L’identité professionnelle des discothécaires

  • Par administrateur
  • 20 janvier 2003
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Introduction

Le mémoire d’Agnès Souchon-Desjardins, étudiante en licence à l’IUP Métiers des arts et de la culture de Grenoble développe une réflexion sur l’identité professionnelle des discothécaires. Il s’agit ici de voir comment ceux-ci se perçoivent (l’identité professionnelle pour soi) et si cette perception leur permet de constituer un groupe homogène, professionnellement reconnu (l’identité professionnelle pour autrui).

Dans cette optique, un historique de l’apparition de la musique enregistrée dans le réseau de lecture publique est une étape préalable et nécessaire à la compréhension de cette question identitaire.

La présentation des cadres théoriques de construction d’une identité professionnelle précède le compte rendu d’un questionnaire auquel plus d’une vingtaine de discothécaires abonnés à la liste de diffusion « discothecaires_fr » a bien voulu répondre.

Cette étude se termine sur les perspectives d’avenir de la profession qui devra faire le choix de son identité pour rompre avec le sentiment d’isolement qui semble l’habiter.

Les missions du discothécaire

Le discothécaire est un professionnel de la documentation musicale. S’il est amené à gérer un support spécifique, il conserve néanmoins les missions d’un bibliothécaire : c’est un intermédiaire, un « médiateur », entre les publics, et la production et l’information musicales.

Comme bibliothécaire spécialisé, le discothécaire a d’abord en charge le traitement technique d’un support particulier, le disque. Il exerce également un travail d’expertise sur le contenu intellectuel des documents : il doit connaître les musiques pour être en mesure de satisfaire aux diverses exigences d’un public de plus en plus important et averti.

Hommage aux héros

Depuis l’apparition de cette spécialité, il y a une quarantaine d’années, les discothécaires n’ont cessé de batailler pour que la musique ait légitimement sa place dans les médiathèques. Ils ont également montré leur ouverture à tous les courants musicaux bien avant que le concept de « diversité culturelle » ne devienne un slogan à la mode.

Ils ont eu aussi à cœur de remplir leurs missions auprès des publics, d’une part en permettant la découverte d’artistes ou de labels ne s’inscrivant pas dans une ligne commerciale, et d’autre part en s’ouvrant peu à peu aux autres supports de la documentation musicale que sont les partitions, les livres, la presse spécialisée, les vidéocassettes, les CD-ROMS, …

L' »insertion » de la musique dans l’univers jusque là livresque des bibliothèques médiathèques a remporté un indéniable succès en rencontrant l’adhésion massive du public. Comme l’attestent les rapports publiés par le Ministère de la Culture, la musique est l’une des pratiques culturelles préférées des Français.

Mais les héros sont fatigués

En dépit de ces considérations, les discothécaires ne bénéficiant pas du prestige culturel des bibliothécaires ou historique des archivistes, semblent souffrir d’un problème d’identité au sein de leur médiathèque.

Cet état de fait est particulièrement visible à travers les messages que l’on peut trouver sur la liste professionnelle « discothecaires_fr » où il est quelquefois question de l’isolement du discothécaire, de la négation de sa spécificité ou encore de l’image peu valorisante dont il est victime. On retrouve ces problèmes plus ou moins explicités au gré de la littérature ou de la presse professionnelle.

Les raisons du malaise

Il s’agit d’une crise identitaire complexe dont les causes sont diverses :

- Tout d’abord, le domaine traité, la musique qui est très connotée aux notions de plaisir et de divertissement. D’où peut être et parfois un mépris sous-jacent de la part des collègues du support papier (et de la galaxie Gutenberg) contre ceux du support en polycarbonate (et de la galaxie Charles Cros).

- Le sentiment d’être dépassé, débordé, écrasé par la diversification des supports, par la multiplication des genres musicaux, par l’incessante actualité du disque, par l’explosion des demandes des publics ou encore par l’apparition des nouvelles technologies comme Internet.

- Le regret de ne pas avoir toujours reçu une formation complète en documentation musicale.

La formation en question

La question de la formation, voire d’une véritable professionnalisation, est récurrente à l’heure où la profession se cherche toujours et tente de s’organiser à travers le développement d’un secteur associatif actif et la création de ses propres outils discothéconomiques.

Les perspectives d’avenir

L’évolution nécessaire et souhaitée de la structure des discothèques en de véritables bibliothèques musicales constituées en pôles thématiques multisupports, révèle encore davantage le problème du déficit actuel de l’offre de formation en documentation musicale. Cette évolution annoncée remet également en cause la traditionnelle grille des connaissances et compétences nécessaires à l’exercice du métier de discothécaire.

Espérons que ce mémoire sera le point de départ d’un débat et d’une réflexion polyphonique ou concertante, harmonieuse ou dissonante pour sortir de cette étrange période de « blues » et de lamentations autopunitives.

Ce texte de présentation est une version remaniée par Nicolas Blondeau de l’introduction du mémoire