophone alto ; François Vermeille, piano ; Jean Bouchety, contrebasse ; Gaston Leonard, batterie

Cote : 1 REI 30

Pêche à la mouche : the great Blue Star sessions 1947 & 1953 / Django Reinhardt, guitare
Avec : Django Reinhardt et son Quintette, l’Orchestre du Boeuf sur le Toit, le Quintette du Hot Club de France, Rex Stewart Quintet, Django Reinhardt et ses Rythmes, Joseph Reinhardt, Hubert Rostaing, Eugène Vées, Emmanuel Soudieux, ….

Cote : 1 REI 30

Rare Django (1928-1938) / Django Reinhardt, banjo & guitare

Compilation d’artistes accompagnés par Django Reinhardt.

Avec : Victor Marceau, Jean Vaissade, Louis Vola, Elaine de Creus, Jean Sablon, Germaine Sablon & Michel Warlop, Delaunay’s Jazz, André Ekyan, Patrick and his Jazz, Le Petit Mirisha [Mirsha], Léon Monosson, Jean Tranchant, Philippe Brun, Jacotte Perrier, Bill Coleman.
Cote : 1 REI 30

Rétrospective Django Reinhardt 1934-53 / Django Reinhardt, guitare Avec : Quintette du Hot Club de France, Stéphane Grappelli, Joseph Reinhardt, Pierre « Baro » Ferret, Louis « Loulou » Gasté, Hubert Rostaing, Alix Combelle, André Ekyan, Hubert Fol, Roger Guérin, Maurice Vander, ….

Cote : 1 REI 30

Swing from Paris / Django Reinhardt, guitare

Enr. 1935, 1938 & 1939. Avec : le Quintette du Hot Club de France, Stéphane Grappelli, Joseph Reinhardt, Pierre « Baro » Ferret, Eugène Vées, …

Cote : 1 REI 30

Swing in Paris, 1936-1940 : vol. 1 / Django Reinhardt, guitare

Enregistrements de 1936 et 1937

Cote : 1 REI 30

Swing in Paris, 1936-1940 : vol. 2 / Django Reinhardt, guitare ; Stéphane Grappelli, violon ; Quintette du Hot Club de France

Enregistrements de 1937

Cote : 1 REI 30

Swing in Paris, 1936-1940 : vol. 3 / Django Reinhardt, guitare ; Quintette du Hot Club de France

Enregistrements de 1937

Cote : 1 REI 30

Swing in Paris, 1936-1940 : vol. 4 / Django Reinhardt, guitare Enregistrements 1937-39.

Avec : Stéphane Grappelli, Louis Vola, Philippe Brun, Benny Carter, Larry Adler, Rex Stewart & his Feetwarmers, Quintet du Hot Club de France, ….

Cote : 1 REI 30

Swing in Paris, 1936-1940 : vol. 5 / Django Reinhardt, guitare Enregistrements de 1939 et 1940.

Cote : 1 REI 30

Volume 1 : the first QHCF recordings, 1934-35 / Django Reinhardt, guitare ; Stephane Grappelly, violon

Avec : Delaunay’s Jazz, Quintette du Hot Club de France, Joseph Reinhardt, Roger Chaput, Louis Vola, Arthur Briggs, Pierre Ferret, Frank « Big Boy » Goodie, Jerry Mengo, Bert Marshall, Alix Combelle, ….

Cote : 1 REI 30

Les contemporains de Django

Begin the beguine / Henri Crolla, guitare

Notes : Enr. 1955. Avec les participations de : Lalos Bing (aka Martial Solal), p ; Maurice Meunier, clar. ; Géo Daly, vibr. ; Georges Arvanitas, p ; Emmanuel Soudieux, b ; Jacques David, batterie

Cote : 1 CRO 00

Tziganskaïa – The Django Reinhardt waltzes / Matelo Ferré, guitare

Avec : Boulou Ferré, guitare ; Michel Villach, cymbalum ; Ernst Pseffer, contrebasse. 4 titres sont joués en trio avec Jacques Montagne et Sarane Ferré [Ferret] (guitares). Enregistrement 1978 & 1960 (4 titres).

Cote : 1 FER 71

La Gitane / Tchan Tchou Vidal, guitare

Avec : René Duchaussois, guitare ; Pierre Michelot, contrebasse ; Christian Garros, batterie

Enregistrement 1964 et 1966.

Cote : 1 VID 71

Voir aussi la rubrique « Anthologies », en particulier « Gipsy jazz school : Django’s legacy  » et « Jazz à la gitane » volumes 1 & 2

Deuxième génération

Baccara : best of / Babik Reinhardt, guitare

Enr. 1974 – 98.

Avec : Emmannuel Bex, Simon Goubert, Jean-Marc Jafet, …

Cote : 1 REI 00

Duo / Charlie Haden, contrebasse ; Christian Escoudé, guitare

Enr. 1979

Cote : 1 HAD 00

Holidays / Christian Escoudé Gipsy Trio.

Enr. 1992.

Gipsy Trio = Christian Escoudé, guitare ; Paul Challain Ferret, guitare ; Frédéric Sylvestre ; avec les participations de : Marcel Azzola, accordéon ; Babik Reinhardt & Biréli Lagrène, guitare ; Xavier Desandre, perc.

Cote : 1 ESC 00

Confirmation / Boulou Ferré Quartet

Enr. 1986.

Avec : Boulou Ferré, guitare ; Elios Ferré, guitare ; Jesper Lundgaard, contrebasse ; Ed Thigpen, batterie

Cote : 1 FER 71

Trinity / Boulou Ferré & Elios Ferré, guitare ; Niels-Henning Orsted Pedersen, contrebasse

Enr. 1982

Cote : 1 FER 71

Voir aussi la rubrique « Anthologies »

Les artisans du renouveau

Come into my swing / Angelo Debarre, guitare ; Ludovic Beier, accordéon
Notes : Avec la participation de Niglo Micheli, guitare.

Cote : 1 DEB 71

Sans domicile fixe / Raphael Fays, guitare

Cote : 1 FAY 71

My dream of love : living legend / Ninine Garcia, guitare

Avec : Mundine Garcia & Rocky Garcia, guitare rythmique ; Guillaume Bouchard, contrebasse.

Cote : 1 GAR 71

Gipsy project & friends / Biréli Lagrène, guitare

Avec : Holzmano Lagrène, guitare ; Stochelo Rosenberg, guitare ; Hono Winterstein, guitare ; Thomas Dutronc, guitare ; Diego Imbert, b ; Florin Niculescu, violon ; Henri Salvador, chant sur 1 titre

Cote : 1 LAG 71

Move / Biréli Lagrène Gipsy Project

Avec : Biréli Lagrène, guitare ; Hono Winterstein, guitare ; Franck Wolf, saxos ; Diego Imbert, contrebasse

Cote : 1 LAG 71

It’s all right with me / Sara Lazarus with Biréli Lagrène Gipsy Project
Avec : Sara Lazarus, chant ; Biréli Lagrène, guitare ; Diego Imbert, contrebasse ; André Ceccarelli, batterie ; et la participation d’un ensemble de cordes sur 3 titres.

Cote : 1 LAZ 00

Hommage / Marcel Loeffler, accordéon

Avec les participations de : Cécile Verny, chant ; Costel Nitescu, violon ; Mandino Reinhardt, Dino Mehrstein, David Reinhardt & Yorgui Loeffler, guitare ; Gauthier Laurent, contrebasse ; Cédric et Josélito Loeffler, guitare rythmique.

Cote : 1 LOE 71

Moreno bolero / Moreno, guitare

Cote : 1 MOR 71

Yochka / Moreno, guitare

Cote : 1 MOR 71

Gipsy ballad / Florin Niculescu, violon
Avec : Emmanuel Bex, org. ; Simon Goubert, batterie ; Bireli Lagrene, guitare & Babik Reinhardt, guitare ; ….

Cote : 1 NIC 00

A Georges Brassens / Rodolphe Raffalli, guitare

Avec : Max Robin & Philippe « Doudou » Cuillerier, guitare rythmique ; Antonio Licusati, contrebasse.

Cote : 1 RAF 71

Gypsy swing guitar / Rodolphe Raffalli

Avec : Christian Escoudé, guitare ; Florin Niculescu, violon ; Max Robin et Philippe « Doudou » Cuillerier, guitare rythmique ; Antonio Licusati, contrebasse.

Cote : 1 RAF 71

Elégance / Romane, guitare ; Stochelo Rosenberg, guitare
Avec : Gilles Naturel, contrebasse.

Cote : 1 ROM 71

French guitar / Romane, guitare

Avec : Fanto Reinhardt & Yayo Reinhardt, guitare rythmique ; Pascal Berne, contrebasse ; Christophe Cravéro, violon, piano

Cote : 1 ROM 71

Ready’n able / Stochelo Rosenberg, guitare

Avec : Mozes Rosenberg, guitare ; Sani Van Mullem, contrebasse.

Cote : 1 ROS 71

Roots / The Rosenberg Trio ; Stochelo Rosenberg & Nous’che Rosenberg, guitare ; Nonnie Rosenberg, contrebasse

Avec la participation de : Bernard Berkhout, clarinette.

Cote : 1 ROS 71

Nuits de Paris / Patrick Saussois, guitare ; Alma Sinti

Avec : Dominique Vernhes, accordéon, clarinette, flûte ; Philippe « Doudou » Cuillerier, Victorine Martin & Youenn Derrien, guitare ; Jean-Claude Beneteau, contrebasse

Cote : 1 SAU 71

Parisienne / Dorado Schmitt, guitare, violon

Avec : Paul « Hono » Winterstein, guitare rythmique ; Gino Reinhardt, contrebasse ; Stan Laferrière, piano, claviers, batterie, percussions.

Cote : 1 SCH 71

Loutcha / Tchavolo Schmitt, guitare

Avec : Costel Nitescu, violon ; Mayo Hubert & Martin Limberger, guitare ; Claudius Dupont b.

Cote : 1 SCH 71

Miri familia / Tchavolo Schmitt, guitare

Cote : 1 SCH 71

Swing : bande originale du film / Tony Gatlif, réal., comp. ; Tchavolo Schmitt, Mandino Reinhardt, comp., guitare ; Abdellhatif Chaarani, comp., oud

Cote : 520 SWI

Voir aussi la rubrique « Anthologies »

La scène actuelle

Stenay vous bien ; Ce vieux conte Dracula ; Crise de nerfs ; … / Les Doigts de l’Homme

Cote : 1 DOI 71

On n’est pas là pour se faire engueuler / Les Pommes De Ma Douche

Cote : 1 POM 71

Voir aussi la rubrique « Anthologies », en particulier « Jazz manouche », volume 1 et 2

La chanson

Quelques exemples de chanson française influencée par le jazz manouche :

Comme un manouche sans guitare / Thomas Dutronc

Cote : 099.7 DUT

Dans le caillou / Karpatt

Cote : 099.7 KAR

Attraction / Paris combo

Cote : 099.7 PAR

Living-room / Paris combo

Cote : 099.7 PAR

Motifs / Paris Combo

Cote : 099.7 PAR

On n’a pas besoin ; Moi, mon âme et ma conscience ; Je rêve encore.. / Paris Combo

Cote : 099.7 PAR

Exactement / Sanseverino

Cote : 099.7 SAN

Live : live au Théâtre Sébastopol / Sanseverino

Cote : 099.7 SAN

Les Sénégalaises / Sanseverino

Cote : 099.7 SAN

Le Tango des gens / Sanseverino

Cote : 099.7 SAN

BIBLIOGRAPHIE

Django Reinhardt : le génie vagabond / Noël Balen

Cote : 781 REI

Django Reinhardt : un géant sur son nuage / François Billard ; avec la collab. d’Alain Antonietto

Cote : 781 REI

Django Reinhardt / Philippe Du Peuty et Joëlle Ody

Cote : 781 REI

Django Reinhardt : mythe et réalité / Roger Spautz

Cote : 781 REI

Django Reinhardt / Patrick Williams

Cote : 781 REI

Jazz manouche : la grande aventure du swing gitan de Django Reinhardt à Tchavolo Schmitt / Jean-Baptiste Tuzet

Cote : 781 TUZ

Minor swing : festival Django Reinhardt de Samois / Anthony Voisin

Cote : 781 VOI

Revues (en réserve : à demander aux discothécaires)

Jazz Hot : n° 540 (mai 1997) et 541 (juin 1997)

Jazzman : n° 113 (mai 2005)

FILMOGRAPHIE

Swing / un film de Tony Gatlif ; musique Mandino Reinhardt, Tchavolo Schmitt, Tony Gatlif…

Cote : V GAT

Live in Paris / Biréli Lagrène & Gipsy Project ; un film de Patrick Savey
Avec : Biréli Lagrène, guitare, contrebasse ; Franck Wolf, saxo ; Hono Winterstein, guitare ; Diego Imbert, contrebasse.

Cote : V 1 LAG 71

Live Jazz à Vienne / Biréli Lagrène, guitare

Avec : Florin Niculescu, violon ; Hono Winterstein & Thomas Dutronc, guitare ; Diego Imbert, contrebasse ; et les participations de : Sylvain Luc, Stochelo Rosenberg, Tchavolo Schmitt, Angelo Debarre, Richard Galliano, …

Cote : V 1 LAG 71

Django legacy / Django Reinhardt

Cote : V 1 REI 30.

Live in Samois : tribute to Django Reinhardt / The Rosenberg Trio Avec : Stochelo Rosenberg, guitare ; Nonnie Rosenberg, contrebasse ; Nous’che Rosenberg, guitare.

Cote : V 1 ROS 71

SITES INTERNET

www.about-django.com

Site consacré à …Django Reinhardt : biographie sommaire, bibliographie, techniques… A noter : un moteur de recherche par titre pour connaître les dates d’enregistrement et les musiciens (pour l’instant uniquement sur la période 1928-1937).

www.djangostation.com

De Django à David Reinhardt, ils sont tous là ! Recherche possible par artiste ou par album ; biographies et discographies, chroniques, extraits musicaux… Incontournable.

www.etudestsiganes.asso.fr

Le site de la revue spécialisée dans la culture des Tsiganes. Etudes sur la littérature et la musique, articles sociologiques, ethnologiques, historiques, dont certains accessibles en texte intégral.