[communiqué] L’ACIM réagit face à la fermeture de la Médiathèque musicale de Nanterre.

  • Par administrateur
  • 12 octobre 2022
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L’annonce de la fermeture le 2 juillet 2022 de la Médiathèque musicale de Nanterre et la disparition de ses collections (Vinyles, CD, partitions, revues) à la Médiathèque Musicale comme à celle du Petit-Nanterre sont des signaux très inquiétants pour l’avenir de la place de la musique en bibliothèque de lecture publique.

L’ACIM, en tant qu’association professionnelle défendant la présence de la musique en bibliothèque, tient à exprimer son étonnement et son désaccord quant à une telle décision.


Structure identifiée de la musique en bibliothèque, la Médiathèque musicale de Nanterre avait fait preuve tout au long de son histoire d’un esprit d’innovation et d’adaptation aux secousses qui agitent les bibliothèques musicales en réorientant dynamiquement ses activités.

Cela rend cette fermeture d’autant plus incompréhensible et injustifiée même si elle semble l’aboutissement d’une longue dégradation des conditions de l’activité (baisse des effectifs, réduction des horaires d’ouverture,…). Aujourd’hui, c’est une collection de 40 000 documents et de nombreux services à destination des usagers qui disparaissent.

Ce choix nous semble une grave erreur, en effet, l’offre musicale en bibliothèque ne saurait se résumer à une ressource en ligne. Si la place des supports musicaux  (Vinyles, CD, partitions, revues)  pourrait être amenée à se réduire, leur présence reste pour l’instant la meilleure manière de matérialiser dans nos locaux une offre musicale hybride, c’est à dire mélangeant collections physiques et collections dématérialisées.

De plus, cette décision est contraire à l’esprit de la Loi Robert sur les bibliothèques territoriales :

Article 4 | L310-3 :

« Les collections des bibliothèques des collectivités territoriales ou de leurs groupements sont constituées de livres et des autres documents et objets nécessaires à l’accomplissement de leurs missions, tels que des documents sonores et audiovisuels. »

Article 5 | L310-4 :

« Les collections des bibliothèques des collectivités territoriales ou de leurs groupements sont pluralistes et diversifiées. Elles représentent, chacune à son niveau ou dans sa spécialité, la multiplicité des connaissances, des courants d’idées et d’opinions et des productions éditoriales. Elles doivent être exemptes de toutes formes de censure idéologique, politique ou religieuse ou de pressions commerciales. Elles sont rendues accessibles à tout public, sur place ou à distance. »

Ces articles fondamentaux font remonter au niveau législatif une notion « d’équilibre des fonds ». Ils s’imposent aux élus et à la hiérarchie administrative comme aux bibliothécaires. Le pluralisme prend la forme d’un devoir de « représentation » qui dépasse les demandes explicites du public. Il ne concerne pas seulement les idées notamment politiques ou religieuses mais aussi la production éditoriale. Le pluralisme est aussi culturel : ouverture aux genres et tendances présentes dans les productions éditoriales.

Nous pouvons également faire intervenir ici  l’article 7 de la Charte des bibliothèques qui dispose que : « Les collections des bibliothèques des collectivités publiques doivent être représentatives, chacune à son niveau ou dans sa spécialité, de l’ensemble des connaissances, des courants d’opinion et des productions éditoriales. »


Constatant une baisse de fréquentation et un vieillissement du public (à rapprocher de la réduction progressive des horaires d’ouverture en œuvre depuis plusieurs années), la décision de fermeture sans proposition alternative à court et moyen terme a été prise sans concertation ni des administrés ni des professionnels concernés, supprimant ainsi un établissement culturel, les postes des agents y travaillant, les documents constituant son fonds et le budget affecté à son fonctionnement.


 A l’heure où les collectivités territoriales connaissent des difficultés financières impactant forcément les bibliothèques, la musique en bibliothèque ne peut pas être considérée comme une variable d’ajustement pratique.


L’annonce, non suivie de faits à ce jour, d’une réorientation de l’activité vers l’accompagnement à la pratique musicale, la valorisation des pratiques amateurs du territoire semble non seulement très insuffisante mais aussi en totale contradiction avec l’annonce de la fermeture arbitraire de l’établissement qui pouvait le mieux l’incarner et dont l’équipe de professionnels avait déjà investi ces champs d’action.


L’ACIM tient également à apporter son soutien aux discothécaires de Nanterre qui sont brusquement affectés dans d’autres structures et sur de nouvelles missions.

L’ACIM appelle donc les élus de la ville de Nanterre à revoir cette décision en concertation avec la population et les professionnels. L’ACIM peut également fournir des éléments de réflexion complémentaire et se tient à la disposition de la Ville de Nanterre et de ses agents.

Pour l’Association pour la Coopération des Professionnels de l’Information Musicale,

Eva Alm, Anne Tricard, Dominique Auer, co-président.e.s

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