Compte-rendu RNBM 2012 : Atelier « Mutualiser les collections »

  • Par administrateur
  • 9 avril 2012
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Vous trouverez ci-dessous le compte-rendu de l’atelier « Mutualiser les collections » qui s’est déroulé durant les Rencontres Nationales des Bibliothécaires Musicaux 2012 à Montreuil le lundi 19 mars 2012.

Vous pouvez visualiser ce document en plein écran (en bas à droite de la visionneuse) ou le télécharger.

Intégralité du compte-rendu parYannis Adelbost :

1.    Dominique Hausfater, Le conservatoire de Paris – CNSMDP.
Expérience de partage des dons et mutualisation à la villette

1.1.        Don de partitions, CD, livres

Constat : le CNSMDP reçoit beaucoup de don, parfois en double.

Objectifs

 Intéressant pour des bibliothèques qui ne partent de rien.

 Volonté de créer des fonds de musiques imprimées hors de Paris.

 Les bibliothèques ont parfois peu ou pas de budget, le CNSMDP les a donc aidées :

  • o   BDP de Jura.
  • o   Guadeloupe
  • o   Prioriser des BM qui partent de rien

– Type de fonds :

  • o   Opéra : 800 partitions de « chant + piano » parfois en plusieurs exemplaires.
  • o   Pas de listes précises pour les partitions car beaucoup trop nombreuses.
  • o   Pour les vinyles, une liste existe car moins nombreux.

Comment bénéficier de ces dons de partitions ?

Il faut poser des questions précises sur ses demandes : en pédagogie ? Pour quels genres ? etc.

Projet de Numérisations à la médiatheque du CNSMDP

 Il est important de savoir actuellement qui numérise quoi, à l’échelle nationale, et au-delà pour éviter les redondances. Il semblerait qu’aucune structure ne coordonne ce type d’information.

 Exemple : Pour l’opéra français, la médiathèque du CNSMDP a commencé à numériser pendant un an et demi jusqu’au jour où un projet similaire avait été mis en ligne par une autre structure. Le projet a donc été arrêté.

– Une participante de l’atelier a rappelé qu’il existait un site regroupant des projets de numérisation à l’échelle nationale. http://www.numes.fr/numes/mainMenu.html;jsessionid=6F6FFFB362FD2E295B6F19D080CC71D0

 D’autre part, les bibliothèques en ligne de partitions propose des collections de plus en plus riches : L’International Music Score Library Project (IMSLP) avec environ 150 000 partitions de 7 000 compositeurs.

 D’autres exemples de projet de catalogage ou de numérisation ont été expliqués par les bibliothèques de Marseille et de Lyon. Se posent de nouveaux problèmes archivistiques de l’ordre du patrimoine. Mais pour des bibliothèques de lecture publique plus modestes la question se pose moins. Il faut prioriser les partitions utilisables directement pour une pratique de jeu ou d’écoute musicale.

Les projets de catalogage ou de numérisation, parfois titanesques, sont de plus en plus difficiles à réaliser avec des budgets et des effectifs restreints.

– La BMVR de Marseille avec :

  • o   Le fonds appelé « la complète de Radio France » donnée il y a 20 ans à l’association « Cité de la musique de Marseille ». En 3 ans, un millier de documents sur 60 000 ont été catalogués sans pouvoir utiliser les notices de la BNF peu satisfaisantes. Le travail fut très long.
  • o   L’Opéra de Marseille aurait environ 20 000 partitions historiques. Ces derniers souhaitent les valoriser depuis de nombreuses années grâce à la bibliothèque de Marseille mais dans quelles mesures cette dernière pourrait réaliser un travail aussi important de catalogage voire de numérisation. Ces partitions ne seront par exemple jamais exploitées pour une pratique musicale. Qui doit donc faire ce travail ?

 Simon Cane (BM Lyon) explique le travail en cours avec le fonds dit « France 3 » dont la valeur non négligeable a déjà été étudiée lors d’un groupe de travail dont faisait partie Christian Massault (médiathèque départementale de la Loire). Le travail est également très long et très compliqué : 

  • o   78 tours : 12 000 environ, déjà tous catalogués.
  • o   33 tours et 45 tours : une quarantaine de milliers qui sont en cours de catalogage depuis 20 ans environ
  • o   De nouvelles problématiques de catalogage sont apparues. Les bruitages par exemple ne peuvent pas être catalogués en UNIMARC. Une élève de l’ENSSIB étudie en ce moment les méthodes d’archives en EAD.
    Exemple : L’enregistrement audio d’une Citroën 2 CV qui démarre en pente.

1.2.        Exemple de Partage de compétences sur le bassin de la villette

Médiathèque CNSMDP + Cité de la musique + CDMC musique contemporaine

Brochure synthétique « Trois centres de référence sur la villette » 

Cette brochure rassemble

 Les spécificités des fonds et domaines couverts

 Les services complémentaires

– les informations pratiques (horaires)

Catalogage sur le même logiciel

 Interopérabilité possible

 Le public a l’habitude des 3 catalogues

Portail commun sur la musique contemporaine

http://www.musiquecontemporaine.fr/

 Le site « Portail de la musique contemporaine » est édité par le Centre de documentation de la musique contemporaine (Cdmc), association régie par la loi 1901, en partenariat avec :

  • o   La Cité de la musique
  • o   Le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris
  • o   L’Ensemble intercontemporain
  • o   L’Institut de recherche et coordination acoustique/musique
  • o   La Médiathèque musicale Mahler

 Ce portail permet une recherche fédérée sur les catalogues des 5 structures.

1.3.        Mutualiser les ressources numériques d’information sur la musique

 Une rencontre a été organisée le 18 novembre 2011 au sein du CNSMDP sur le thème : « Partager les ressources électroniques d’information sur la musique» 

 Le schéma LMD  mis en place en 2004 pour harmoniser les diplômes d’enseignement supérieur en Europe  concerne en France, pour la musique, 25 universités, les deux CNSMD, certains CRR, les Céfedem et les CFPM. Que ce soit au niveau de la licence, du master ou du doctorat, l’accès aux ressources documentaires numériques est d’une importance essentielle.

 Contrairement aux pays anglo-saxons et à l’Allemagne, les universités françaises sont, de ce point de vue, très mal dotées dans le domaine musical. Très peu d’entre elles proposent à leurs usagers un panel complet de grandes bases d’informations sur la musique (Oxford music online, RILM, JSTOR…).

 Le coût d’abonnement annuel à ces bases est élevé et certainement dissuasif pour les CRR et les Céfedem. Actuellement, seules les bibliothèques des deux conservatoires nationaux supérieurs de musique et de danse, Lyon et Paris, offrent à leurs lecteurs toutes ces bases de données. Il faut insister sur le fait que le problème n’est pas uniquement financier mais relève également de la méconnaissance de certains outils.

 Avec le consortium COUPERIN, les universités disposent d’un outil d’expertise et de négociation des ressources documentaires électroniques qui pourrait être développé au profit des ressources musicales.

 Il semble donc indispensable et urgent d’engager un processus de travail avec l’ensemble des acteurs concernés pour détailler les besoins et l’état actuel de l’offre, et élaborer des scénarios pour mettre en œuvre des solutions.

2.    Christian Massault, Médiathèque départEmentale de la Loire.
Exemple de mutualisation d’un fonds de partition à partir de l’existant.

2.1.        Etat des lieux

 600 titres de partition environ.

 Pourquoi un chiffre aussi faible sur le département ? « parce qu’il n’y aurait pas de demande » répondent certains collègues locaux. De plus les achats de partitions dépendent des reliquats de budget souvent inexistant.

Mais il faut rappeler que de nombreuses structures locales possèdent des partitions :

 Les centres polyphoniques

 Batterie-fanfares

Harmonies

 Art lyrique, etc.

2.2.        objectifs

 La Bibliothèque départementale a la maitrise du SIGB et du catalogage.

 Une formation des collègues au format de catalogage peut s’envisager.

 Ils vont apprendre à gérer leurs fonds, le faire tourner dans le cadre d’un projet pédagogique plus large.

 On accompagne ainsi les collectivités à développer le service de lecture.

 Les réseaux doivent être identifiés : conservatoires, harmonies, batterie-fanfares, chorales, etc.

 Intégrer des milliers de partitions qui dorment ou meurent.

 Chaque structure conservera la propriété de la partition.

 Projet en cours donc pas encore de visibilité.

2.3.        Autres projets de mutualisation dans la Loire

 Le Trente est un investissement d’envergure dédié aux pratiques culturelles. Réunir dans un même bâtiment un conservatoire de musique et de danse et une médiathèque dessine les lignes de force de ce nouveau pôle culturel viennois : la culture musicale et les nouvelles technologies, une mission à la fois culturelle et sociale.

 Le but est de faire du Trente, un lieu de référence dans les domaines de la connaissance et de l’expression artistique.  www.letrente.fr

 Il faut noter que la création d’un pôle culturel qui réunit physiquement une médiathèque et un conservatoire ne peut que pousser vers le partage.

3.    Arsène Ott, Médiathèques de la ville et communauté urbaine de Strasbourg. Réseau et mutualisation des collections réussi ?

3.1.        Contexte

Réseau des médiathèques de Strasbourg = 29 bibliothèques
dont le réseau de la carte Pass’relle
http://bms.strasbourg.fr/Carte_r%C3%A9seau.html

 500 000 habitants environ

 Niveau de réseau

  • o   1er niveau  = quartier de Strasbourg
    • §  Retours quotidiens
  • o   2ème niveau = les communes
  • o   3ème niveau = maillage sur le territoire, 20 km autour de Strasbourg

 1 seule carte pour emprunter dans tout le réseau

  • o   Pour les communes à 20 km, le quota d’emprunt est plus grand.

 L’offre est ou sera véritablement une aubaine.

 André Malraux = centre-ville de Strasbourg avec

  • o   Fonds patrimoniaux
  • o   10 000 mètres linéaire de stockage en magasin.
  • o   Une réserve vivante.

 Prêt indirect pour l’instant sur ce magasin : Il n’y a pas encore la possibilité de réserver via le portail mais par l’intermédiaire d’un bibliothécaire. Il y a donc un échange humain sur des « niches musicales».

3.2.        développement du service dans le futur pour réussir la mutualisation

 Il faudrait augmenter le nombre de postes de « messagers » qui sont pour l’instant deux.

 Pour pouvoir répondre à la demande de prêt d’un album de musique situé à Strasbourg, et l’amener directement dans la commune.

 Fusion de base pour un outil commun.

 Equipement RFID pour traiter de la même manière l’ensemble du réseau.

 Mutualiser certains efforts de travail dans chaque établissement au moins une fois par an.

3.3.        Y a-t-il eu des blocages de certains maires de la C.U.Strasbourgs ?

 Sur les 30 communes, une commune résiste encore aujourd’hui.

 Certains maires ont eu une politique d’observation pour voir comment cela allait fonctionner avant de s’engager.

 Le problème aujourd’hui est que les petites communes participent financièrement aux acquisitions et au fonctionnement de la plus grande médiathèque située en plein cœur de Strasbourg. Ceci peut pour l’instant poser quelques questions.

 Dans les 3 à 5 années à venir, il faudra pouvoir proposer à tous les abonnés du réseau le même accès et le même traitement.

 Pour l’instant, les véritables contreparties se situent au niveau de l’action culturelle mais l’appui politique permettra de développer les autres mutualisations.

3.4.        Echanges et retours d’Expérience avec les bibliothèques présentes

 Les problématiques des réseaux de bibliothèques intercommunales (agglo, etc.) et départementales sont de plus en plus proches. La politique documentaire doit désormais se faire à partir d‘un territoire et pas seulement à partir d’une collection figée. La circulation des documents est donc une problématique de plus en plus importante pour les BM et leur réseau.

 Pour la circulation des documents, les problèmes de navettes ont été abordés pour expliquer qu’il faut y mettre les moyens et du personnel conséquent.

 Les magasins des bibliothèques centrales stockent beaucoup de titres (50 000 CD à Marseille par exemple), il faut pouvoir les rendre disponible rapidement à tous les habitants d’un réseau, ce qui n’est pas toujours évident.

 De plus le taux de rotation évolue considérablement entre un document en magasin et en rayon. Il est donc difficile de valoriser cette partie de la collection.

 Néanmoins, l’offre ne créé pas toujours la demande. Il est difficile de développer certains fonds dit « savants » sur des bibliothèques dont le public ne répond pas présent. Malgré des actions culturelles dynamiques, certains genres continuent d’être boudés et le déserbage est inévitable. Les magasins des « centrales » les récupère au final.

 En ce qui concerne le catalogue commun, certaines bibliothèques le proposent dans la mesure où le SIGB et les logiciels sont les mêmes sur le réseau (Plaine centrale – 94, Plaine Commune 93, Réserve Centrale de Paris, etc.). C’est une étape importante dans la mutualisation.

 Les politiques d’acquisition ne se font pas toujours ensemble. Mais l’idée d’un « socle commun des incontournables » semble faire l’unanimité même s’il reste la question du nombre d’album par mois et le nombre de chaque exemplaire dans chaque bibliothèque. Les budgets sont également très variables d’une collectivité à une autre, ce qui explique certaines disparités.

Certaines communes en réseau regardent d’abord si un CD n’existe pas déjà dans les autres avant de s’engager, pour des CD rares ou peu demandés par exemple. (Ex : Plaine centrale)

 Certaines ont fait le choix de baisser le nombre d’exemplaire des albums de RAP très demandés par exemple, pour travailler d’avantage sur la valorisation d’autres titres. (Agglo aéroport du Bourget)

 Les raisonnements de mutualisation sont bons mais il faut éviter au maximum que cela se fasse au détriment de l’offre.

 Les cartes communes sont un bon début de mutualisation mais il faut franchir rapidement le cap d’une collection commune pour proposer aux habitants une offre plus intéressante (Exemple à Oullins qui part d’aucune collection)

 Les réservations possibles sur un même portail Web est un service qui permet une égalité de traitement (Plaine Commune 93, Réserve centrale Paris)

3.5.        A l’étranger, Hollande et Finlande

 Mutualisation et portail nationaux.

 Budget réduit de 20 %

3.6.        Et le prêt interbibliothèque ?

Il ne semble pas être utilisé beaucoup à cause de nombreux freins psychologiques. Les bibliothèques auraient du mal à laisser partir un document sans savoir s’il sera retourné en bonne état par exemple.

4.    Matthieu Lechevallier, Sonothèque Haute-Normandie
Féderer et diffuser un fonds local en ligne

4.1.        Contexte

 Asso6sons : Structure associative qui organise des concerts, gère des studios, accompagne des projets, gère un centre de ressources et fond documentaire lié aux projets. Situé à Boblec en Haute Normandie.

 A force de recevoir des CDs, ils ont voulu monter un lieu identifié sur les musiques actuelles mais à BOLBEC cela n’a pas pris avec la bibliothèque et peu intéressant hors des grandes agglomérations.

 Après discussion avec différents acteurs dont la DRAC, un projet de numérisation est né grâce à la subvention du Ministère de la Culture.

 Le projet consiste à valoriser le patrimoine et la scène actuelle avec une conservation des œuvres.

 Au début du projet les albums n’étaient pas mis en ligne avant 3 ans car l’accès gratuit et sans limitation pouvait nuire aux ventes.

 Finalement tous les groupes ont voulu être en ligne avec l’album en écoute directement pour leur permettre de se faire connaître.

4.2.        Choix des artistes et genres

 Musiques actuelles : fin des années 50 jusqu’à nos jours.

 Pas trop de Jazz, un peu de musique traditionnel à développer. La question de la musique classique ne s’est pas encore posée.

– Choix des artistes très subjectif :

 Little Bob est présent car il a une histoire sur le territoire (engagement contre la fermeture du Cabaret electrik)

 Vincent Delerm n’y est pas dans la mesure où il est vite parti sans contribuer à une histoire commune.

4.3.        Portail Web et versions

 V1 : Sept 2010 en ligne

 L’idée était d’être exhaustif

 Possibilité d’écouter et de savoir où se trouvent les albums (bibliothèque, boutiques, etc.)

 Une sorte de Wikipedia régionale de la musique

 Format MP3 128 KBITS volonté de ne pas mettre de la qualité CD pour inciter à acheter l’album

4.4.        Partenariat en cours de discussion avec les médiathèques

 Au-delà de la numérisation, il faudrait réfléchir à une articulation plus globale, Exemple :

 Collection commune ou prêt numérique avec les bibliothèques

4.5.        Droits d’auteurs pour la diffusion en ligne

 CAS 1 = L’artiste sociétaire SACEM =
on peut le mettre en écoute « contrat d’écoute à la demande »
A chaque écoute = 0.007 €/écoute

Année 2011 = 20 000 écoutes dans l’année sur 1000 disques => 140 € environ

Pourquoi ne pas être un service d’archive donc subventionnés ?

 CAS 2 = Artiste Creative common, au cas par cas selon licence

 CAS 3 = Artiste sociétaire nulle part. Il faut donc faire la demande à chaque artiste ce qui est très long. La prochaine version du portail proposera donc l’album en visibilité mais sans écoute pour permettre de retrouver plus facilement les ayant-droits.

4.6.        Droits des producteurs existants

 95% des albums numérisés sont en autoproduction.

 Rarement en maison de disque ou label.

 Pour ces derniers, ils sont en cours de classement pour des négociations plus tard.

 Il n’y a pas de gestion collective sur Internet pour la SCPP ou SPPF

  • o   La licence globale pourra peut-être résoudre cela.
  • o   Deezer fait par exemple des avances phénoménales.

4.7.        Droits des producteurs disparus

 ¾ des maisons de disques des années 80 ont disparu donc aucun droit à payer.

4.8.        Droits des archives et exception

 Suite à des discussions dans des groupes de travail, la sonothèque pourrait peut-être bénéficier un jour de l’exception du droit d’auteurs avec une diffusion pour des missions bien précises « Patrimonialisation de la musique actuelle »

4.9.        Frais

 Hébergement mutualisé avec une bande passante assez importante.

 Mp3 128 kb/s. Cette faible qualité est donc loin du CD en vente.

 Peu de frais de numérisation.

 Le MCC aide en 2011 + 2012.

 L’Europe va également financer le projet en 2012.

 La région commence également à s’y intéresser.

Si le projet meurt pour des raisons économiques ou autres il restera toujours un disque dur avec cette musique numérisée.

4.10.     Evolutions

 Prescription avec algorithme de recherche pour trouver d’autres artistes en relation.

 Plus collaboratifs pour avoir des infos précises sur les artistes.

 OIA PMH interopérable