Le métier de bibliothécaire musical en Italie

  • Par administrateur
  • 1 décembre 2003
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Le métier de bibliothécaire musical en Italie

par Massimo Gentili-Tedeschi

Le patrimoine musical italien – surtout le patrimoine historique manuscrit et imprimé, qui est probablement le plus important du monde – est caractérisé par une extrême dispersion sur le territoire.

On trouve d’importantes sources dans les bibliothèques publiques de l’état et des institutions locales, dans les bibliothèques d’instituts d’instruction (des conservatoires, des autres nombreuses écoles musicales surtout municipales, des universités) et souvent dans bibliothèques de l’église ou privées.

Quant à l’audiovisuel, à part la Discoteca di Stato (l’archive sonore national), de nombreuses bibliothèques publiques ont une fonction très importante comme points de prêt ou ont développé des grandes sections de médiathèque. Je cite ici comme exemple la section musicale de la bibliothèque municipale de Milan, la médiathèque de Reggio Emilia et la médiathèque de Santa Teresa qui va être inaugurée à Milan dans le mois d’avril.

Grâce à l’importance de son patrimoine musical, dès 1986 l’Italie a développé une base de données nationale musicale spécialisée, parallèle au système bibliothécaire national SBN. Elle comprend aujourd’hui environ 500.000 enregistrements bibliographiques dont 170.000 manuscrits, 280.000 éditions de musique imprimée et 50.000 livrets. Il s’agit environ du 15% par rapport à la base de données nationale des livres. La base musicale ne comprends pas pour l’instant les documents sonores, mais on est en train de la fusionner avec la base libraire pour permettre de mieux gérer tous les documents musicaux et comme prototype pour les autres matériaux spéciaux (graphique, cartes, etc.). Plus d’informations peuvent se trouver sur le site de l’ICCU (Istituto Centrale per il Catalogo Unico, l’institut national des bibliothèques), http://www.iccu.sbn.it/basidati.htm#MUSICA.

Le métier de bibliothécaire musical en Italie est assez variable selon l’institution d’appartenance.

Aux conservatoires il s’agit d’un professeur ; au dernier concours national (1992-93) on demandait un doctorat en musicologie ou histoire de la musique et un examen écrit et oral. Mais la structure de la bibliothèque est celle de bibliothèque d’école, donc en principe il n’y a pas d’autre personnel, sauf que le conservatoire ne décide pas de donner quelque auxiliaire pour la distribution. Il faut dire que la reforme des conservatoires qu’on est en train d’achever la situation va probablement changer radicalement.

Dans les écoles de musique municipales la situation est parfois encore pire qu’aux conservatoires : le rôle du bibliothécaire n’y est pas plus que celle d’un distributeur. Aux bibliothèques universitaires le bibliothécaire et un administratif.

La structure des bibliothèques y est bien organisée, mais je ne sais pas d’aucun bibliothécaire spécialisé.

Dans les bibliothèques publiques de l’état le bibliothécaire est un « docteur » de n’importe quoi ; au dernier concours (1985) l’examen écrit et oral comprenait naturellement épreuves sur la connaissance du métier. Institutionnellement, il n’y a pas de figure spécialisée, mais il y a eu des cours de formation spécifique qui ont donné le titre formel de bibliothécaire musical à quelque collègue. Il y a néanmoins de collègues très bien préparés.

Les bibliothèques et les médiathèques qui dépendent administrativement des municipalités sont plus libres dans le choix du personnel. Souvent des titre musicaux (soit historique musicologiques, soit d’instrument) sont requis pour accéder aux postes de bibliothécaire spécialisé.

Mais aujourd’hui, avec la réduction du budget dans toute l’administration publique, beaucoup de travail surtout de catalogage, se réalise avec des projets spéciaux. Les associations ou coopératives qui participent aux concours commencent à avoir une certaine expérience dans la musique et à proposer du personnel bien préparé ; et d’autre coté les bibliothèques exigent que le travail soit conduit à un niveau très haut, s’agissant souvent de matériel ancien.

La formation du bibliothécaire à été en passé presque inexistante. Il s’agissait pour la plupart de licenciés en lettres, ou – dans le cas des bibliothèques d’institut d’instruction musicale – en musicologie ou histoire de la musique. Une école de bibliothécaire n’existe pas encore en Italie. Depuis quelques années il y a des facultés de patrimoine culturel (« Beni culturali ») ou peuvent se former des bibliothécaires documentalistes. En ce qui concerne une spécialisation musicale, à l’université de Lecce il y a un cours d’étude « indirizzo » de Musicologie et patrimoine musical (voir http://bbcc.unile.it) ; un pareil doctorat spécialisé se trouve à l’université de Florence, mais l’enseignement de bibliographie est tout à fait séparé des études musicologiques (voir http://www.lettere.unifi.it/facolta…) ; à l’université de Udine (siège de Gorizia) il y avait un cours pareil, mais il a disparu dans la dernière année en se transformant simplement en un seul enseignement dans un domaine plutôt musicologique, tel que des autres cours de bibliothéconomie ou bibliographie musicale dans des autres facultés (Turin, Cremona, etc.). L’Ecole de paléographie et philologie musicale de Cremona (Université de Pavia) a organisé en 1999 un Master de 700 heures pour la formation de bibliothécaires musicaux qui a achevé de très bons résultats.

A part l’enseignement universitaire, il y a plusieurs cours de catalogage sur le matériel musical adressés soit au bibliothécaires actifs (généralement de bibliothèque publique, qui se trouvent à cataloguer les matériaux sonores sans avoir aucune préparation à l’égard) ou aux jeunes catalogueurs destinés à être employés dans les projets spéciaux. La IAML Italia organise presque toutes les années des cours de ce genre, d’une durée variable de 18 à 140 heures.

En ce qui concerne la « visibilité » du métier, l’effort est surtout sur deux fronts : les matériels professionnels et la collaboration avec les collègues bibliothécaires.

Beaucoup de ressources sont disponibles en ligne sur la Italian Music Homepage : manuels de catalogage, instructions pour le catalogage en ligne, dictionnaires de terminologie, etc.

IAML-Italia a préparé son site web avec toute son activité.

Matériels imprimés sont publiés par l’éditeur La Bibliografica et par IAML-Italia.

En ce qui concerne la collaboration, les bibliothécaires musicaux sont engagés dans l’évolution du catalogue national des bibliothèques, soit pour en adapter la structure et le fonctions pour qu’elle puisse accueillir la musique (ce qui est un prototype pour le matériaux spéciaux – graphique, cartes, etc.), soit pour préparer la « migration » de la musique dans le catalogue général, soit dans des projets de catalogage et digitalisation en préparation de sites qui vont mettre le patrimoine italien disponible en ligne.

Une des initiatives de IAML-Italia la plus efficace et l’organisation, pendant le congrès annuel de l’association italienne des bibliothèques, d’une séance ou d’une entière journée dévouée aux problèmes concernant la matière musicale : droit d’auteur, le catalogage, la qualité, la digitalisation. Comptes-rendus sur le site de l’AIBM Italie

Avec l’ICCU, un groupe de travail de IAML Italia est en train de rédiger la partie concernent la musique des nouvelles règles de catalogage (RICA2) et un manuel de catalogage de la musique.

Finalement, les bibliothécaires musicaux (et pas seulement) italiens se sont engagés particulièrement en ce qui concerne l’évolution du standard UNIMARC pour les matériaux musicaux.

Massimo Gentili-Tedeschi est le chef de l’Ufficio Ricerca Fondi Musicali, le secteur musical de la Biblioteca Nazionale Braidense de Milan qui constitue depuis 1985 le catalogue de la musique. Dès 1978 il s’occupe d’automation dans le domaine des bibliothèques musicales et a ensuite participé activement à la création de la base nationale SBN-musica. Il a été vice-président de la IAML (International Association of Music Libraries, Archives and Music Documentation Centers) et est actuellement chef de la sub-commission IAML pour l’UNIMARC, du comité pour l’Information technology, webmaster et président du groupe italien, IAML-Italia. Il est même webmaster de la bibliothèque virtuelle Homepage della musica italiana